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10 décembre 2023 7 10 /12 /décembre /2023 19:46
Des bénévoles auraient-ils creusé les tunnels pendant que l'argent du Qatar servait une cause humanitaire

 

Gaza : et le Qatar dans tout ça ?

Un argument cher à la désinformation s'est un peu démodé ces derniers temps. Il consiste à redistribuer à Israël le rôle du Philistin Goliath et celui de David, roi d'Israël, à ceux qui se prennent par crises pour les descendants de l'envahisseur Philistin qui, soit dit en passant, s'attachait déjà il y a près de 4000 ans à faire avancer le désert en bouchant les puits creusés par Abraham et restaurés par Isaac. Si ce rattachement généalogique peut être avantageux pour eux et les faire passer pour un groupe qui ne serait pas né de la dernière pluie et tombé au Moyen-Orient comme un cheveu sur la soupe, il l'est moins quand ils sont depuis la nuit des temps les forces qui s'opposent au progrès et à la prospérité. Israël fait reverdir et fructifier la terre, les autres la brûlent, et Israël replante les forêts.

Cette farce montre surtout que la propagande ne craint pas le ridicule quand on sait que le monde arabe couvre une portion du globe presque 500 fois plus vaste qu'Israël, et que le rapport des populations est de près de 60 000 contre 1. Mais au 7 octobre, le Hamas a d'emblée été reconnu comme le fer de lance d'un monstre tentaculaire, et, outre son identification immédiate avec les organisations islamiques les plus meurtrières, les yeux se sont tournés vers l'Iran qui ne cache pas depuis la chute du Shah ses intentions génocidaires.

Mettons, on avance. Mais on peut s'interroger sur le silence autour du Qatar, principal sponsor de l'industrie terroriste, satisfait du retour sur investissement, pays où le criminel Sinwar entre et sort comme chez lui, est logé à sa guise comme un prince, et est toujours accueilli chaleureusement par l'émir Al Thani. Jusqu'à encore assez récemment, on pouvait fermer les yeux et se persuader en se forçant que les milliards de dollars[1] injectés dans la bande de Gaza depuis Doha servaient à des fins humanitaires, que le réseau de souterrains avait été creusé par des bénévoles, et que l'arsenal lourd d'armes et de munitions était un cadeau de Daesh via le Sinaï, mais l'implication très insistante du Qatar et sa grosse colère depuis l'entrée en guerre d'Israël montrent bien qu'il est directement touché par l'opération de Tsahal et donc impliqué, quand il fait des pieds et des mains pour tenter d'obtenir un cessez-le-feu en faveur de ses intérêts. L'émir et ses vizirs ne font même pas semblant de s'étonner et encore moins de s'insurger contre leurs protégés : «Comment, serait-ce donc ainsi qu'ils ont utilisé notre argent ?»

Avec son Autorité d'investissement (Qatar Investment Authority[2]) qui gère 460 milliards de dollars d'actifs, le Qatar ne se refuse rien. Il peut se payer des places et des hôtels sur les Champs-Élysées, le dixième des actions de la Bourse de Londres, mettre dix milliards sur le tapis en Allemagne, s'offrir des équipes de football, etc. Il peut aussi se payer Kadhafi ou le Mondial, ces deux affaires et non des moindres valant bien que l'on s'y attarde un peu.

Il est généralement admis dans l'opinion que la souveraineté des nations doit être respectée. La preuve la plus significative de cette approche consiste dans ce que l'on pense du concept de la république bananière. Elle est doublement dévalorisante : pour le pays dont les dirigeants sont des marionnettes à fils, d'une part ; et pour celui qui s'ingère dans les affaires intérieures du premier souvent pour défendre des intérêts financiers au grand mépris des droits de l'homme, surtout quand le fournisseur de «bananes» est un réservoir de main d'œuvre bon marché et qu'il est hors de question pour l'autre puissance qu'elle soit émancipée, en redevenant propriétaire des terres qu'elle exploite[3], d'autre part. Bien entendu, c'est tout le contraire quand s'impose comme nécessité absolue, relevant de la morale, de la vie, ou de la sécurité planétaire, une intervention extérieure de préférence musclée.

