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29 juin 2015 1 29 /06 /juin /2015 22:28

Le site de Peki’in, en Galilée, est connu depuis l’époque talmudique. C’est là que se trouve la grotte où Rabbi Shimon Bar Yohaï s’était caché en compagnie de son fils Rabbi Elazar pour échapper à la condamnation romaine.

Aujourd’hui, il n’y a pas de communauté juive à Peki’in, chassée en 2007 par des émeutiers druzes. En 2007, donc, les habitants de la ville avaient violemment attaqué les forces de polices, suite à un début d’émeutes suscitées par l’installation d’une antenne téléphonique sur le site. L’antenne n’était qu’un prétexte. En effet, elle avait été installée dans le village juif de Peki’in, et avait été détruite par des émeutiers le mercredi 26 octobre 2007, qui avaient en même temps entièrement détruit un poulailler qui appartenait aux habitants juifs. La police n’était alors pas intervenue. Puis, les émeutiers ont jeté une grenade dans la maison d’une famille juive du vieux village. Le père de famille, miraculeusement, n’avait pas été touché par la grenade qui avait pourtant explosé juste à côte de lui.

Ce n’est que le 27 que la police a décidé d’intervenir, alors que les émeutiers s’apprêtaient à nouveau à saboter l’antenne, entretemps réinstallée. Des combats avaient alors éclaté. Les policiers avaient utilisé du gaz lacrymogène. Une autre grenade avait été jetée chez la même famille juive. Samedi soir, à une heure du matin, une autre famille a dû fuir le village sous la protection de la police. Le grand-père des enfants était venu les chercher, la voiture de la famille ayant été préalablement brûlée. La famille était rentrée chez elle dimanche dans l’après-midi. Lundi 29 au soir, des Druzes menaçants, le visage masqué, armés de fusils et de matraques, avaient terrorisé les habitants juifs en circulant dans leur quartier. Dans la nuit de lundi à mardi, à 4h00, la police est enfin venue pour arrêter des émeutiers. Cinq d’entre eux avaient en effet été pris, mais ils avaient été relâchés en échange de la jeune femme policière retenue en otage.

Personne n’avait alors parlé d’antisémitisme, ni de pogrom. Dans la nuit suivante, alors que la police était repartie et que la situation ne semblait pas devoir s’améliorer, la famille qui était pourtant rentrée chez elle dimanche comprit que les Juifs étaient devenus la nouvelle proie des émeutiers druzes. A six heures du matin, ils ont quitté Peki’in avec leurs enfants, un ami de Ma’alot qui avait passé la nuit chez eux les amena avec lui. Dans la même nuit, leur maison a été brûlée.

Les contestataires s’étaient attaqués aux policiers le 29 octobre, et l’un d’eux avait été grièvement blessé par une pierre l’ayant percuté à la tête. En tout, 37 personnes avaient été blessées : 27 policiers, sept civils et trois secouristes. Un secouriste, lui-même druze, avait même déclaré : « Quand nous sommes arrivés, nous avons secouru un policier grièvement blessé ainsi que deux autres blessés. J’ai commencé à prendre la route pour quitter le village, quand, tout à coup, des gens sur place ont fait attention à nous et une cinquantaine de jeunes se sont attaqués à l’ambulance. Ils ont jeté des pierres et ont tenté d’ouvrir les portes pour prendre les policiers. J’ai accéléré, mais un camion a surgi pour nous barrer la route. J’ai quand même réussi à sortir du village. Nous avons vu la mort en face, les manifestants voulaient nous tuer ».

Dans la journée du lendemain, la police avait procédé à des arrestations. L’événement avait fait la une des journaux, après qu’une femme de la police des gardes-frontières avait été retenue en otage et qu’une équipe avait été désignée pour parlementer avec les ravisseurs. Aujourd’hui, presque dix ans plus tard, l’association Régavim des droits de l’homme s’est adressée à la Cour suprême, s’étonnant qu’un événement aussi grave se soit terminé récemment par la fermeture des casiers des nombreux prévenus. Régavim s’était dans un premier temps adressée au Parquet, pour protester contre sa façon de traiter cette affaire. Le recours avait été rejeté par le Parquet. L’avocat qui représente l’association, Maître Amir Fisher, déclare : « Ce sont précisément ceux qui voient dans les Druzes des citoyens à part entière de l’Etat d’Israël qui ne peuvent admettre une situation où trente policiers ont été blessés et une policière retenue en otage se termine sans le moindre acte d’accusation. Le manque de motivation de la police pour s’occuper des agités fait peser un lourd préjudice aux dizaines de milliers de personnes que compte la communauté druze qui a fait allégeance à l’Etat d’Israël. » La Cour suprême s’est adressée au Parquet pour lui enjoindre de reconsidérer pour quelle raison aucun chef d’accusation n’avait été retenue suite à ces affaires.

