
La désinformation sert de base à la guerre contre les Juifs. Elle
se présente sous deux formes. La première est bien connue des habitués aux journaux radiophoniques ou télévisés. A la guerre du Liban comme depuis l'abandon de la bande de Gaza aux terroristes,
les souffrances endurées par les civils israéliens ne valent pas la peine d'être portées à la connaissance des auditeurs, ni même les victimes, pour ne pas parler des dégâts matériels. Quand un
terroriste se fait éliminer en flagrant délit de bombardements, les médias ont l'habitude de titrer: «Tsahal tue un "Palestinien"» ; tue, sous-entendu pour la sport : et "Palestinien",
sous-entendu habitant autochtone et légitime. La seconde, et on y fait moins attention, passe par le cinéma. Il est vrai qu'elle ne présente pas des faits en les déformant, ou en ne présentant
que le côté des ennemis d'Israël dans une situation donnée. Elle présente tout simplement les Juifs en ne montrant que le côté le plus abjecte des plus vulgaires d'entre eux, sans hésiter à
inventer s'il le faut des situations dans lesquelles les Juifs sont présentés comme un véritable péril. Bien sûr, la moquerie et la dérision sont au rendez-vous pour mieux déjouer l'attention de
l'observateur.
Cette guerre de dérision se retrouve dans les générations les plus anciennes. Des cas sont cités dans le Tanakh. Le premier groupe à se moquer d'Israël, dès qu'il accède à sa dimension nationale, est celui des Amalécites, qui ne sont pas pour rien décrits dans le texte biblique comme les «prémices des nations». Ce groupe est le premier à s'attaquer au peuple d'Israël à sa sortie d'Egypte, anéantissant ainsi tout le respect éprouvé par toute la planète qui avait profondément appréhendé et ressenti l'intervention divine dans l'histoire d'un monde sortant de son époque de tohu-bohu, et ne pouvant plus dès lors trop se sentir livré à lui-même. Le Midrash compare le respect et la crainte des nations envers le peuple sorti d'Egypte à l'effet d'une baignoire bouillante. Personne n'ose s'y tremper, mais il suffit qu'une seule personne prenne le risque pour que l'eau soit déjà moins chaude. Ensuite, échauffées par les Amalécites, d'autres nations plongent. Amalek, qui n'a absolument pas voulu prendre au sérieux cet événement de premier ordre, peut se considérer comme le premier antisionisto-sémite, car il refuse en même temps l'idée de la religion juive, avec le don de la Torah qui représente le premier objectif de la sortie d'Egypte, et celle du sionisme, ou de la présence juive à Jérusalem, second objectif de cette libération qui s'associera au premier de sorte que ces deux aspects de la finalité du départ du peuple juif du sol de l'exil égyptien fusionnent pour que «de Sion sorte la Torah et la parole de D. de Jérusalem».
Considérons un autre exemple de sens aigu de la plaisanterie, où entrent en scène des Ammonites boutentrains. Leur humour cordial les inspire tant qu'ils s'autorisent à raser la moitié de la barbe des envoyés de David venus présenter à leur nouveau roi ses condoléances. Cet humour ammonite cinglant (voir II Samuel 10, 4), doit avoir un effet désopilant titillant les nerfs zygomatiques pour en faire bouger l'apophyse de plus d'un antijuif, mais il est cependant permis de comprendre que tout le monde n'apprécie pas cet humour et que les victimes de la plaisanterie aillent se cacher jusqu'à ce que leur barbe repousse. On peut aussi ne pas s'étonner que la Ammonites, riant jaune tout d'un coup, appellent les Syriens en renforts par peur de possibles représailles.
