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8 avril 2024 1 08 /04 /avril /2024 20:51

Comment Netanyahou n'a-t-il rien vu venir ?

Amalek et les autres, faux prétextes et déguisements

Il y a la division pour régner, qui est bien connue. Mais il y en a une autre : celle où la personne divise pour se faire duper. Avant son basculement des pôles, Sharon avait mis l'opinion et les responsables en garde : tenter artificiellement de faire un tri entre les différentes factions terroristes musulmanes présentes en terre d'Israël, notamment en Judée-Samarie, est un jeu dangereux. Vers la fin des années 90, sous l'emprise des accords d'Oslo, les gouvernements s'obstinaient encore à trouver dans l'Olp un partenaire modéré, mettant au point une sorte de théorie de la relativité du moindre mal. L'Olp devait logiquement trouver son intérêt en aidant Israël à juguler le Hamas et autres factions concurrentes, pour asseoir sur le terrain son emprise sans partage. Cette idéologie d'a posteriori consiste dans une vision de symbiose politique des gouvernements successifs en Israël avec un ennemi juré contraint plutôt qu'apaisé, chaque côté acceptant des compromis pour globalement protéger ses intérêts.

Sharon jugeait ces considérations d'apparence logique en décalage avec la réalité : il n'y a pas de bons terroristes, pas même relativement à d'autres plus sanguinaires. Dénonçant ces jongleries dangereuses et inacceptables, il gagna en son temps par une très forte majorité la confiance des électeurs, avec 62, 4% des suffrages[1].

Le public en avait assez de ces chefs d'Etat toujours prêts à céder à tous les chantages pour sauver ce qu'ils croyaient acquis. C'était avant le basculement des pôles de l'intéressé.

Sous un certain angle, on peut considérer que le refus de Sharon de distinguer entre bons et mauvais terroristes, et surtout compte tenu que sa conviction profonde voulait qu'ils ne seraient jamais de confiance, leur parole ni même leur signature n'ayant la moindre valeur, pourrait être à l'origine de l'impensable gabegie de son crû. Comme on le sait, le désengagement n'a résulté d'aucun accord communément appelé accord de paix, ni d'aucun engagement de nos ennemis. C'est logique et dément à la fois : fort du constat de l'inutilité de la signature d'accords d'échange de territoires contre la paix, puisque les antagonistes ne les respectent pas, alors autant abandonner le terrain sans rien signer.

On a pris l'habitude pour simplifier de considérer que la guerre à mille temps sur le pas du bombardement-intervention aérienne et/ou terrestre-calme relatif et provisoire et on recommence, a démarré avec le désengagement de Sharon. Ce n'est pas faux, à condition de considérer comme préparatoire la période durant laquelle seule la localité de Néwé Dekalim recevait journellement des roquettes de «fabrication artisanale», et les civils se faisaient tuer sur les routes de Gaza. Mais on ne peut considérer comme hors-sujet ce préambule indissociable de ce tournant de la guerre contre les Juifs, marqué par les accords du gouvernement Rabin-Pérès.

Haïm Mizrahi fut kidnappé à deux pas de la localité de Beth-El, et son corps calciné retrouvé dans le coffre d'une voiture. C'était le 29 octobre 93, soit à peu près un mois après la signature des accords d'Oslo, le 13 septembre. Depuis un certain temps déjà, il se fournissait en œufs chez un fermier grossiste qu'il revendait dans un commerce à petite échelle, faisant vivre sa jeune famille alors qu'il était étudiant. Tout se passait tranquillement, mais les accords en cours décuplèrent la soif de sang juif chez nos ennemis. Rabin eut une réaction malheureuse, et méprisa cet homme qui avait «cherché des œufs pas chers». Les Premiers ministres devraient travailler bénévolement, ça leur éviterait de se sentir au-dessus des préoccupations matérielles du peuple. La répression du gouvernement ne se fit pas attendre, mais pas dans le sens attendu : David B., de Beth El, fut arrêté lors d'une manifestation qui avait bloqué la route aux Arabes. Il écopa de 9 mois de prison ferme (avec une remise pour finir de 3 mois pour bonne conduite, heureusement juste avant le meurtre de Rabin, sans quoi il aurait pu attendre longtemps, même après l'expiration du délai initial).

