Sur de nombreux blogs et publications révélateurs de la pensée, des Européens pacifiés se laissent entraîner par des représentants de l'islam dans un débat inapproprié. Ces derniers cherchent presque systématiquement à le définir comme religieux. D'autre part, beaucoup s'imaginent à tort que l'islam serait fondamentalement différents des autres religions parce qu'il ne se circonscrit pas à la sphère privée, comme si ce principe le rendait essentiellement différent du christianisme. Le débat qui oppose les deux méga groupes a priori définis par leur religion, islam et christianisme, reste stérile quand il puise ses arguments sur les valeurs intrinsèques prêtées aux deux systèmes
Souvent, des Européens pensent que la confrontation entre les cultures et les religions est plus authentique si elle ne se contente pas de décrire les phénomènes comportementaux des antagonistes. Elle devrait en effet pour eux s'appuyer sur les textes religieux. De la sorte, lorsque des musulmans leur reprochent plusieurs siècles plus tard la conquête ou Reconquista de l'Espagne ou de la France, avec la bataille de Poitiers, et qu'ils se montrent lésés et décidés à les reprendre, en arguant que leur religion n'est pas plus cruelle que celle qui sert de toile de fond au monde occidental, les bons républicains cherchent à prouver le contraire, en essayant d'expliquer l'avantage du christianisme sur l'islam sur le plan humain.
La discussion est alors engagée dans une voie sans issue, puisque les exactions des Catholiques d'Isabelle de la même appartenance n'ont rien à envier en cruauté au jihad islamique. On pourrait sans se tromper parler d'un jihad catholique. Inutile de citer des fragments de texte qui montreront combien la religion véhiculée par le dit «Nouveau testament» est ouverte, renonce à la lapidation et aux interdits alimentaires, etc. L'adjectif inclus dans le nom du testament en question indique fort bien l'aspiration à effacer ceux qui font de l'«Ancien» un texte très actuel. Si on reste sceptique, on peut tout simplement consulter l'opinion de Rome sur la légitimité du retour d'Israël en ses frontières (voir; Le synode, une très vieille rancune).
De plus, l'histoire de l'Europe et de l'islam est jonchée de guerres de conquêtes et de soumissions. C'est le plus fort qui gagne, et la répartition géographique aujourd'hui entre pays musulmans et pays occidentaux en est la conséquence directe. La notion d'infidèles prévalait dans les deux camps, et les sujets de nouvelles terres conquises étaient soumis à la religion du vainqueur.
Mais ce piège rhétorique n'est pas dépisté. Il faut bien reconnaître aujourd'hui que le conflit entre les deux civilisations ne dépend plus des différences qui pourraient exister ou non entre les deux systèmes religieux. L'un comme 'autre s'immisçaient profondément dans la vie familiale, économique et culturelle des masses populaires. Aujourd'hui, la guerre ne se situe plus sur le plan de la conflictualité des cultes. Le citoyen du monde libre qui assume sa civilisation, à l'opposé d'un citoyen naturalisé non par identification mais par opportunisme, éviterait de perdre du temps s'il répondait: «Vous avez raison. L'islam comme le christianisme sous ces différents dérivés écrasent la dignité humaine, mais ce n'est pas ce qui vous oppose à nous».
L'Europe occidentale a depuis plusieurs siècles quitté le chemin de la guerre. Les deux guerres mondiales, ou encore les campagnes napoléoniennes n'étaient pas des guerres de religion. Le plus grave, c'est que lorsque l'habitant autochtone du monde libre veut vérifier s'il est réellement agressé ou s'il n'en a que l'impression, il réfléchit en termes de notions qui se rattachent aux guerres de religion moyenâgeuses. «Le musulman est-il dirigé par un chef armé qui vient m'attaquer? Est-il le citoyen d'un pays qui me déclare la guerre?» A la rigueur, il se demandera encore s'il a en face de lui un terroriste potentiellement armé à tous les sens du terme. «Est-il porteur d'une bombe ou d'un fusil mitrailleur, ou risque-t-il de s'en procurer? Est-il animé de mauvaises intentions à mon égard?»
L'hypothèse du conflit est d'emblée rejetée, car même quand des gangs armés inquiètent les autorités, la vigilance se rendort, comme dans l'affaire de Toulouse, sachant que ces armes ne sont pas à première vue destinées à s'en prendre aux Juifs, aux Occidentaux, ou aux «traitres» ayant pactisé avec eux. Elles entrent dans le cadre «normal» d'une criminalité de droit commun, au même titre que le recel, la drogue ou le braquage. Le citoyen libre n'est donc absolument plus à même de penser en termes stratégiques, ou de se dire qu'une nouvelle guerre se fait insidieusement, sans armes, par invasion piétonne ou motorisée, non plus par des militaires mais des par des civils qui peuvent s'en passer et occupent la place en chassant le premier occupant d'une manière légale, légalisée ou qui reste clandestine. (Voir: Une guerre sous anesthésiant).
De surcroît, la liberté, l'égalité et la fraternité ont été si bien assimilées par l'esprit du citoyen honnête qu'il finit, par excès de tolérance et absence totale de suspicion, par considérer que la nationalité française, anglaise ou belge, n'est qu'une affaire de papiers. L'étape suivante consiste à considérer que la naturalisation n'est pas assez importante – puisqu'il ne s'agit que simples papiers sans valeur réelle – pour empêcher à un individu de prendre les rênes par le vote. Certes, il faut bien reconnaître qu'un pays comme la France s'est largement construit d'immigrations successives, mais le caractère d'un pays n'est pas seulement forgé à partir de la bonne volonté du dit pays. Il dépend aussi considérablement de l'attitude de l'immigrant, et c'est elle qui fera toute la différence. Il ne faut pas mépriser son sentiment. S'il aime le pays dans lequel il est accueilli, même s'il peut naturellement ressentir une nostalgie d'intensité variable de son pays natal, il s'intégrera sans problèmes. Et même s'il peut ressentir une certaine rancœur vis-à-vis de gens mieux installés que lui après son arrivée, ses enfants feront partie intégrante de la nation. Quant aux Juifs qui se savent en exil, ils savent aussi en principe se montrer reconnaissants envers les pays d'accueil à l'épanouissement desquels ils contribuent largement, et monteront en Israël en gardant toujours un sentiment bienveillant envers le pays qu'ils auront quitté.