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28 juin 2015 7 28 /06 /juin /2015 11:30

L'homme et ses sens : qui doit dominer ?

Comment expliquer que les manifestations des groupes de pression qui exploitent la problématique homosexuelle suscitent nettement plus la stupeur et la colère en Israël qu'en France, par exemple, où elles n'intéressent presque plus personne ? C'est que la lutte de ces mouvements, insidieuse, a bien plus marqué ses points sur le vieux continent occidental à la dérive.

Que faire : réagir ou se taire ?

Considérons l'attitude du citoyen a priori non concerné. En son âme et conscience, il hésite entre condamner et ne rien dire. Difficile pour lui de choisir, s'il vit toujours dans un pays libre où il est permis de se prononcer, car il est nécessairement interpelé par son sentiment de responsabilité collective. Il se trouve face à un dilemme : condamner peut signifier qu'il répond à une provocation, qu'il accepte d'étoffer un sujet ne méritant pas tant d'intérêt et enclin à retomber inéluctablement dans l'oubli sans son intervention, et ainsi faire le jeu de ces mouvements qui lui étaleront en plus une solide couche d'injures associées à toute une panoplie d'étiquettes ultra rabâchées pour le noircir de qualificatifs allant de l'obscurantisme à l'intolérance en passant par la haine, sans oublier le procès d'intention assassine à l'endroit du nouveau sexe faible. Ces mouvements veulent attirer l'attention, et toute réaction de réprobation à leur encontre leur fournit cette couverture médiatique et sociale qu'ils recherchent. Mais d'un autre côté, se taire pourrait rejoindre le dicton selon lequel qui ne dit mot consent. Un silence pourrait découler d'une lassitude, d'une fatigue ou d'un découragement, d'un courage à bout de souffle, ce qui exprimerait la capitulation du citoyen pourtant attaché à ses valeurs morales.

Dans les deux cas – l'intervention ou l'indifférence – il faut une culture solide, un référentiel inaltérable qui permettra en tout état de cause de ne pas se laisser désorienter. Les Juifs l'ont : c'est la Torah. A première vue, une société sereine et bien dans sa peau pourrait se sentir profondément vexée par cette interpellation du texte saint qui, alors qu'il exige constamment d'elle un haut niveau moral, l'appelle à l'abnégation et la pleine maîtrise de soi en toutes circonstances, inclut dans ses interdits des actes qu'il ne viendrait à l'idée de personne de commettre, telles l'adultère ou l'inceste, ou encore l'acte sexuel avec un autre homme ou un animal.

Mais il était écrit que la civilisation avec un grand C aurait à passer par tant de vicissitudes, d'encrassages des cerveaux, de modes en tous genre qu'il fallait dès le départ lui imposer un ordre, un référentiel avec repère orthonormé clairement défini dans l'espace, les préservant d'une dépravation rendue «normale», défendable et légitime par la force du matraquage. Le texte établit donc sans aucun non-dit une distinction très nette entre le bien et le mal, qui aidera à résister aux tempêtes amorales qui voudraient mettre le bien et le mal sur un pied d'égalité, l'auto-centrisme de l'individu devenant la valeur absolue par excellence, en substituant à la notion absolue du bien une notion de bien toute relative, de ce qui est bon pour l'individu à titre strictement et extrêmement personnel...

On imposera comme norme morale : «chacun son choix, chacun ses tendances, s'il aime ça, ça veut dire que c'est bien». On dira que ce sera aux autres de se séparer de leurs préjugés, autrement dit de leur référentiel, hérité dans la culture générale du judaïsme. Et c'est en pareil cas que nous nous réfèrerons tout simplement à une phrase qui nous suit et nous montre la voie depuis plus de trois mille ans, au travers de toutes les civilisations en manque de véritables repères qui s'écroulent les unes après les autres, et souvent peu après leur apogée. Notre texte inébranlable nous dit que l'accouplement entre deux hommes ou entre un homme et un animal est une abomination, et non pas une «abomination oui mais et si», dans des sociétés où tout peut être relativisé.