L'ambiance se détériorait, la vie se faisait dangereuse. Les accords d'Oslo ouvrirent la porte aux attentats-suicides, d'un genre totalement inconnu et nouveau en Israël. Les premiers journaux télévisés étaient accompagnés de déclarations hésitantes quant aux voitures piégées dont les restes n'avaient pas été retrouvés, sous l'influence des anciens schémas de la guerre du Liban. Mais point de voitures, les assassins-suicides s'étaient modernisés. L'un des plus meurtriers fut l'attentat de la station de correspondance routière du 22 janvier 95, provoquant la mort de 22 soldats de Tsahal, à l'intérieur du pays, et faisant plus de 60 blessés.  

Pourtant, Sharon allait mettre un terme à cette série noire, avec l'opération Rempart, commencée à Pessah 5762/2002, après le massacre de trente fidèles juifs réunis autour de la table du Séder à l'hôtel Park de Netanya. Avec le terrifiant revers de Sharon, qui abandonna cette partie de la terre d'Israël aux mains de l'islam au détriment du judaïsme, on peut dire que la guerre provoquée par les concessions territoriales s'est aggravée, puisqu'elle s'est transposée des habitants juifs de Gaza à ceux du reste du pays.   

Toujours est-il que la dialectique de l'identification du moindre mal dans l'organisation terroriste la plus stable, comme si les groupes concurrents étaient un ennemi commun, a poursuivi son chemin tout au long de cette guerre qui dure sous sa forme la plus flagrante depuis dix-huit ans, mais douze de plus depuis la nette recrudescence des troubles et assassinats perpétrés par les Arabes contre les Juifs.  

Car, pour finir, chez les ennemis d'Israël, le groupuscule le plus violent déstabilise le précédent et remporte les suffrages des populations d'où poussent quotidiennement les candidats aux attentats antijuifs. En attendant, faute d'extrapoler et de repenser les conceptions, on se sent obligé de faire avec ce que l'on a. C'est comme si on retapait sans cesse une vielle bâtisse pour en retarder l'écroulement, au lieu de faire place nette et de repartir sur de nouvelles et solides bases.

Car même en se forçant à penser que ça pourrait marcher, ce n'est que partie remise, étant donné qu'après un certain délai, le nouveau groupe extrémiste supplante le précédent, or, on refusait de discuter avec lui. Dans cette logique qui est un piège tendu par celui qui la conçoit, il n'y aura pas d'autre choix que de prendre pour modéré l'organisme jusque là le plus extrémiste, tout en faisait de son mieux pour maintenir le plus longtemps possible celui que l'on se force à prendre sinon pour modéré, en tout cas pour partenaire. Le terroriste Abbas est ainsi tacitement autorisé à empêcher toute tenue d'élections qui le verraient remplacé par le Hamas. Il a par ailleurs été soigné vers l'âge de quatre-vingts ans par un spécialiste israélien. On rafistole le vieux, on le maintient artificiellement le plus longtemps possible. On reste toujours dans cette politique (dont nous parlions dans un précédent papier) du jour d'après, et des questions fastidieuses et inutiles tant qu'on n'y est pas encore.

En Judée-Samarie, les territoires occupés par le mouvement d'Abbas, ancien complice puis héritier d'Arafat, sont sous le joug des modérés relatifs : l'Olp, ou le Fatah. Leur ennemi commun avec Israël serait donc le Hamas.

A Gaza, un cran plus loin dans ce futur inimaginable si la réalité ne nous l'avait pas placé sous le nez, le Hamas est le partenaire, le Djihad islamique l'ennemi. Les notions de bien et de mal sont devenues des valeurs relatives. Mais on n'est tout de même pas complètement naïfs, la preuve : on ne dit plus processus de paix mais processus politique ; on ne dit plus paix mais normalisation. Chacun sait que le Hamas hait Israël, mais de deux choses l'une : soit on considère qu'il n'aurait aucun intérêt à faire des vagues, parce qu'il est quand même responsable d'une forte population qui vit dans l'opulence, de plus en plus nombreuse et obèse ; soit qu'il aurait trop peur de nous, et que toutes les preuves contrariantes du contraire ne seraient que démonstrations fanfaronnes pour épater la galerie et surtout pour contenter les plus fanatiques.