Il y a une dizaine d'années, la France entre en guerre totale contre la Lybie. C'est l'opération militaire en Lybie de 2011 (du 10 mars au 31 octobre). La France n'est pas seule. Des résolutions sont d'abord votées à l'Onu : la 1970 (26 février, embargo sur les armes et gel des avoirs du régime), et la 1973 (17 mars, zone d'exclusion aérienne au profit des insurgés). L'Otan n'est pas loin, donc la guerre imminente. Mais comment ? nous dirions-nous. On va par la violence et la guerre s'ingérer dans les affaires internes d'un pays pour faire remplacer Kadhafi par le Conseil national de transition? Mais alors, c'est une république bananière. Ben oui, mais là c'est différent.

Ce n'est pas pour écraser la Lybie, c'est au contraire pour la sauver sur le plan humanitaire de son président devenu fou dangereux. Ah bon. Sarkozy fait campagne. L'Allemagne n'est pas convaincue, l'UE la suit. Sarkozy, isolé, secondé par Juppé (Affaires étrangères), use de toutes ses influences pour faire voter la seconde résolution : on mêle Obama, le Conseil de sécurité des Nations-Unies, la Ligue arabe, Abdallah d'Arabie saoudite… Le temps presse, il faut sauver Benghazi du massacre. Sur le plan intérieur, on fait appel au nouveau penseur et philosophe BHL pour enjôler[4] l'opinion.

Tactiquement parlant, le Qatar n'est pas loin. Des patrouilles aériennes (Mirage 2000-5) sont conjointes à la France et au Qatar, qui fournit six avions sur les neuf. La France doit mettre la main au portefeuille, et la note est salée, puisque c'est le principal belligérant dans cette affaire : 320 millions d'€. Mais là non plus, le Qatar n'est pas loin. Reprenons : la cause première de la guerre pour l'opinion est l'intolérance à l'endroit d'exactions dont la responsabilité incomberait à Kadhafi. Autrement dit, sans menace humanitaire pesant sur de très nombreux Libyens pris au piège, l'axe militaire levé par la France n'aurait pas vu le jour. Pour Rony Brauman[5], interrogé par le journaliste Denis Robert[6], longtemps directeur des équipes médicales de Médecins sans frontières, qui reproche à l'Onu de trahir sa vocation de solutionneuse des conflits par la coopération, le dialogue, en redéfinissant la guerre qui devient «guerre humanitaire», concept lancé en Somalie pour la guerre de 92-93 et remis à l'ordre du jour en Libye, il s'agit moins d'invalider ce nouveau principe que de dénoncer l'invention d'énormes mensonges[7]. Il parle de «faux bombardements, faux charniers, fausses colonnes de chars menaçant de commettre un faux génocide dans la ville de Benghazi.» Aux Usa, une journaliste sceptique quant aux bombardements supposés de l'armée de Kadhafi sur sa propre population lors d'un rassemblement pacifique à Tripoli, demande aux responsables politiques de la Maison Blanche s'ils ont des éléments solides de confirmation. Or, le porte-parole avoue qu'il n'a que des communiqués de presse. Ils reconnaissent le défaut de confirmation. De nombreux journalistes de la presse internationale sont conviés à Tripoli en principe pour constater les agissements du régime.

Le journaliste français Bernard Nicolas s'est déplacé car il a voulu constater sur place si les faits étaient réels. Il rapporte pour commencer que les journalistes étaient tous cantonnés dans un hôtel de luxe : le Rixos hôtel de Tripoli. Ses confrères ne quittaient pas cet endroit et buvaient continuellement des thés à la menthe. Quant à lui, logé dans un hôtel plus modeste et libre de ses mouvements, il s'est rendu sur les trois sites où, selon les communiqués d'Al Jazeera, repris systématiquement par toute la presse européenne et jamais vérifiés, des massacres auraient été perpétrés. Il affirme que rien n'était vrai. Quant aux illustrations venant étayer les accusations qataries via sa chaîne de télévision contre la Lybie, ce sont selon lui des images d'archive prises à Fallujah en Irak.