Plus tard, pendant le long exil d'Edom, la moquerie contre les Juifs est en vogue, tout autour de la méditerranée. Au moyen âge européen, on promulgua l'obligation du port de la rouelle ou autres accoutrements ; en zone islamique, les Juifs n'avaient pas le droit de monter à cheval mais seulement sur un âne. De telles mesures s'apprêtaient mieux à leur ridiculisation qu'une égalité des droits vestimentaires et locomotifs, qui aurait attristé beaucoup trop de monde. Si Certains accoutrements peuvent entraîner le rire, on peut se rendre aujourd'hui ridicule en s'affichant en public dans une drôle de voiture, qui se distinguerait par la forme ou la couleur. Quand on ne roulait pas en voiture, le moyen de locomotion qui prêtait le mieux à rire était l'âne. Cet animal, que ce soit ou non justifié, est assimilé à la bêtise au point que son nom, dans de nombreuses langues, en a formé le premier synonyme. En interdisant le cheval au Juif, certaines civilisations ont voulu faire de lui au regard de l'homme ce que l'âne est au cheval, c'est-à-dire une caricature ; le Juif serait donc à l'homme ce que l'âne est au cheval, une copie grotesque. La différence entre le rapport de l'âne au cheval en Afrique et celui du singe à l'homme dans certaine théorie européenne est que le premier propose une exposition «en parallèle», en simultané, alors que le second opte pour une présentation «en série», linéaire ou chronologique.
Un nouvel essor désopilant est offert à des foules moroses en quête de distraction avec le cinéma qui, reconnaissons-le, est une aubaine pour une grande diffusion. Un certain film*, encensé par les critiques, composé de plus de 600 plans, a fait plus de vingt millions d'entrées, et a même, sauf erreur, obtenu le Lion d'Or en Italie. Tous les stéréotypes associés aux Juifs entrent en scène. Physiquement, leurs cheveux sont négligés, brillants de crasse, et ils gesticulent en toutes sortes de mimiques caractéristiques des profonds défauts dont leur environnement général les affuble. Au niveau du caractère, le principal héro est rusé, hypocrite et flatteur pour mieux escroquer le riche en difficultés qu'il s'est choisi pour proie. Il feint de ne pas comprendre pourquoi on lui fait des problèmes pour mieux lui faire sentir qu'il se rangerait ainsi de son côté. Les Juifs sont présentés avec un drôle d'accent, soit inspiré de certains milieux juifs réels, soit pédant et rehaussé d'expressions singulières ou étrangères pour impressionner leurs interlocuteurs par leur niveau d'instruction qui les laisserait loin derrière eux. Sur le plan des mœurs, ils sont sans pudeur et sans vergogne pour assouvir des besoins impulsifs en usant de culot, de séduction et d'incorrection pour donner libre cours à des besoins sexuels irréfrénés en abusant ou en forçant la main de maintes femmes, libres ou non. On les montre aussi sous un angle extraverti, prétentieux et volontiers bruyant. Bien entendu, on peut relever également un certain antiféminisme dès que certaines jeunes femmes se complaisent au bras de «héros» dépeints comme de vils pervers dans certaines scènes du film.
Serait-ce pourtant l'attitude que le judaïsme exige de ses fidèles? A en croire cette forme hautement attractive de cinéma, on pourrait le croire en effet. Si nos Sages signifient que les traits de caractère qui doivent définir le Juif sont l'humilité, la miséricorde et la charité, le tapage médiatico culturel d'une certaine forme de cinéma impose une vision du Juif aux antipodes de ce qu'exige sa tradition. Pourtant, les traits de caractère définis par la tradition rabbinique font réellement partie du caractère national juif, puisque Tsahal est la seule armée au monde à ne pas s'adonner à la razzia, viol et pillage, de populations ennemies soumises. Mais en admettant, pour ne faire de généralités, ni dans un sens ni dans l'autre, qu'il existe dans le monde juif effectivement des personnes dont l'attitude est relâchée et impulsive, ce n'est pas au judaïsme qu'il faut l'imputer, mais au contraire à un éloignement plus ou moins prononcé de ses valeurs. De plus, la forme de cinéma qui nous occupe ici vient rechercher en gros plan ce qu'il peut y avoir de plus dégradant, quand le scenario n'est pas fondé sur le mensonge du début à la fin, et des personnages au caractère caricatural seront aussi représentatifs du peuple juif en général que peut l'être un poireau montré en gros plan sur une photo prise d'une partie d'un visage par ailleurs gracieux.