Cette illusion de l'intérêt commun est contre toute attente confirmée par certains hauts faits, mieux que dans la fable de la chatte métamorphosée en femme. Certains ont cru que le Hamas était devenu un ami. En langage journalistique qui n'éveille aucun soupçon, on dit : «La politique menée par Israël au cours des douze derniers mois a réussi à parvenir à plusieurs ententes avec le Hamas[2]». Venons en au fait : l'opération Aube naissante[3]עלות השחר – commence le vendredi 5 août 22. Il s'agit pour Tsahal d'éliminer les chefs terroristes de cette organisation. Dans des tirs de roquettes destinés au départ à Israël, le Djihad tue samedi après-midi à Djebalia, quatre enfants arabes. Certains observateurs croient voir un éloignement du Hamas de son complice et concurrent, comme si cet accident de travail l'avait profondément affecté.

Ce qu'on ignore, et qui quoi qu'il en soit ne fait l'objet d'aucune confirmation officielle, c'est si le Hamas a aidé Israël à retrouver les têtes tueuses du Djihad ou s'il s'est contenté de le laisser agir sans gêner ou avertir lesdites têtes mal-pensantes. On peut penser en effet que le Hamas y trouve son compte. Le travail de Tsahal est précis. Notamment, l'élimination du terroriste Tayseer al-Jabari, commandant de la branche armée du Djihad islamique, dans une opération où seul l'appartement contenu dans un immeuble de 15 étages a été endommagé, montre à quel point Israël s'efforce de limiter les dégâts collatéraux. L'histoire ne dit pas comment Tsahal a eu son adresse.

Quelquefois, la réflexion humaine peut faire penser à cette parabole du mouton penseur. Un fermier acheta quelques agneaux à l'approche d'un banquet. Il les parqua dans son enclos à quelques pas de sa maison. Mais à quelques nuits de la fête, une horde de loups surgit d'on ne sut d'où. Le fermier dormait à poings fermés et n'entendit pas les hurlements qui pourtant semaient la panique chez notre menu bétail. Il crut sa dernière heure proche, quand soudain, miracle, le fermier sortit à pas précipités de sa maison, tira quelques coups de carabine et mit la meute en déroute. Nos moutons se détendirent, mais le mouton penseur ne comprit plus rien quand le fermier se saisit de son grand couteau pour les apprêter.

Pourtant, si un côté souffre d'excès de candeur, l'autre s'étouffe sous trop de fourberie. Et Netanyahou avait double motif pour ne pas les voir venir. Car d'une certaine manière, en permettant au Qatar d'inonder de milliards de dollars les occupants musulmans de Gaza, Netanyahou n'avait-il pas payé le tribut de la tranquillité des siens ? Ne s'est-il pas acquitté, avec la subvention d'un tiers, de la fameuse djizîa ? Donc, ne comptons pas sur nos ennemis pour qu'ils respectent leurs principes. Ils ont la haine, et leurs principes ne sont bons que s'ils servent leur haine.  

Mieux vaut nous en tenir à nos propres principes. Point de confiance dans les nations. Nous devons toujours garder en mémoire ce que nous a fait Amalek, qui se réincarne de génération en génération. Nous dirons au Seder, au mois de Nissan dont nous entrons dans son premier jour ce soir, qu'à chaque génération, on se dresse contre nous pour nous anéantir, mais que le Saint béni soit-Il nous sauve de leur main.

Un jour, ils sont perses ou mèdes, un autre hellénistes, un autre encore romains, inquisiteurs, croisés ou musulmans, mais ce sont autant de déguisements, d'apparences et de prétextes pour ne pas se réclamer du mal absolu qu'ils trimbalent avec eux à travers les siècles. Puissions-nous voir ce fanatisme de l'islam s'effondrer à son tour, et leur double[4] d'une maison pas si blanche, car les nations s'agitent en vain[5], et Israël leur survivra comme il a survécu à toutes les autres civilisations ensevelies sous leur forme permanente de sites archéologiques.

 

 

[2] Article du journaliste et analyste Amir Bar-Chalom sur le site Zman.co.il https://www.zman.co.il/330904/

[3] https://www.idf.il אתרי-יחידות/עלות-השחר/

 

[4] Sens de Beiden en allemand.

[5] Psaumes II, 1.

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