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1 avril 2024 1 01 /04 /avril /2024 11:59

Une campagne accuse depuis quelques temps déjà Netanyahou d'être responsable et coupable de l'un des plus grands dysfonctionnements de l'histoire contemporaine d'Israël. «Tu es la tête, tu es coupable». Cette offensive médiatique et propagandiste n'est pas pauvre[1]. Elle dispose d'affiches, de tenues uniformes avec des imprimés, dont le graphisme et la recherche du percutant sont loin d'être négligés, et d'un petit nombre de manifestants/figurants savamment répartis sur le terrain pour donner l'effet du nombre. Qu'ils soient mus par une conviction profonde ou un salaire à la tâche ou à l'heure n'est pas la question ici. La toile est inondée de leurs clips et autres messages. Même s'ils sont peu nombreux, ils font suffisamment de bruit pour que l'on s'intéresse à ce phénomène qui les met en avant, et que l'on s'attache à ne pas se laisser berner par leur détournement de faits réels et indiscutables qui pourraient à première vue être la preuve d'une honnête sincérité, bien que l'on saisisse assez vite qu'ils ne servent pas la cause d'Israël.

Cette campagne, donc, reproche à Netanyahou d'avoir permis au Hamas de se construire pendant 14 ans. Enfin des gens qui ont un esprit de synthèse exprimé par un franc parlé rare. Tout de suite, on est tenté d'y ajouter d'autres faux-pas de l'intéressé, comme, par exemple, d'avoir refermé sur Israël le piège des accords d'Oslo, lorsque, au lieu de mettre en examen les importateurs de l'attentat-suicide dès leur destitution par la voie des urnes, sous la pression des médias complices de cette arnaque historique et de Clinton, et de chasser les terroristes de notre terre, il a au contraire renforcé leur emprise ; ou d'avoir voté pour l'expulsion des Juifs de Gaza et le retrait de Tsahal de toute cette région.

Moché Feiglin, ancien membre de la Knesset, et qui propose des analyses géopolitiques très pertinentes, considère lui aussi que le leadership de Netanyahou est problématique. Et pourtant, il n'est pas à mettre dans le même panier que les fomenteurs de cette campagne dont le mensonge par omission occulte délibérément les autres rouages impliqués, dont les plus proches du terrain. Pour lui, ça se situe au-delà de la divergence gauche-droite qui sert de référentiel à quiconque cherche à comprendre les motivations et actions des différents dirigeants. C'est une question générationnelle. Toute cette ancienne école ne peut concevoir autre chose que le principe pourtant échaudé des territoires contre la paix, posé en axiome. Que l'on fasse confiance à des ennemis acharnés vus désormais comme repentis, ou que l'on conditionne cet abandon du sol à une ferme dissuasion, on ne s'éloigne jamais de cet axiome. Feiglin explique que tout le travail du gouvernement et de l'armée vis-à-vis du peuple israélien serait selon lui de le ramener mentalement et conceptuellement au 6 octobre, comme si la réalité douloureuse n'avait pas pulvérisé toutes ces illusions.

La différence entre la campagne susmentionnée et les conclusions de M. Feiglin, c'est que la première se limite à n'avoir pour cible que Netanyahou. Elle tend notamment à provoquer la chute du gouvernement et à faire avancer la date des élections. Ainsi, on a pu voir Gantz se rendre aux Usa, le 6 mars, de son propre chef. Mais, chose curieuse, bien qu'il soit très apprécié par Biden, sa visite qui devait être un événement majeur, décisif, peut-être même un tournant, n'a eu que peu de réactions, dont la déclaration américaine qu'on ne lui avait pas demandé de venir. Il est vrai qu'il a défendu son pays, et revendiqué le droit de ne pas laisser la guerre en suspens, et d'aller jusqu'à Rafah. Mais la campagne contre Netanyahou fait feu de tout bois.

En Europe, certains ont été jusqu'à qualifier Netanyahou de criminel de guerre, ce qu'évite de faire les manifestants de la contestation, car, loin d'être idiots, ils savent qu'ils perdraient la guerre psychologique qu'ils mènent de l'intérieur.