Mais lorsque l'immigrant est animé d'un sentiment de haine, de mépris voire de conquête, et qu'il déclare, profitant de la liberté d'opinion et d'expression: «Nous allons utiliser la démocratie comme une arme contre vous», il faut se garder de se montrer condescendant et attendri en se disant: «Bof, ça lui passera, le temps qu'il s'imprègne de la langue et des avantages inégalables que confèrent à tous les points de vue le système démocratique, il se mettra lui-même à rire en se demandant comment il avait pu penser comme ça».
Car il s'agit, une fois encore, d'une forme moderne de guerre paradoxalement véhiculée par des civilisations bloquées avant le moyen-âge. Certains principes proclamés haut et fort par les conventions et déclarations sur les droits de l'homme sont généreux a priori mais inapplicables dans un contexte réel. Même les tribunaux internationaux établis pour traiter de crimes de grande envergure, qui devraient partir d'une bonne intention, pour l'ex Yougoslavie ou le Congo, ou plus généralement la CPI, s'embourbent pendant des années en raison des amendements toujours remis en question et réactualisés en fonction des cas de figure. Ces instances craignent en effet d'établir un verdict hors contexte, et préfèrent se préserver d'inclure la peine de mort dans leurs options ou des peines excédant trente ans, sans compter que les peines ne sont pas cumulables, ce qui peut donner des résultats surprenants. En l'occurrence, toutes les chartes des droits de l'homme sont d'accord sur le fait que tout individu a le droit de vivre où bon lui chante sur la surface de la planète. Techniquement, il faut tout de même être équipé d'un passeport et même souvent d'un visa, justifier par des raisons tangibles la volonté d'être accepté dans un nouveau pays. Mais si une population d'un milliard d'habitants émigre pour n'avoir jamais su exploiter rationnellement les ressources de sa région et ruiné leurs pays, et se met à se déplacer massivement, à pied ou dans toutes sortes d'embarcations, selon les conditions géographiques, pour submerger des Etats qui ont mis des siècles à se construire socialement et économiquement, il faudrait peut-être alors penser à un alinéa garantissant le droit des civilisations qui se sont prises en charge à préserver leurs acquis.
Donc, le conflit qui oppose la société islamique à la société chrétienne n'est que rhétorique, car ce n'est absolument plus une question de religion pour l'Europe. Les pouvoirs moyenâgeux occidentaux se servaient de la religion pour interdire aux peuples de penser et d'évoluer exactement comme l'islam le fait aujourd'hui pour annihiler toute volonté de développement. Il suffit de se rappeler le danger encouru par les observateurs qui ont constaté que la terre est ronde. Si la civilisation occidentale est si attractive aujourd'hui, et que les mouvements migratoires humains s'inscrivent quasi exclusivement dans un mouvement de convergence vers l'Europe ou l'Amérique du Nord, c'est dû précisément au fait que la religion imposée jadis à ces civilisations qui n'avançaient pas plus au niveau du respect de la personne humaine que de l'essor scientifique et économique, a été supplantée par la laïcité et/ou réduite au cercle privé.
En ce qui concerne les religions, islam et christianisme, la différence ne se situe pas sur le plan de l'essence, mais de la forme. Or, les islamistomusulmans refusent catégoriquement de renoncer comme les Européens à la religion qui leur a été imposée par toutes sortes de conquérants, ou de la réduire au cercle de la vie familiale ou paroissienne, dans le sens où cette dernière ne déborde pas au-delà des murs du lieu de culte. Cette attitude expansive, à laquelle ont renoncé les chrétiens mais pas les islamistes, n'est pas seulement gênante pour les pays d'accueil forcé, mais pour tous les ressortissants de pays dits de développement qui veulent tourner la page et profiter du progrès socioculturel européen, mais qui sont rattrapés, menacés voire soumis à des congénères qui s'expatrient jusqu'aux pays libres pour y charrier leur système totalitaire, et répandre le crime dans toute son horreur.
Ce ne sera que lorsque cette nuance de taille sera bien comprise que les pouvoirs européens auront la volonté et a détermination d'étendre la séparation de l'Eglise et de l'Etat à la mosquée. Une fois encore, il faut sortir des anciens systèmes de pensée. Ce combat n'est pas réservé à 'extrême droite et contrée par la gauche, qui peut s'avérer plus nocive que la précédente, lorsqu'elle laisse les extrémistes passer de la parole au crime. Là encore, l'impossibilité générale de raisonner sur le danger de la gauche radicale dérive de la stratification des mentalités dans les anciens dangers d'une extrême droite identifiée encore aux royalistes qui ont tenté de remettre en cause les acquis de la Révolution ou des problèmes de l'Allemagne nazie et de l'Italie fasciste. On oublie que la gauche ne lutte plus aujourd'hui pour les droits des couches les plus pauvres des populations indigènes, mais lèse au contraire ces dernières au profit des populations montantes qui risquent, si elles n'adoptent pas la mentalité des pays d'accueil, de les faire sombrer come leurs pays d'origine.