La terreur en «phobe», ou le recul de la liberté et de l'esprit critique en Occident

En Europe, où la liberté de penser et d'expression recule, le problème est réglé par la terreur. Vous ne savez pas si vous devez condamner ou ne rien dire, voire accepter? Le législateur répond à votre place. Le moindre mot, la moindre allusion ou clignement de l'œil – maîtrisez-vous au maximum si vous y avez une poussière au mauvais moment – et c'est la plainte, le procès, l'amende ou l'emprisonnement. Les néologismes qui ont pour suffixe phobe – islamophobe ou homophobe – sont une nouvelle arme de la terreur étatique. Qu'il s'agisse d'une affaire de religion ou de mœurs, vous devrez trouver que la religion est de paix et que l'affaire de mœurs est on ne peut plus tolérable. C'est pour cela que ce sont souvent les mêmes qui s'attaquent aux honnêtes citoyens rendus inquiets par les tendances défendues par un «phobe». A contrario, ce qui n'a pas à être défendu par les décideurs et les manipulateurs de l'opinion n'aura pas de suffixe en phobe ou en phobie, mais gardera son isme et son iste. Il n'y aura pas de sionistophobie, de communistophobie, etc. Essayez sur un traitement de texte, et le trait rouge du correcteur apparaîtra.

Le pouvoir de la novlangue a imposé la nuance suivante : les phénomènes qui ont droit au suffixe en phobe (sauf peut-être encore l'hydrophobie), doivent être vénérés ; tandis que ceux qui finissent en isme peuvent voire doivent être combattus.

L'influence déstabilisatrice de ce grabuge sur les enfants et leur devenir

Autre malheur, et non des moindres, c'est que les enfants sont eux aussi exposés à ces manifestations qui revendiquent le droit aux mœurs abominables [toéva (Lévitique XVIII, 22) en hébreu biblique]. Témoins de manifestation aux heures de grande audience, ils se renseignent : «Qu'est ce qu'ils font les deux hommes là-bas, maman?» Et que peut-elle répondre? Même si elle ose expliquer à son enfant qu'il s'agit de mœurs perverties, malades, l'idée fera son chemin, et le message qui persistera sera : «Toi aussi, mon petit, viendra un âge où tu devras choisir si c'est avec un homme ou avec une femme qui tu veux faire ta vie».

Imaginons un seul instant que ça aille mal pour lui avec celle sur qui il aura jeté son dévolu, et la conclusion qu'il pourrait en tirer. D'autant que des prédateurs peuvent se mettre en chasse de personnalités encore jeunes et faibles et leur faire rentrer dans la tête qu'ils sont des homos refoulés, tel ce curé de Haute-Savoie qui avait des années durant profité de sujets jeunes (pas trop pour ne pas tomber sous le coup de la loi qui défend tout de même un peu les mineurs), en les convainquant que leur réaction physiologique à ses titillements prouvait qu'il avait raison et qu'ils n'avaient qu'à le remercier de leur avoir ouvert les yeux en leur faisant découvrir leurs sens et leurs tendances.

L'essence du dérapage de la morale à l'Occidentale

Considérons à présent ce qui est à l'origine de ce «subjectivisme» outrancier. L'origine biblique de la morale occidentale est indéniable. Si l'Occident n'a peut-être pas accepté la Parole divine à l'instar des Israélites qui ont répondu «nous ferons et nous comprendrons», il n'en demeure pas moins qu'ils ont accepté le principe de la distinction entre le bien et le mal. Or, comme le message de ce discernement avait été accaparé par l'Eglise, qui pour régner a imposé l'interdiction de la pensée et de la recherche (la terre doit être plate) et a imposé au passage une icônolâtrie certaine, on a dans les pays humanisant jeté le bébé avec l'eau du bain. Du coup, la distinction entre le bien et le mal, qui ne dépend pas au départ d'interprétations subjectives, est ravalée au rang d'un système de préjugés, de complexes, de refoulements en tous genres, d'entraves à l'épanouissement du moi, du soi, et tout ce qui s'ensuit.

Les profondes failles d'une notion subjective du bien

Il reste singulier d'établir le constat suivant : en rejetant le principe des commandements négatifs et positifs – quoique, il est vrai, ils ne s'adressent pas dans leur ensemble à toute l'humanité – la culture européenne des dernières décennies a repris un autre principe du judaïsme, énoncé dans la Torah sous la forme de «Aime ton prochain comme toi-même», et explicité par le Talmud par l'expression «Ne fais pas aux autres ce que tu ne veux pas que l'on te fasse à toi-même», (réponse d'Hillel l'Ancien au candidat à la conversion qui voulait connaître toute la Torah sur un seul pied), pour le déformer et le caricaturer sous la forme suivante : «Je fais ce que je veux, du moment que je n'embête pas les autres».