Il faut toutefois reconnaître au final que les films ou autres œuvres qui dépeignent les Juifs sous leurs angles les plus défavorables sont économiquement rentables, surtout si on sait agrémenter les mensonges et les exagérations en rendant crédibles en y ajoutant des éléments réellement puisées dans le folklore juif. On intercalera des plans filmés dans une véritable synagogue ou sur le Pletzl, le déroulement liturgique d'une circoncision dans les règles de l'art, ou on demandera à un authentique Juif traditionnaliste de jouer avec exagération le père ou la mère juive rongés par l'inquiétude pour un fils qui passe le bac ou tout autre examen «important», ou pour une fille qui doit se fiancer. Ce thème offre maintes occasions de laisser libre cours à la «création» caricaturale. Ces films par l'intermédiaire desquels les réalisateurs, producteurs et autres intéressés savent renflouer les caisses en montrant les Juifs comme des gens qui aiment l'argent – un comble! – sont eux qui peuvent aussi s'attirer les feux favorables de la critique et parvenir à la gloire de la grande diffusion.
Les mêmes principes touchent le monde de l'écriture. Un pavé qui décrivait le monde de la prostitution, réel ou supposé, d'une communauté juive d'un pays d'Afrique du Nord avait obtenu un prix littéraire. Un autre, qui par contre a montré Israël comme le porteur du message divin adressé au monde entier, de sainteté et de perfectionnement du genre humain, a eu un impact à peine remarqué.
Le plus étonnant, c'est quand des Juifs se laissent séduire par ces parodies dégradantes. A moins que certains ne se reconnaissent dans ces images de personnages vulgaires, obscènes et à l'affut du gain, comme me l'a suggéré Shlomo D., de Bet-El ; et qu'au lieu d'en éprouver des remords, ils s'en sentiraient fiers à l'instar de cet individu qui braqua un jour une banque rien que pour se voir en photo dans le journal.
Un célèbre humoriste disait dans les années 80 que les Juifs étaient suffisamment humbles, ou n'avaient pas «trop la grosse tête», de sorte qu'ils étaient capables de rire d'eux-mêmes sans se froisser. Un autre, à l'œil acerbe duquel rien n'échappait – qui avait dit notamment que D. avait séparé l'humanité en deux catégories, les Juifs et les antisémites – affirmait que l'on pourrait rire de tout, mais pas avec tout le monde. Cette idée, qui n'est pas nécessairement juste fondamentalement, a cependant le mérite d'éviter de faire du mal à des gens avec qui on ne peut rire de certains thèmes. Pourtant, rire absolument de tout conduit à la fermeté de cœur et rend le consommateur d'humour à outrance insensible. Une série de sketchs bien ajustés, qui prendraient pour objet les pauvres, les autostoppeurs ou toute catégorie de personnes ayant besoin d'un service, pourraient avoir pour résultat qu'un riche se torde de rire à la vue d'un pauvre au lieu de lui venir en aide, ou qu'il accélère en riant à la vue d'un voisin trempé à la station de son bus qui n'arrive pas et dont la toiture s'est envolée.
Si faire des farces est de l'humour, Gotlib, de son humour glacé et sophistiqué, pour le reprendre, a fort bien dépeint le désagrément et le danger encourus par les victimes de plaisantins qui prennent les choses du bon côté ; victimes qui se verront reprocher leur mauvais caractère si elles protestent. A quel moment le gag de la peau de banane fait-il rire? Quand celui qui pose le pied dessus perd l'équilibre, ou quand il se fracasse le crâne contre une pierre mal placée? Et celui de la tarte à la crème? Quand le visage du receveur devient méconnaissable ou quand il en avale dans les poumons?
Les gens sensés objecteront que cette violence de l'humour n'a rien à voir avec la réalité, puisqu'elle ne perfore ni la feuille sur laquelle s'imprime la bande dessinée ni l'écran du cinéma, que les acteurs ne prennent pas de risques réels, qu'ils ne risquent pas de sursauter ou d'attraper une crise cardiaque, puisque leur surprise est toujours feinte, de même que ces autres acteurs ne meurent pas réellement dans les films de violence.