En fait, il n'est pas interdit de penser que certains commentateurs et accusateurs, en Europe, lui reprochent de trouver anormal que des goïms se permettent de reprendre leur vieille tradition de pogroms et de ne pas se contenter d'essayer de contenir la prochaine vague, maintenant qu'il sait que l'indépendance des Juifs, leur pays, leur armée, etc., ne signifient pas que les vieilles règles auraient changé. D'accord, on vous a bien eus, on vous a fait croire que maintenant que c'est vous qui êtes au pouvoir, ce serait à vous de faire attention de ne pas faire à vos minorités ce que vous avez subi en exil quand vous étiez minoritaires. Vous êtes mauvais joueurs. Vous n'auriez jamais dû avoir une réaction aussi musclée quand vous avez enfin compris qu'on vous a fait une farce. Vous serez toujours les éternelles victimes, et l'unique attitude que nous tolérerons de votre part sera de vous protéger, pas de flanquer de telles tripotées à vos agresseurs, ni en ripostant, ni à plus forte raison en les attaquant préventivement. D'ailleurs, c'est bien là le nom de votre armée, sauf erreur ! Armée de Défense d'Israël. Si vous ne vous défendez pas, alors tant pis pour vous. On aura tout vu ! Est-ce qu'il eût été pensable que les Juifs de Kichinev aient mis à feu et à sang les quartiers des pogromistes, avec tous les innocents et les non-impliqués qui y habitent ?

Chez certains Israéliens, la définition du sionisme est influencée par une compréhension naïve et faussée de la réalité. Cette approche semble particulièrement affecter la classe dirigeante. Nous pourrions résumer en filigrane le résumé de l'histoire de notre exil et de notre retour sous le prisme du rôle des autres nations. C'est une perception simplificatrice, qui appréhende la scène des nations un peu comme un jardin d'enfants. Non seulement le monde serait partagé d'une façon très manichéenne entre les gentils et les méchants, mais les méchants se seraient de surcroît repentis et devenus gentils, puisque l'Allemagne reconnaît Israël et qu'elle a tout de suite tenu à lui verser des indemnités pour tout le mal qu'elle lui a fait. L'approche de Yad Vachem, des responsables des programmes scolaires, les manuels d'histoire, diffusent un message fort : l'antisémitisme, c'était avant. Il y a bien les pays arabo-musulmans qui restent très agressifs, mais c'est juste une question de temps : pourparlers et autres processus de paix les rendront eux aussi gentils et repentants.

C'est comme si l'histoire s'était passée comme suit :

Première articulation interprétative ou synthèse des faits :

Les Alliés contre l'Axe, pour reprendre le vocabulaire des années d'après-guerre mondiale, c'est les gentils contre les méchants. Et comme les méchants sont toujours punis[2], les Alliés gagnent la guerre. Les méchants regrettent d'avoir été méchants, promettent qu'ils ne recommenceront plus. Les gentils aident les méchants repentis à se reconstruire (plan Marshall..).

Autre considération :

Comprenant le sort réservé aux Juifs en Europe, les Américains s'indignent et s'offusquent. Ils entrent en guerre pour mettre fin à cette injustice. De leur côté, les Russes, qui ne restent pas indifférents, progressent enfin sur les sols allemand et polonais et interviennent activement dans la libération des camps.  

Eh bien non, ce n'est pas exactement comme ça que ça s'est passé. La réalité est beaucoup plus complexe et nuancée. En d'autres termes, le motif de l'entrée en guerre des Américains n'a pas consisté de leur point de vue à stopper l'exécution de la solution finale.

Perplexe, le ministère israélien de l'Education a émis une circulaire autorisant à déprogrammer la Shoah cette année.

Car pour résumer ce qui précède, considérer que les agissements de nations étrangères contre les Juifs seraient dorénavant hors-sujet fait partie pour certains et non des moindres de la perception du sionisme, ère nouvelle qui ne supporte aucun fondu-enchaîné avec la sauvagerie du passé.