La distinction entre le bien et le mal devient purement subjective, et il n'y manque plus que le consentement, auquel on peut ajouter la majorité légale. La société reste donc sans réponse pour protéger des adultes consentants à l'emprise de sectes et gourous nocifs, dont l'influence néfaste va du refus de recevoir des soins médicaux même en cas de nécessité majeure, pour finir avec le suicide collectif. Les instances, pour défendre leur droit à l'irresponsabilité, invoquent le principe de l'adulte libre et responsable, sans comprendre que la distinction première (bien/mal) ne fragilise pas que les enfants. Autre cas effarant qui défraya en son temps la chronique : la difficulté pour la justice, dans l'affaire de la victime consentante, en Allemagne, d'un assassinat en vue d'être dévorée par son «amant», le problème restant une fois encore l'importance quasi sacrée prise par les notions de liberté du choix et du consentement délibéré. Cette affaire a été l'expression d'une perversité dans les phantasmes reliés à la sexualité d'une perversité au-delà de l'imaginaire.

La tentative de trouver des brèches dans le Livre de la moralité par excellence

Est-ce une coïncidence si les sociétés les plus compréhensibles vis-à-vis de ce phénomène sont celles où les populations décroissent, avec 1.4 enfants par couple pour la Hollande, par exemple? Il se peut que les deux problèmes aient entre eux un lien de cause à effet. Puisque les fonctions vitales de reproduction deviennent désuètes, et qu'elles sont complètement coupée de leur finalité première et naturelle, la société n'ayant plus la volonté de perdurer, le genre du partenaire devient tout autant secondaire.

Mais le remplacement de bien ou de mal par l'individualisme qui se contente de ne plus gêner son prochain ne suffit pas. Et les partisans de la perversité, puisque c'est la Bible qui dénonce l'homosexualité, répondra non pas par une défense ou des justificatifs, mais par l'attaque, un peu comme on cherche à mettre un homme qui passe en jugement en face de ses contradictions ; on affirmera d'une manière éhontée que le personnage biblique par excellence, le roi David, aurait été en «paire» avec Jonathan, le fils du roi Saül. C'est soit méconnaître le sens obvie du texte, soit par mauvaise foi lui coller un sens qu'il n'a pas : «Je t'ai aimé plus que l'amour des femmes», dira David dans son élégie funèbre pour Jonathan. Le texte dit «plus», et non «comme». Jusqu'à une certaine époque, on apprenait encore les comparatifs et les superlatifs. «Plus» ne veut pas dire «moins», et «moins» ne veut pas dire «comme». Mais depuis que le nivellement a été fait par le bas, on se demande bien ce qu'on enseigne encore à l'école. Et puis, comment pourrait-on imposer aux élèves l'étude par la force, à la lumière (ou l'obscurité) de ce que nous venons de voir ?

Et l'option qui existe pour les gens réellement atteints

Une question se pose sur ceux qui ont été habitués à accepter l'inacceptable : «puisque c'est banni à un degré aussi fort, que reste-t-il dans le judaïsme aux personnes qui, malgré elles, en sont touchées?» Donc, puisque les notions restent objective et d'une lucidité à toute épreuve, penchons-nous brièvement sur les cas humains qui ne sont pas «faits», si l'on peut dire, pour respecter les directives de la Loi.

La Michna nous enseigne que nous devons aligner notre volonté sur la Sienne, afin qu'il aligne la Sienne sur la nôtre . Sous un certain angle, nous comprenons qu'en faisant des prescriptions de la halakha notre propre ligne de vie, D. nous aidera à y réussir. Il arrive pourtant que les envies et autres tendances humaines peuvent ne pas «coller». Arrêtons-nous un court instant sur une injonction pour le moins curieuse de la Guemara. Elle nous recommande de ne pas refuser une nourriture non cachère parce qu'elle nous révulse mais parce que cette abstention représente l'observation de la volonté de D. : «Ne dis pas : "Je n'en veux pas". Dis :"J'en voudrais bien, mais que puis-je faire, puisque le Miséricordieux l'a décrété."»

On comprend bien que le respect de la Loi peut ne pas toujours répondre avec une résonnance parfaite aux tendances de l'individu. Ailleurs, le Talmud nous parle de l'homme qui a dans sa nature une forte tendance à verser le sang . Il suggère à celui qui serait né sous une telle étoile de se faire abatteur, ou, mieux, circonciseur. Il ne s'agit donc pas, comme le prétendent les ennemis de la morale, d'annihiler totalement ses pulsions, mais de les rendre utiles ou de les canaliser dans les voies de la miçva. Sur Cheela.org, un homme un jour posa une question. Il se disait homo bien malgré lui et voulait savoir si, dans la plus grande discrétion et sans provocation aucune, il pourrait être religieusement autorisé, moyennant une «dispense», à s'adonner aux pratiques auxquelles ses tendances le poussent. Le rabbin lui a répondu que tout individu en ce monde pouvait éprouver des difficultés très dures sur un point bien précis de la Loi, qui n'est pas forcément le même pour tous. Il lui a donc enjoint d'investir ses forces dans ce domaine.