En écoutant donc les gens sensés, on comprend que le problème ne continue à se poser que pour les gens insensés, ou pas assez sensés, qui risquent trop facilement d'extrapoler et de répéter les comportements vus au cinéma, ou d'en exporter la rancœur ressentie contre des gens de l'extérieur. Ceci n'est pas moins dangereux dans le domaine de l'humour farceur dont le dindon devient réel que de la violence tout court, quand une poursuite en voitures jouée pour un film, qui emploie dans le plus périlleux des cas des cascadeurs, si elle n'est pas uniquement constituée d'images de synthèse, peut donner envie à de véritables fous du volant potentiels de s'en inspirer.
Nous pouvons envisager d'autres réactions qui varieront selon que le consommateur de gags est sensé ou insensé. Quand Louis de Funès fait le pitre dans un costume de Juif orthodoxe, le cinéphile avisé sera-t-il suffisamment mature pour se contenter de le trouver risible, ou alors, aura-t-il tendance à se moquer par extension de tout Juif orthodoxe réel qui passe à sa portée, pour développer envers tout un public une forme de mépris qui s'arrêtera à l'indifférence dans le meilleur des cas et ira jusqu'à la haine s'il est plus atteint? Les personnages de Salomon et de Hanna, dans le même film, dans l'entendement du spectateur, sont-ils drôles de façon exclusive, ou bien risquent-ils de pousser certains esprits faibles à prendre en grippe d'une façon beaucoup plus globale ces deux prénoms, voire tous les prénoms de consonance biblique? Dans ces cas de figure, on pourrait effectivement donner raison au dicton qui veut qu'il est permis de rire de tout mais pas avec tout le monde. (Le principe reste encore une fois le même pour les films de violence, dont tous les spectateurs ne deviennent pas dangereux en repartant).
Dans ces conditions, si l'effet nocif ou inoffensif d'un film ne dépend plus que du spectateur, un peu comme le pollen n'est dangereux que pour les aviateurs qui ont le rhume des foins, il ne reste plus qu'à faire subir des tests psychiatriques à l'entrée des salles de cinémas, pour éliminer d'emblée les esprits faibles exposés aux effets secondaires. En effet, on n'ose imaginer ce que pourrait faire un individu de faible consistance psychique qui sortirait d'une salle de cinéma après un film où le héros tue sans autre forme de procès tous ceux qui le rendent nerveux! Ou de quel regard un non-Juif influençable regarderait n'importe quel Juif après s'être fait bourré le crâne pendant plus d'une heure trente par une brochette d'acteurs qui jouent tellement bien leur rôle d'imbéciles outrecuidants qu'ils le paraissent vraiment et qui font croire par extension que tous les autres Juifs seraient comme eux! Quoi qu'il en soit, placer des psychiatres à l'entrée des cinémas pour prévenir le danger n'est pas forcément efficace sur le long terme, et une trop forte consommation de ce genre de film laissera indéniablement une marque indélébile sur l'inconscient ou le subconscient, ou les deux.
Mais alors, objecte-t-on dans le fond, de quoi est-il permis de rire? Le dénominateur commun au grotesque, au quiproquo, à la parodie, etc. ou à l'observation insolite à laquelle on n'avait pas pensé, et qui suscite le rire ou un vague amusement intérieur, c'est de mettre le doigt sur ce qui est bancal dans un système blindé en apparence, de montrer par une judicieuse remarque souvent très brève et très pertinente le bât qui blesse, et de faire tomber les masques.
Il sera donc salutaire de se rire du bluff et du mensonge, de l'idolâtrie, des sectes, des systèmes politiques vantant l'exploitation de l'homme par l'homme ou l'inverse, de figures respectées sans être respectables, quand leur nuisance pour la société est attestée avec certitude, et de tout édifice démagogique imprenable à première vue mais dangereux si on le laisse agir. Les vrais humoristes donnent plus de sueurs froides aux politiciens que leurs opposants politiques. De plus, l'humour n'est pas quelque chose à prendre toujours au premier degré et peut échapper à un observateur non averti. Une bande dessinée pour enfant ne le fera pas rire, car il ne verra pas qu'elle passe au crible les comportements insensés du monde des adultes.