Donc, de même qu'il y a cette distinction de clair-obscur entre les bons et les méchants, de même une date arbitraire établit une ligne de démarcation entre le passé obscur et le présent du plus jamais ça. Car c'est bien en partant d'une telle conception que, dans notre contexte aujourd'hui, personne parmi les dirigeants n'a pu prévoir que l'Occident pourrait nous tourner le dos voire prendre partie pour les occupants musulmans de Gaza pour qui la tentation de remettre au goût du jour tout ce que l'on prenait pour un usage qui n'a plus cours a été trop forte. La détention de centaines de civils juifs en otage n'est pas un crime de guerre ou de paix pour l'Onu et les autres, sans quoi leur premier objectif aurait été de tout mettre en œuvre pour leur libération. La tombée des masques n'a pas provoqué la moindre honte ou retenue chez ces instances qui continuent sur leur lancée et renforcent l'Unrwa en dépit de leur rôle actif dans le rapt de ces personnes.

Ces accusations de l'extérieur concentrées sur la personne de Netanyahou sont extrêmement graves, parce qu'il a été élu assez confortablement, et que faire de lui un criminel de guerre revient à accuser tout le pays d'Israël. Certains, comme Biden, cherchent à faire diversion, comme si Netanyahou était redevenu Premier ministre par un tour de force ou par abus de confiance des électeurs. Ils n'y sont pour rien. Pourtant, quiconque suit un tout petit peu l'évolution politique en Israël voit que le parti Meretz n'a pas franchi le seuil d'éligibilité, que le parti travailliste et autres héritiers idéologiques sont en difficulté. De sorte que si l'on cherche un tour de force, on s'en prendrait plutôt à l'arrivée en renforts des dirigeants politico-militaires  en perte de vitesse dans le cabinet restreint qui gère la situation de guerre,  tandis que le parti de Ben-Gvir, attaché à la tradition d'Israël, dont sa dimension étatique en ses frontières, en est banni. Cette propension de Netanyahou à faire comme si la droite n'avait pas gagné pourrait rejoindre les griefs retenus contre lui, or…

Comme évoqué plus haut, c'est la sélectivité de la contestation qui rend tout observateur neutre réticent. Cette sélectivité concerne aussi bien le choix des chefs d'accusation que la fixation sur la seule personne de Netanyahou.

Il a permis au Hamas de faire de Gaza une forteresse contre Israël, sorte d'avant-poste ou de front irano-qatari, d'accord… mais il continue de s'entourer des maîtres de la conception fautive, et qui plus est, en pleine période de guerre où les luttes politiques doivent être mises en berne, laissant le chef d'état-major qui a manqué à son devoir le 7 octobre se lancer dans un cercle de nominations à des postes stratégiques de gradés de son école de l'échec, tout en continuant de bloquer l'avancement de personnes plus patriotes.

La critique relève un argument de poids, fondé sur le long terme. Pendant des années, les terroristes se sont armés et ont construit un réseau souterrain .Mais bien que cette allégation ne soit pas mensongère, ce qui lui donne tout son poids, il y a comme un évitement et un détournement de l'attention. Qu'en est-il pour le court terme ? Compte tenu de l'avis transmis par le chef du renseignement à Netanyahou qu'il pouvait prendre un peu de vacances, le reproche adressé à Netanyahou prend un sens nouveau : celui d'avoir naïvement fait confiance aux chefs de l'armée.

Que les chefs sécuritaires n'aient rien vu venir ou rien voulu entendre est une question à laquelle il faudra peut-être répondre un jour ; mais qu'il ait fallu plusieurs heures pour que l'armée se mette en marche, quand les kibboutzim étaient investis depuis l'aube par les pogromistes et que les ennemis circulaient sans la moindre entrave dans les rues d'Ofakim et de Nétivot en est une autre.

L'absence d'intervention des services d'ordre n'est que trop connue des Juifs d'une manière générale :

Arrêtons-nous un instant sur ce que constatèrent des écrivains juifs ici et là sur la terre, et remontons jusqu'à un peu plus d'un siècle en arrière. A propos de l'ambiance européenne (Russie) pendant l'exil, voici un extrait d'Anna et son orchestre :

«Qu'y a-t-il, Dimitri ? - J'arrive de la ville, Petrov, le chef de la police a réuni une trentaine d'hommes ; il a dit que ce soir tous les comptes seraient réglés avec les juifs (...) que, pendant un jour et une nuit, tous ceux qui s'attaqueraient à vous auraient tous les droits. La police et les soldats n'interviendront, a-t-il dit, que lorsque justice sera faite[3]»

En voici un autre sur l'ambiance en Afrique (Tunisie) :

«J'ai vécu les alarmes du ghetto (…) des rumeurs d'un pogrom imminent. (…) l'attente d'un siège (…) Nous pensions que les autorités (…) avaient fermé les yeux (…) la police n'est jamais venue, ou si elle est venue c'est seulement quelques heures après que tout est fini[4]».