On pourrait tout aussi bien concevoir la considération de ce qui est dit au début du Code des Lois, que le Juif réveille le jour et que le jour ne réveille pas le Juif. Il est évident qu'hormis quelques cas particuliers de lève-tôt, tout fidèle qui se lève pour la prière avant le lever du soleil s'est énormément investi avant d'y parvenir, et il en est de même pour les offices des Selihot qui commencent quarante jours avant Kippour. Il serait trop facile de dire : «Oui mais toi, tu es matinal». Pourtant, la prière reste faisable jusqu'à la moitié de la matinée.

Pareillement, certains sont dégoûtés par les escargots ou les limaces, les crabes ou les scarabées. Il est donc aisé pour eux d'en respecter l'interdiction alimentaire. Pour les autres, un effort est exigé. L'homme qui doit susciter la compassion n'est donc pas celui dont la tête se trouve à la verticale de ses sens, qui les domine et les exploite, mais celui qui se laisse exploiter et dominer par eux. Se montrer obéissant envers ses tendances en adoptant le principe d'un ancien tube depuis longtemps démodé mais dont les effets vraisemblablement persistent, «chacun fait (bis ter) ce qui lui plait (bis ter)», peut aussi bien conduire l'individu à l'anéantissement par la soumission à la paresse. On commence par ne pas dominer ou canaliser ses instincts et ses pulsions, puis on tombe dans l'inactivité la plus absolue.

Certains finissent par se débarrasser de la deuxième facette du principe : «du moment qu'on n'ennuie pas les autres»

Ou alors, on se débarrassera, quand tout deviendra ennuyeux, y compris la transgression grisante dans un premier temps de l'interdit, du second volet de l'axiome : «du moment qu'on n'embête pas les autres». L'individu, blasé après avoir été un instant grisé, en vient à s'ennuyer de tout. Les départs de plus en plus nombreux pour l'Irak et la Syrie via la Turquie répondent à un besoin de tuer, de violer et de décapiter, qui présente en Europe un problème parce qu'il faut tout de même reconnaître qu'il empiète sur la liberté de son prochain. Mais il paraît que même de cela, on peut se lasser, quand, après avoir abattu tous les interdits pour laisser parler tous les phantasmes, on se retrouve en plein cauchemar et qu'on se languit des bonnes vieilles valeurs adoptées jadis par l'Occident. Et en ce qui concerne les élèves réfractaires et indisciplinés qui veulent seulement qu'on les laisse libres de ne rien faire, de ne rien apprendre et de ne pas s'instruire, continuera-t-on à les comprendre avec bienveillance, ou prendra-t-on au sérieux le vieux dicton : «L'oisiveté est mère de tous les vices»?

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8 mai 2015 5 08 /05 /mai /2015 11:59

~~לאחרונה, היהודים ממוצא אתיופי עשו את הכותרות. אני לא אוהב לעשות הכללות, ואני אכן לא מכיר אישית הרבה אנשים בעדה כדי שמה שאני אומר ייחשב למידע מדעי. אבל את כל מי שאני מכיר בעדה האתיופית הוא אדם עדין עם הרבה בושת פנים, המשדר תחושה של רוגע ואהבת ישראל. אלא שבאהבה לא מנצחים. אלא שרק אחרי שיצאו לרחוב וחסמו כבישים, רק אחרי שלא נכנעו להזהרות והאולטימאטומים של המשטרה, כשהם לא התפנו מרצון, הם משכו תשומת לב גם מאלה שמעולם לא הסתכלו עליהם ולא התייחסו למצוקותיהם. התעורר כלפיהם חשבון נפש עד לנשיא המדינה והם גרמו להתרגשות בכל הקשת הפוליטית. גם בעולם הרחב כולם פתאום קפצו ודאגו ל"כושים" של היהודים. נכון שבקרב האומות יש הרבה צביעות. כי

אצלנו גם האתיופים הם יהודיים, לא פחות מעולי צרפת או אמריקה ; וכן אל נשכח שישראל העלה אותם מן היבּשה היבשה, כשבעולם המערבי השאירו את בני דתם רחוקים מהעיניים ומהלב, והסתפקו לחבר שירים עצובים שהם שרו בבכי ובדמעות תנין. השיר "אנחנו העולם" באנגלית ו"שיר למען אתיופיה" של צרפת עדיין מהדדים בזיכרוננו. הבה נדון כעת בגופו של עניין. מדובר בגזענות שוטרים.