Le Qatar, par son média diffuseur de mensonges, a donc monté la tête de l'Occident pour provoquer le chaos en Lybie. Quand Bernard Nicolas a voulu contrecarrer l'effort dés-informationnel qatari, il a reçu de Rony Brauman, susnommé, qui par ailleurs partageait son point de vue, la réponse suivante : «M. Nicolas, vous êtes inaudible. Tous les journalistes français sont partis à la guerre (donc à l'hôtel) avec le casque lourd et le gilet par balles. Personne ne vous écoutera». Il confirme en effet que sa tournée des médias n'a rien donné. R. Nicolas avait tout de même publié un article : «Jours tranquilles à Tripoli» ; Robert Nicolas contre Nicolas Sarkozy. Il y pose des questions pertinentes, notamment : «Quels liens la France avait-elle avec le Qatar avant le début de la guerre en Lybie?» Il constate que l'impulsion provoquée par Nicolas Sarkozy et son émissaire Bernard-Henry Lévy avait été décisive.

Alors que des enquêtes judiciaires lèvent le voile sur les acoquinements entre Sarkozy et le Qatar, dix ans plus tard, BHL ne regrette rien. «En ce temps-là (…) la question était de savoir si on laissait un dictateur noyer ses villes dans des rivières de sang». En revanche, l'anarchie qui a succédé à Kadhafi a peut-être été, par manque d'entretien des infrastructures, à l'origine de la noyade de la ville de Derna par une rivière d'eau et de boue suite à l'explosion de deux barrages au cours de la tempête dite Daniel.

Le régime libyen dérangeait le Qatar – écarté d'un grand contrat avec Total sur des gisements à la frontière maritime libyenne  – qui a payé la France pour s'en débarrasser. Le journaliste Denis Robert s'est procuré des documents officiels qataris de demandes de versements de plusieurs millions d'euros aux principaux intéressés, dont 9 à BHL[8], qui a attaqué son accusateur en diffamation avant d'être lui-même débouté. La coalition internationale militaire aurait très bien pu ne pas s'arrêter là et, après le renversement de la Libye, toujours sous l'influence du Qatar, traiter en série ceux qui déplaisent à ce pays et se déplacer en Syrie pour s'occuper d'Assad.

Quoi qu'il en soit, Sarkozy est soupçonné de s'être fait financer sa campagne électorale par la Lybie, et la question lui est posée à ce sujet d'une façon très directe par un présentateur de journal télévisé, sur la chaîne Public Sénat : «Avez-vous ou non reçu de l'argent liquide de Libye pour financer votre campagne de 2007 etc.»[9] L'évitement de l'ex-président restera célèbre, avec son balancement longitudinal de la tête : «Quelle indignité». Le 25 août 23, la presse[10] annonce que Sarkozy sera jugé en 2025 pour ces soupçons qui pèsent sur lui.

Un autre fait qui n'a plus de secret pour personne est l'achat de la coupe du monde par le Qatar qui a distribué de juteuses enveloppes aux principaux désignateurs. Tout s'est conclu au cours d'un repas à l'Élysée, le 23 nov. 2010, en présence de Sarkozy, C. Guéant, S. Dion, et Michel Platini, le célèbre footballeur vedette des verts des figurines Panini, côté français, et, côté Qatar, Thamim bin Hamad Al Thani, prince héritier, et Hamad Ben Jassem Al Thani, Premier ministre. Les enjeux étaient: soutenir la candidature de ces derniers pour l'accueil de la coupe de football, donc entre autres de faire voter Platini en ce sens à la Fifa, faire de la chaîne Al Jazeera Sport le gagnant de l'appel d'offres sur les droits de transmission TV des matchs, rachat de l'équipe de foot de Paris PSG du fonds d'investissement américain Colony Capital, des mains du Français S. Bazin.

Pour sa part, le Qatar achèterait des avions Mirage. Le contrat d'armement attendra pour être conclu le mandat de F. Hollande. Un homme de main qatari se rend à l'Élysée au lendemain de ce conciliabule : Ghanim Bin Saad al-Saad, soupçonné entre autres d'avoir corrompu la Fifa pour le vote du pays d'accueil de la coupe. Guéant est auditionné en juin 19, mais il ne se rappelle pas l'avoir rencontré[11]. Le 18 juin 19, Platini est mis en examen pour cette affaire de corruption[12]. Le procès s'achèvera par son acquittement en juillet 22. Non pas qu'il n'ait pas touché d'argent, mais le tribunal a considéré que ce versement pouvait ne pas être indu, d'où un doute devant profiter à l'accusé.