Et il aura fallu qu'en Israël les habitants des kibboutzim qui se battaient de leur mieux se demandent pourquoi les renforts ne venaient pas ?

Si les adhérents et sympathisants des mouvements dits promoteurs de la paix mais en réalité endormeurs de la vigilance vitale en sont revenus, ces mouvements continuent à promouvoir leur idéologie comme si rien ne s'était passé. Cette insistance est pour le moins suspecte.   

Si on veut se pencher sur le moyen à long terme, nous pouvons reprendre le témoignage de Betty Lahat,  générale retraitée des services pénitentiaires. Elle remet en cause les lâchers d'assassins dans le cadre d'accords négociés pour récupérer des soldats kidnappés. Elle évoque l'accord Jibril en mai 85 puis celui de Chalit en octobre 11, dont le message perçu par l'ennemi est le droit de perpétrer des attentats. Sur les 1027 terroristes relâchés, 41 avaient à eux seuls assassiné 570 Juifs[5]. Sinouar, l'archi-terroriste commanditaire des massacres du 7 octobre, était le décideur des terroristes musulmans qui allaient être relâchés.

Mme Lahat cite des noms de terroristes relâchés, activistes en Turquie, en Iran ou au Qatar, qui engagent et entraînent toutes sortes de recrues. Elle rapporte que des terroristes relâchés en échange du soldat Chalit prennent une part active à la guerre actuelle, outre les agissements du 7 octobre 23. Les conditions exceptionnelles dont ont profité les terroristes dans nos prisons ne les ont pas rendus plus humains, mais au contraire plus méprisants. Elle parle de la période où le principal responsable des attaques actuelles contre Israël était en prison : «Sinouar en personne a eu le cancer, nous, l'Etat d'Israël, nous l'avons soigné, nous l'avons traité. Il n'est pas reconnaissant. Il voit ça comme allant de soi, il a même dit que c'était notre rôle. Il a formé des cellules terroristes à l'intérieur de nos prisons, qui avec le temps, allaient être activées. Et c'est ce que nous constatons à présent. La plupart des membres de son quartier général sont d'ex-prisonniers dont il a œuvré pour la remise en liberté.»

La journaliste pose la question : «Donc, la prison est un hôtel pour assassins ?» Elle lui demande de rendre le détail de leur emploi du temps. «Nous les introduisons dans un lieu où ils sont au chaud et en sécurité. Ils ont un petit déjeuner copieux, une cantine alimentée par des fonds de l'AP. Plus le prisonnier a tué, plus les allocations que touche sa famille sont élevées. En prison, ils disposent d'un compte postal pour la nourriture, les études, les livres. Ils ont à leur disposition une nourriture riche et élaborée qui relève leur ordinaire des repas fournis par les autorités pénitentiaires. Ils ont la télévision avec beaucoup de chaînes. Ils reçoivent la visite d'avocats, ils ont une infirmerie, un centre de soins dentaires».

La journaliste l'interroge : «Mais alors, ça vaut le coup pour eux de tuer pour être bien traités?»Elle ajoute : «Les conditions en détention sont bien meilleures que ce qu'ils obtiennent dans le civil. Notre erreur est de penser que la privation de la liberté est une lourde punition. Les conditions en prison ne sont un secret pour personne. Leurs familles leur rendent visite. Le rôle des avocats n'est pas de les défendre mais de s'occuper de la coordination avec des cellules à l'extérieur. Des prisonniers qui cumulent de nombreuses condamnations à la perpétuité reçoivent la visite d'avocats, ce que leur permet d'exploiter les failles de notre système judicaire.