מראיינות שהתפרסמו בתקשורת, עולה שהרבה שוטרים לא שמו לב לגוון העור, ושמבחינתם יהודי אתיופיה הם ראשית כל אחיהם. דברים דומים נשמעו כשרואיינו פה ושם בארץ שוטרים שהוזעקו להכות במפגינים או לזרוק אנשים מביתם כשהם "לבנים" לכל דבר : יהודים תושבי יהודה, בנימין, אפשריים והשומרון. אכן כאן מדובר בתת-קבוצה אחרת השייכת גם היא לעם היושב בציון. אז מדברים על המתיישבים או המתנחלים. המונח לא צריך לבייש אותנו, כי אנחנו גאים לקיים : "והתנחלתם את הארץ", כך שהמושג "מתנחל" הוא רחוק מלהיות רק תרגום מילולי של המושג שלכאורה מקביל בלועזית. ובכן : כשיהודי עמונה הוכו על ידי שליחי אולמרט וכששלוש המשפחות במגרון נזרקו ממיטתם לפנות בוקר, במינוס אחד, על ידי ברק, שרו של נתניהו, הופעלה אלימות משטרתית שאסור לנו להתעלם מהפן הגזעני שבה : גם "אתיופים" הוכו, וגם "מתנחלים" הוכו.

כאשר, לפני כשבוע, הונפו דגלי אש"ף בכיכר רעבין בתל-אביב, נשאלת השאלה : כמה מפגינים נפצעו וכמה הובאו למעצר? אפס. למרות שהנפת דגל אש"ף היא עבירה חמורה על החוק, שהרי המחזיקים בו מבקשים להרוג ולאבד וכו', ולהניח את דגלם תחת דגלינו, ד' יצילנו. אם כן חייבים להבין ולהודות אפוא שהגזענות היא לא על כושים או לבנים אלא על יהודים או ערבים. האלימות הגזענית הפוגעת בזכויות האדם ואי הצדק הזועק לשמים אינן מופעלת כי אם כלפי היהודים, כשהערבים נהנים מיחס לא גזעני. ובקשר ל"בכוח" ננצח, האם המתנחלים צריכים להגיב בכוח? ייתכן. אבל ייתכן גם שהשלטון יחריף את רמת הבעת הגזענות כלפיהם, כי הם לבנים ובטח שהם לא יזכו לאהדה עולמית כפי שיוצאי אתיפויה זכו לה. הפתרון הוא, כשאי הצדק רומס את זכויות העם היהודי בלב ארצו, לאייש את הבתים שסומנו כטרף למשחית המשתולל בניצול העדר הסדרת חוק להגנת הזכויות, במתנחלים יוצאי אתיופיה. או אז כשיבקשו לשלח בהם את היס"ם ואת הדחפורים, התמונות ממש לא תיראינה יפות בעיני העולם, ואז יש סיכוי שהם יחשבו פעמיים ושהרס יימנע. שבת שלום

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24 avril 2015 5 24 /04 /avril /2015 09:03
Quel antisémitisme menace-t-il Israël aujourd'hui ?

Réflexion sur les trois semaines de Pessah à l'Indépendance, en passant par le Yom Ha-Shoah et le jour du souvenir

Proximité de Pessah et du Yom Ha-Shoah :raison technique

De Pessah au jour de l'Indépendance d'Israël, presque trois semaines s'écoulent.

On pourrait pour un peu y voir l'accomplissement d'un processus : de la sortie d'Egypte à l'indépendance en terre d'Israël, une montée qui semble répondre à la descente, en trois semaines elle aussi, qui s'écoule sur trois semaines, de la brèche de la muraille à la destruction du Temple.

Nous l'écrivîmes tantôt, si le jour du 27 nissan a été désigné en Israël pour commémorer la Shoah, c'est que, en 1955, l'année où il a été adopté, la date européenne du déclenchement de la révolte du ghetto de Varsovie dans le calendrier européen a coïncidé avec cette date hébraïque, fixée à partir de ce jour. Et, bien qu'elle eût éclaté à la veille de Pessah 43, sa commémoration ne dépasse dès lors la fin de la fête que de quelques jours. Le travail de Yad Vachem est admirable d'exactitude et de rigueur : chroniques, dates, lieux, identité des victimes, documents officiels, etc., le centre du souvenir de la Shoah rassemble et édite en outre de nombreux ouvrages dès qu'ils touchent au peuple juif et à cette période sombre de son histoire. La créativité des institutions, des écoles, des mairies, des médias même, est intarissable : les cérémonies du souvenir se suivent d'année en année mais ne se ressemblent pas, et chaque fois des témoignages inédits interpellent l'intérêt et l'émotion.

Le Premier ministre, sensible à l'indifférence du monde libre vis-à-vis d'un Iran qui prépare sa bombe atomique, et dont les intentions génocidaires envers Israël ne sont inconnues de personne, exprime à la forme interrogative qu'il déplore que ce même Occident n'a pas retenu la leçon. De la Knesset au Congrès américain en passant par Yad Vachem, il n'a de cesse de prononcer des discours appelant le monde à une prise de conscience. Mais au lieu de se poser la question à l'endroit des autres nations, pourquoi ne pas l'adresser en premier lieu à nous-mêmes ? Qu'avons-nous, de retour sur notre terre, retenu des déboires de notre histoire ?