En revanche, rire de la souffrance, de la misère, de ceux qui viennent lutter pour améliorer la condition humaine loin des projecteurs, de la noblesse réelle de cœur quand il ne s'agit pas d'une mascarade, de l'obligation morale d'Israël et de son système social et juridique inégalé, du haut niveau moral que la Torah impose aux Juifs et qu'ils acceptent, s'interdisant jusqu'à la souffrance de l'animal en refusant la consommation du sang, ou en imposant le repos hebdomadaire aux employés et aux bêtes de somme, ne permettant depuis des temps immémoriaux le mariage que par consentement mutuel, en respectant des règles de pureté familiale qui obligeront le «sexe fort» à se dominer et à ne pas faire de sa femme un objet etc. etc., c'est le signe révélateur d'une intention perverse, d'une moquerie et d'une indifférence vis-à-vis de la notion du bien au profit de la notion du mal. Or, la conscience de ces deux notions est refoulée par la peur d'être accusé de manichéisme.
Evidemment, tout n'est pas blanc ou noir, le gris existe aussi. Les gris, qui sont plus de quinze mille, si on se fie aux écrans d'ordinateurs et aux imprimantes que la publicité nous vendait avant la couleur, autour du début des années 90! Mais si le gris reste un mélange de blanc et de noir, on peut toujours faire la part des choses, ou effectuer un tri… Evidemment, tout n'est pas vert ou rouge… (version modifiée pour un lecteur qui serait choqué par ce paragraphe).
Cet exposé vient nous montrer que les éléments de la proposition ci-dessus doivent être remis dans le bon ordre:
Il ne faudrait pas dire: «On peut rire de tout, mais pas devant tout le monde» ; mais «On peut rire devant tout le monde, mais pas de tout», ou, pour la clarté de l'énoncé: «On peut rire devant tout le monde, mais on ne peut pas rire de tout». Nuance!
Donc, que des gens qui n'apprécient pas beaucoup les Juifs sionistes et les Sionistes juifs se délectent d'un certain type de film ou de culture passe encore, mais que des Juifs y adhèrent, alors là! Que des Amalécites amputent de leur signe d'alliance des Hébreux tout juste sortis d'Egypte (explication de Rashi sur le verset 25, 18 du Deutéronome, fin de la parachat Ki tessé. Le verset est traduit par le rabbinat français: : «Comme il t'a surpris chemin faisant, et s'est jeté sur tous les traînards par derrière.») et le jettent en l'air, passe ; mais qu'un Juif se le fasse subir à lui-même, alors rien ne va plus, et que l'on ne vienne pas nous dire que ça vaudrait la peine pour un premier prix à l'Eurovision!
Un autre film, qui ne vaut pas que l'on en cite le titre, montrait avec beaucoup de moquerie un Juif observant qui résistait à la tentation charnelle de femmes qui le tentaient. Mais que voulait dire ce film? Que même un Juif religieux est en proie à des pulsions? Mais c'est justement parce que l'homme n'est pas un ange qu'il est d'autant plus méritant qu'il est capable de se maîtriser et d'améliorer sa nature. Le Midrash le dit aussi pour la nourriture: «Ne dis pas que tu n'es pas tenté. Dis: "Je suis tenté, mais que ferais-je, puisque D. me l'a ordonné"». (Sifri Lévitique, 20, 26) L'idée selon laquelle un Juif ne transgresse pas une interdiction parce ça ne lui dit rien est doncerronée. «Fais-le, tu vas voir ce que tu rates!» est une réflexion prétendument amicale qui n'émet pas sur la bonne longueur d'ondes. A contrario, se libérer de cette volonté transcendante et se vouloir athée ne conduit pas à la liberté mais pousse à un assujettissement par le bas. En tout état de cause, certains caricaturistes doivent confondre entre le judaïsme et autre chose, car le judaïsme n'a pas ordonné de se brimer le corps et ses diverses fonctions vitales. Tout acte interdit correspondant à un acte permis qui lui ressemble, et même en restant dans ce qui est permis, il faut savoir si on va s'élever ou au contraire s'enfoncer, ce défi n'étant pas gagné d'avance, d’où la prière de Rosh Hashana, où nous souhaitons d' «être à la tête et non à l'arrière», ou, d'une certaine manière, que notre tête décide où ira notre corps, et non pas que notre corps entraîne notre tête là où ses pulsions le poussent.