À la lumière de ces obscures affaires, de ces trafics de fonds colossaux et d'influences, on comprend un peu mieux pourquoi, quand le poulain du Qatar, le Hamas, s'offre une journée de Shoah en Israël, les projecteurs et autres caméras regardent ailleurs.

 

[3]  Au Guatemala, la junte militaire est renversée. En 1951, le président Arbenz annule les ententes entre l'UFC (United Fruit Company, gros exploitant des Usa), et la dictature balayée. Déjà, l'imposition d'un salaire minimum par le premier président élu, Arévalo, a été dure à encaisser pour les exploitants. Du coup, l'UFC fait du lobbying, pas en revendiquant ses droits à l'esclavage bafoués, mais en accusant Arbenz d'avoir fait de son pays un avant-poste communiste à la solde de l'Urss. Bref, Arbenz est remplacé par Armas, l'esclavage revient, les intérêts sont sauvés. Voir : http://vu-sous-cet-angle.over-blog.com/2022/11/relations-publiques-ou-comment-se-faire-berner-en-nageant-dans-le-bonheur.html

[4] Baratiner, en terme plus populaire.

[5] Attention, tout n'est pas à prendre pour argent comptant chez ce célèbre personnage. Médecin sans frontières ne connaît pas de limites. S'il a vu juste quant à certains agissements de l'Onu, il a tout faux dès qu'il parle d'Israël. Il prend notamment odieusement partie pour la population islamiste par excellence qui occupe Gaza et d'autres régions de la terre d'Israël. Il reprend le leitmotiv du Palestinien toujours affublé du qualificatif "pauvre", qui fait du Palestinien d'origine, donc du Judéen, un étranger sur sa propre terre, et donc apatride puisqu'aucune autre terre n'est la sienne, et affabule, en faisant abstraction totale de la réalité où des fanatiques toujours mus par le même culte qui pose partout problème assassinent des Juifs innocents et notamment des femmes, cause qui ne sensibilise presque plus personne si ces femmes sont juives et israéliennes. Il n'a pas dû entendre parler de la jeune mère Ita Tzour, et de son fils Ephraïm, tués par balles à Hanouka en 1996, alors qu'ils revenaient d'une visite chez le frère d'Ita, ni plus récemment d'Esther Horgen, assassinée par les protégés de cet odieux personnage en déc. 2020. Ses prises de position sont d'autant plus abjectes qu'elles sont exprimées après le 7 octobre, donc en connaissance de cause.   

[6] Interrogé par le journaliste d'investigation Denis Robert. Attention, tout n'est pas à prendre pour argent comptant chez ce journaliste, qui n'est pas sans rappeler le diodon ou fugu japonais. Ce mets de choix pour la gastronomie non-cachère de l'Empire du Soleil levant exige du cuisinier qui l'apprête une formation sanctionnée par des examens et un diplôme dûment obtenu, car il porte un poison mortel qui peut foudroyer le mortel qui le consommerait mal préparé. Ce M. Robert s'est illustré dernièrement avec un entretien de complaisance pour le terrorisme avec la tristement célèbre déléguée de l'Olp en France aujourd'hui retraitée. La complice d'Arafat dont l'introduction en Israël s'est accompagnée de la découverte de l'attentat-suicide à l'aide de bombes compactes et modernes approuve entre autres les agissements de ses comparses dans les localités israéliennes du Néguev occidental. Pour l'affaire France-Qatar-Libye : https://www.youtube.com/watch?v=RM2CcRLzxVE&t=2662s

[8] https://www.mediapart.fr/journal/france/060722/blast-bhl-et-le-qatar-ce-qu-dit-la-justice

[10] Le Monde, France-info, nouvel-obs. etc.

[11] Cellule investigation de Radio France sur Youtube https://www.youtube.com/watch?v=rwIwqcsLyBQ

[12] https://www.juriguide.com/2019/06/18/michel-platini-mis-en-examen-pour-corruption/

 

 

 

 

 

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