D'aucuns l'ont dit : la leçon que nous, peuple juif, devons retenir, c'est que personne ici-bas ne nous défendra contre la cruauté la plus diabolique, qui, là où elle ne rencontre pas de soutien ou d'accord tacite, pourra toujours tirer partie de l'indifférence. Forts de cette compréhension, cette leçon, sur le plan pratique, consiste à nous assurer nous-mêmes de notre défense, sans jamais compter sur qui que ce soit d'autre. Or, non seulement le pays d'Israël ne peut compter sur quelque civilisation humaine que ce soit pour être défendu, mais il protège de surcroît en se chargeant de son propre salut bien d'autres nations, à commencer par l'Occident garant en principe ne serait-ce que théoriquement sur son sol des droits de l'homme et du citoyen. En bombardant Osirak, Israël lui a effectivement permis de se mesurer à l'Irak de Saddam Hussein et d'en découdre au second round.

S'il a fallu qu'Israël intervienne pour soustraire l'Occident d'un Irak à l'iranienne, on peut comprendre aisément qu'a fortiori aucune coalition ne l'a jamais défendu. Il a toujours dû se débrouiller tout seul, y compris lorsque des clauses internationales devaient garantir sa sécurité : Nasser ne chassa-t-il pas d'un revers de la main les forces onusiennes, et n'avons-nous pas vu avec quelle facilité le Liban est passé outre la résolution 1701 qui devait garantir le non réarmement du Hezbollah ? Il se pourrait que l'Occident n'ait retenu aucune leçon, mais est-ce le plus important ? Si, aujourd'hui, quelqu'un peut faire évoluer les choses ici-bas, à part Israël, on ne voit pas : Osirak, Qom, Iran, même combat, et, qu'on le veuille ou non, même combattant. Le discours de Netanyahou est vrai et juste, mais notre leçon, c'est que le discours n'a de valeur que s'il sert de préambule aux actes : «Tout celui dont les actes sont plus nombreux que les paroles, ses paroles se réalisent». Le discours n'est à sa place que s'il justifie une action dans un avenir immédiat. Proximité de Pessah et de Yom Ha-Shoah : un message providentiel La proximité du Yom Ha-Shoah et de la Haggadah de Pessah devrait nous interpeler sous un angle nouveau. Laissons de côté l'aspect purement technique du choix de la date, évoqué plus haut. La commémoration de la Shoah, la richesse de la documentation et des témoignages, ainsi que la sanctuarisation et la numération de toutes ces données pour qu'elles ne tombent pas dans l'oubli, malgré leur aspect indispensable à la mémoire et à la prudence qu'elle doit inspirer, reste limitative. Le «plus jamais ça» qui l'accompagne a l'air de vouloir dire : «Il ne faudrait surtout pas qu'un parti nazi, voire portant un autre nom, prenne le pouvoir en Allemagne et remette ça» ; comme s'il s'agissait de la seule menace.

Cette supposition n'est pas vaine : l'Europe reste sensible à toute possibilité de recrudescence du nazisme ou de son extrême droite, alors qu'elle regarde d'un œil condescendant voire bienveillant le nouvel antisémitisme qui frappe sur son sol. A la limite, la menace peut se décliner en : « Attention, l'Iran prend le relai et menace les six millions de Juifs qui vivent en Israël. »

Essayons de nous arrêter un instant sur une phrase que tout Israël a lue à la table du Seder : «En fait, à chaque génération, on se lève contre nous pour nous exterminer, mais le Saint béni soit-Il nous sauve de leurs mains.» Les tentatives de l'époque biblique sont consignées comme leur nom l'indique dans la Bible. Toutes ne font pas l'objet d'une commémoration. Si la délivrance de l'oppression pharaonique et la tentative d'Aman sont célébrées à Pessah ou à Pourim, voire quotidiennement pour la première dont le récit est chanté à l'office du matin, l'annulation de la menace de Sennachérib, à l'époque du roi Ezéchias, se confine dans le texte. Les Sages du Talmud le regrettent, car ce dernier roi aurait bien pu, s'il avait entonné un cantique, mériter d'accéder au niveau de roi rédempteur, et répondre à l'aspiration messianique d'Israël. D'autres tentatives retiennent moins l'attention de l'opinion israélienne, bien qu'elles soient profondément ancrées dans la conscience collective nationale. Contentons-nous de citer la terrible épreuve des croisades et de l'inquisition. Il apparaît donc que la leçon que nous avons à tirer des vicissitudes de l'exil n'est pas de nous méfier en particulier de l'Espagne ou du Portugal, de l'Allemagne ou de l'Ukraine, mais d'identifier sans nous tromper d'où vient le danger : la Haggadah nous enseigne qu'à chaque génération, on se dresse contre nous.