Il ne faut pas craindre de revendiquer la tête haute son judaïsme et ne pas se laisser imposer une forme de culture à bon marché qui voudrait nous poursuivre jusqu'en terre d'Israël, et que nous nous auto humilions pour une nostalgie inconstructive. Bonne fête de Pourim!
*Grand concourt désintéressé: de quel film est-il question ici?
(Titre premier: l'humour, c'est sérieux, sur Israël 7 et Israël-flash. L'introduction a été modifiée pour l'adaptation au sujet énoncé par le titre).
Que signifie ce chant ? Que symbolisent donc cet aigle, ces éléments du temps, passé ou présent, jour ou nuit? Quel message, quelle parole l'aigle ou ce qu'il représente tente-t-il de dire au narrateur? Quelle spiritualité peut bien représenter ce ciel, et sur quelle terre sous-entendue serait-il question d'un sommeil? L'explication de texte qui va suivre part du principe que ces questions peuvent ne pas avoir été posées. Quoi qu'il en soit, il est trop tard pour demander à l'auteur quelle était son intention. A moins qu'il n'existe des notes quelque part. Ce texte peut en tout état de cause représenter des similitudes troublantes avec l'espoir d'un peuple multimillénaire, mais qui a pu par moments se décourager ou oublier l'issue de son histoire, et de sa rédemption. Des parallèles vont être établis ou du moins suggérés dans ces lignes.
Le titre: l'aigle représente une puissance supérieure sur laquelle on peut se reposer, comme des enfants rassurés et confiants sous la protection de leur père. «Tel l'aigle qui éclaire son nid, qui couvre ses enfants de ses ailes» (Deutéronome 32, 11). Or, l'aigle du chant est dépeint en noir, l'obscurité, le contraire de la lumière. Cette clarté du Père qui est aux Cieux a été donc perdue de vue, oubliée, éclipsée par l'orage et les vicissitudes d'un long exil où la langueur s'est installée dans une longue hibernation, sommeil de l'hiver de cet exil.
Un beau jour ou peut-être une nuit
le temps de la rédemption, d'après la tradition rabbinique, ne se situe ni la nuit ni le jour, mais «entre les soleils», entre le coucher du soleil et la sortie des étoiles. «Ce sera vers la fin de la journée, ni le jour ni la nuit… ce soir jaillira la lumière» (Zacharie 14, 7). Quant au parallélisme qui fait correspondre chaque jour de la création à un millénaire de l'existence terrestre, il nous ramène au crépuscule du sixième millénaire, après l'an 5700 du calendrier hébraïque.
Près d'un lac je m'étais endormie
L'eau purifie, elle extirpe des profondeurs de l'abîme. Elle attribue une renaissance au corps et à l'âme. L'immersion précède la réunion allégorique du bienaimé et de la bienaimée du Cantique de Salomon. Cette eau se tient là, endormie aussi, sous la forme immobile d'un lac. Autrement, l'eau symbolise la Torah, qui permet l'entretien immuable et indéfectible de la flamme, identité et espérance fidèles.
Quand soudain, semblant crever le ciel
Et venant de nulle part,
Surgit un aigle noir.
Après des siècles d'immobilité, tout se met très vite en mouvement. Il est bien question ici d'une force transcendante, qui ne vient pas du monde de la création mais au-delà. Cet aigle représente la force motrice qui concrétisera la délivrance de l'exil. Le symbole de l'aigle remonte à une époque antérieure, comme nous le verrons plus loin.
Lentement, les ailes déployées,
Lentement, je le vis tournoyer
Près de moi, dans un bruissement d'ailes,
Comme tombé du ciel
L'oiseau vint se poser.
Les moyens mis en œuvre pour accomplir la délivrance s'adaptent à la vitesse limitée de celui qui est sauvé. Trois articulations évoquent le mouvement aérien: «tournoyer», «bruissement», «tombé». Le premier est perceptible par le regard, «je le vis», le deuxième par l'ouïe, le «bruissement» émettant un son; et le troisième conjointement par ces deux sens. Ces trois articulations peuvent faire allusion aux trois délivrances: Egypte, Babel, Edom.