Je ne sais pas si vous avez entendu parler de Shaï Nitzan, du Parquet de l'Etat. Nous avons tenté de mettre un frein à ces visites et conditions inimaginables. Les juges considèrent qu'il faut offrir de bonnes conditions d'emprisonnement et des possibilités de faire des études, mais ils se trompent de prisonniers. C'est valable pour des détenus du droit commun, dont on cherche à améliorer la future réinsertion sociale. Ça ne prend pas pour des terroristes. Ils ont des idées bien arrêtées, des croyances et idéologies. Nous devons apprendre des Américains dans leur traitement des terroristes de Daesh, au pain sec et à l'eau sans contact extérieur. Il faut arrêter de croire que nous allons changer leur vision des choses en étant gentils avec eux. Ça ne marche pas. Bien au contraire, ils interprètent notre gentillesse comme une demande de pardon pour les terres que nous leur aurions dérobées. »

Elle raconte l'épisode de la prise de fonctions d'un nouveau directeur des services pénitentiaires. Elle lui a remis des données des renseignements sur les terroristes internés, et il a voulu établir avec eux un dialogue. «J'ai mis à sa disposition le groupe des meneurs. Il leur a suggéré de parler de la paix. Ils lui ont répondu qu'il n'y aurait pas de paix tant que les Juifs n'auraient pas débarrassé de leur présence toute la terre d'Israël.» Elle espère que nous aurons compris à présent à qui nous avons affaire, et que nous allons nous réveiller de cette euphorie dans laquelle nous nous sommes nous-mêmes installés.

Elle met en cause Olmert, Livni, qui ont œuvré en leur temps (sans y parvenir néanmoins) pour faire sortir de prison Barghouti, un terroriste qui cumule cinq condamnations à la réclusion à perpétuité, comme si, par leur approche qui suinte la compréhension, ils allaient réussir à en faire des partenaires pour la paix. On a voulu nous faire croire qu'ils ont été dissuadés de nous agresser.  Elle rappelle que leur combat est religieux et idéologique, et qu'ils n'abandonneront jamais leurs intentions et leur activisme pour nous nuire. Si nous voulons changer quelque chose chez nous, il faut changer les personnes qui sont toutes formées à la même école et qui ne renonceront jamais à leur conception en dépit des faits. Il faut un esprit nouveau.

Elle met aussi en cause la Fondation Wechsler, dont les émules sont à la tête de l'armée, du Mossad, du ministère des Affaires étrangères, de l'état-major de Tsahal. «Ce sont tous des gens formés par Wechsler. Tous ceux qui suivent cette formation pensent la même chose et ne cherchent pas à neutraliser l'ennemi qui cherche à nous détruire. Ils se contentent d'opérations militaires, certains qu'en améliorant le niveau de vie des populations hostiles, celles-ci se mettront à renoncer à leur haine. Benêt et Lapide, rappelle-t-elle, ont multiplié considérablement le nombre de personnes autorisées à travailler chez nous. Alors, pourquoi sont-il venu à Sim'hat Torah pour nous égorger ?» Le gouvernement Benêt avait en effet autorisé l'entrée de 30 000 occupants de Gaza qui ont cartographié les kibboutzim, leur population, leur emploi du temps.

Cour suprême

Lahat évoque également l'ingérence de la Cour suprême[6] dans le fonctionnement des prisons. «Un prisonnier du nom d'Abas El Sayed, condamné à 38 peines de réclusion à la perpétuité, qui a planifié l'attentat contre l'hôtel Park et envoyé les terroristes y perpétrer les attentats-suicides[7], s'est plaint à la Cour Suprême que la couleur de leur tenue est passée du brun à l'orange… Nous avons le sentiment d'être considérés par les juges comme leurs ennemis qui martyrisent leurs protégés.»

Lahat est formelle. Israël est obligé de condamner et d'exécuter tous les assassins qui ont fait irruption sur son territoire le 7 octobre, pour mettre un terme à cette valse infernale des kidnappings et des chantages fructueux pour nos ennemis qui considèrent que le relâcher de leurs assassins n'est qu'une question de temps. Elle réfute l'argument fautif répété en boucle selon lequel une telle politique ne serait pas dissuasive : «Bien sûr que c'est dissuasif, affirme-t-elle. Sinouar est très inquiet pour sa propre vie. C'est une véritable poule mouillée[8]. Je l'ai vu dans ses moments de crise, quand il a su qu'il avait le cancer. Il a pleuré comme un poltron. Il faut arrêter de les prendre pour des grands héros. Ils ont peur, ils veulent vivre. Ce qui leur donne la force de venir nous assassiner, c'est notre douceur en tant que peuple qui ne fait qu'améliorer leurs conditions de détention. J'ai vu deux terroristes qui, alors qu'ils étaient enfants, avaient eu le cancer et avaient été soignés à l'hôpital Schneider, qui s'en sont sortis et qui ont été choyés. Je ne crois pas à leurs histoires de non-impliqués. Et les distributions de baklavas quand ils apprennent que des gens de chez eux ont assassiné des Juifs ? Ils ont aussi distribué des friandises en prison chez nous. Mais ils ont eu de telles punitions qu'ils ont arrêté, au moins pendant ma période de service. »