Il avait les yeux couleur rubis
Et des plumes couleur de la nuit
À son front, brillant de mille feux,
L'oiseau roi couronné
Portait un diamant bleu.
Nous retiendrons ici les nouveaux éléments suivants: le rubis, évocateur de la braise, de l'autel de Jérusalem, «Un feu permanant brûlera sur l'autel» (Lévitique,6, 6). La pleine délivrance verra la restauration de l'autel en son lieu d'origine ; le diamant bleu se rapprocherait donc quant à lui à la couleur saphir du Trône céleste. (L'Exode 24).
De son bec, il a touché ma joue
Dans ma main, il a glissé son cou
le bec, makor dans les textes hébraïques, est l'homonyme de la source, ou du ressourcement. Le cou, à l'opposé de la fameuse nuque raide, est une valeur absolue et inébranlable qui résistera à tous les entêtements négatifs. Le Roi des Rois, symbolisé par l'aigle, vient rappeler que les valeurs qu'il a inculquées à sa création résisteront à toute doctrine ou culte étrangers. La main, les actes, doivent suivre non pas la nuque raide de l'homme réfractaire, mais la Torah inaltérable de son D.
C'est alors que je l'ai reconnu
Surgissant du passé
Il m'était revenu.
Ce passage confirme l'explication suggérée plus haut: le passé, c'est-à-dire l'époque de la sortie d'Egypte, quand l'extraction du peuple hébreu et son déplacement vers le Sinaï sont comparés à l'action qu'effectuerait un aigle: «Et je vous rapporterai sur les ailes des aigles» (L'exode 19, 4).
Dis l'oiseau, o dis, emmène-moi
Retournons au pays d'autrefois
Le pays d'autrefois, la terre de Canaan.
Comme avant, dans mes rêves d'enfant,
Pour cueillir en tremblant
Des étoiles, des étoiles.
Ces lignes expriment une prière explicite pour que le cœur blasé redevienne capable de vibrer. «Je retirerai le cœur de pierre et je mettrai en vous un cœur de chair» (Ezéchiel, 36, 26). Les étoiles symbolisent la descendance nombreuse, mais également la restauration de la royauté de la tribu de Yéhouda: «Je le perçois, mais il n'est pas encore temps. Une étoile surgira de Jacob… et Israël vaincra, un souverain va naître de Jacob» (Les Nombres 24, 17-19).
Comme avant, dans mes rêves d'enfant,
Comme avant, sur un nuage blanc,
Comme avant, allumer le soleil,
Être faiseur de pluie
Et faire des merveilles.
Dans ce passage, «comme avant» apparaît trois fois. On peut y voir les trois installations d'Israël en ses frontières: après les trois exils susnommés. L'enfance représente le début de l'histoire d'Israël en tant que peuple ; le nuage blanc évoque la nuée qui guidait les Hébreux dans le désert, et la symbolisation de la Présence divine au dessus du Saint des Saints, à Jérusalem, ville dont l'un des nom est «la Blanche» (Lebanon). (Deutéronome 3, 25) ; «allumer le soleil», c'est le candélabre, la Ménorah, allumée quotidiennement dans le Temple ; et la pluie, c'est la quantité d'eau qui doit tomber pendant l'année et qui est décidée par décret céleste au moment de la fête de pèlerinage des Cabanes (Souccoth) (Talmud Rosh Hashana 1a).
L'aigle noir dans un bruissement d'ailes
Prit son vol pour regagner le ciel
Quatre plumes, couleur de la nuit,
Une larme, ou peut-être un rubis
J'avais froid, il ne me restait rien
L'oiseau m'avait laissée
Seule avec mon chagrin
Un beau jour, ou était-ce une nuit
Près d'un lac je m'étais endormie
Quand soudain, semblant crever le ciel,
Et venant de nulle part
Surgit un aigle noir.
La fin semble présager un échec, comme si la poétesse avait raté l'appel de l'aigle venu pour la ramener dans son pays d'autrefois, où rayonne le soleil de la foi.
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