Nous avons longuement fait état du témoignage d'une haute gradée des services pénitentiaires, qui n'a cessé pendant des années de sonner l'alarme, ne suscitant chez les juges, militaires et politiques que des levers de sourcils ou des haussements d'épaules.

Nous citerons plus brièvement le témoignage de Michaël Koubi, haut-fonctionnaire du Shin Beth[9] : «Sinouar lui-même m'a dit plus d'une fois, pendant les interrogatoires, que son rêve était d'égorger des Juifs. En 1989, j'ai arrêté tout le Hamas, toute sa branche armée, soit 520 personnes. Quand j'ai rencontré Rabin, Premier ministre, je lui ai dit que ces gens n'étaient pas moins cruels et dangereux que des nazis, nous sommes obligés de détruire cet organisme tant qu'il est limité, et malheur à nous si nous remettons en liberté ces individus…» Il met en cause des aspirations et ententes politiques à l'origine de ce qu'il qualifie de graves erreurs.

Ce dimanche 31 mai, une manifestation a une fois de plus fait parler d'elle, en provoquant des embouteillages et des perturbations à l'entrée de Jérusalem. Ce sont encore et toujours les mêmes, ceux de la contestation d'avant le 6 octobre qui surfent avec cynisme sur la vague du 7. Ils veulent faire tomber le gouvernement, les attaques contre Netanyahou étant selon le cas ouvertement avouées ou reléguées au second plan. Si, en dépit du bruit qu'ils sont capables de faire, ils restent peu nombreux et ne suscitent aucun engouement pour leur cause auprès du grand public, c'est qu'aucun de tous ceux qui savaient et auraient pu empêcher cette attaque et cette guerre ne sont dans leur collimateur. D'ailleurs, des voix de plus en plus nombreuses et insistantes s'élèvent pour établir le lien, le cas échéant, entre l'appel au refus de s'enrôler et les massacres du 7 octobre[10]. A suivre.

 

 

 

[1] La journaliste Smadar Hilla Chemouëli, suite à ses investigations, rapporte que chaque manifestation comme celles qui se tiennent les samedis soirs contre le gouvernement, coûte 16 000 000 de shekels. https://www.youtube.com/watch?v=3HdY11r6urw&t=2s Elle met le doigt sur le manque de transparence concernant la provenance de ces fonds, de l'étranger en tout cas, et sur la bizarrerie de grandes chaînes d'informations qui accordent un temps d'antenne disproportionné à ces organisations, comme par exemple le dimanche 31 mars 24 au soir.

[2] Cette idée bien tranquille contredit d'emblée l'une des plus grandes problématiques de la pensée juive ou du hassidisme : le thème de la crapule pour qui tout va très bien et du juste qui souffre est la première question posée par le livre du Tania, dont l'auteur est le fondateur du célèbre mouvement Loubavitch.

[3] Anna et son orchestre, Joseph Joffo, éd. JC Lattès, p. 41., roman qui retrace la vie de la mère de l'auteur, en Russie, au début du XXe siècle.

[4] La condition juive en pays arabes, Albert Memmi (extrait emprunté sur le site Danilette.over-blog.com).

[5] https://www.youtube.com/watch?v=8wlqzFGeTU0&t=251s Interview de Betty Lahat, 4' 44".

[6] Lors d'un passage sur le plateau de la 14ème chaîne. https://www.youtube.com/watch?v=q8lCSCJiY4E

[7] Le soir du Seder de Pessah, en mars 2002, plus de 30 convives ont été assassinés par des terroristes musulmans.

[8] Texte original : הוא חתיכת שפן בכיין. minute 21 de l'interview idem.

[9] https://www.youtube.com/watch?v=moLKzlZZsso&t=11s

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