A nous de trouver à quoi ce pronom indéterminé se rattache. Ensuite, il nous faut ne pas oublier la proposition principale. «A chaque génération», on peut aussi traduire «époque», c'est le complément circonstanciel de lieu. L'essentiel, c'est que D. tire les ficelles de l'histoire, sans quoi «la brebis ne pourrait survivre au milieu de soixante-dix loups». Aujourd'hui, le Portugal propose la nationalité de son pays aux descendants des Juifs martyrisés par ses ancêtres. Juan Carlos, en 1992, soit cinq cents ans après l'expulsion des Juifs d'Espagne, a officiellement demandé pardon à l'Etat d'Israël. L'Allemagne lui verse des indemnités, et fait tout pour éduquer ses jeunes générations pour qu'elles prennent conscience du terrible chaos provoqué par ses crimes. Bien entendu, tout cela n'enlève rien au devoir de mémoire. Et il est tout aussi évident qu'il ne faudrait pas se laisser attendrir, en se figurant qu'aujourd'hui tout le monde est gentil, et que l'on pourrait remettre ça comme en l'an quarante, en se réinstallant dans ces pays qui ont (ou auraient) définitivement compris qu'ils n'ont aucune raison d'en vouloir en Juifs. (Or, quel pays opte pour une toute autre attitude ? le Maroc. Son souverain vient de se déclarer prêt à supprimer la nationalité marocaine aux Juifs repartis de son pays pour Israël. Ce pays n'a en effet jamais renoncé à ses vues sur la capitale éternelle du peuple juif. )

Sans chercher à se faire l'avocat de toutes ces nations qui ont persécuté les Juifs, on peut se poser la question suivante : à quand remonte la dernière fois qu'un nazi a tué un Juif, qu'un Espagnol a fait monter un Juif sur le bûcher ? Il ne s'agit bien entendu pas d'être trop confiant, mais le danger aujourd'hui est-il identifié réellement ? Les Allemands ont tout fait pour exterminer les Juifs jusqu'en 1945, mais en 1948 ils ont reconnu l'Etat d'Israël. Les crapules les plus dures qui se trouvaient à leur tête ont été tuées pendant la guerre, jugées et condamnées au procès de Nuremberg, ou se sont enfuies pour continuer à faire le mal en Amérique latine. Si Eichmann y a été arrêté, d'autres y ont fait de vieux os. Elles sévissent encore aujourd'hui : c'est à Buenos Aires qu'a été perpétré l'un des attentats antisémites les plus destructeurs de l'époque post-armistice, en 94, et c'est toujours en Argentine que le pouvoir n'a pas la conscience tranquille quand à l'assassinat tout récent du juge Nisman qui diligentait l'enquête et devait mettre en cause la présidente Kirchner. Plus de vingt ans après les faits, il semble bien que l'Iran impliqué profite d'une complicité tacite en Amérique latine, ce qui abonde dans le sens du passage des disciples du nazisme sous d'autres cieux.

Les Arabes, qui ont prêté main forte aux Allemands de l'époque hitlérienne, n'ont à aucun moment exprimé le moindre regret, ni en 48, ni encore aujourd'hui. Avec 31 victimes en Israël, entre le soixante-sixième et le soixante-septième anniversaire de son Indépendance, l'antisémitisme y reste le plus virulent dans le monde. Le danger n'a pas décru, et leur position reste globalement la même depuis l'entente entre le mufti Amin Husseini et le leader nazi. Aujourd'hui encore, le leadership arabo-musulman est partagé entre le déni de la Shoah – pas question de faire ressortir la déshumanisation des antijuifs – et la jubilation – quelle réussite admirable ! Et un Iran d'obédience musulmane peut simultanément nier la Shoah et lancer un concours de caricatures sur le sujet.

Le danger antisémite aujourd'hui

Si le dernier assassinat d'un Juif par un Allemand peut remonter à soixante-dix ans en arrière, le dernier assassinat d'un Juif par un Arabe remonte quant à lui à moins d'une semaine. Mais les yeux restent fermés sur l'avertissement pourtant clair de la Haggadah: il y a deux générations, le «on» qui cherchait à nous détruire était l'Allemand, aujourd'hui, il s'agit de l'Arabe. Dès que celui-ci en a eu les moyens, il n'a pas eu besoin de chambres à gaz pour tuer des Juifs : il a suffi du relâchement de la vigilance, due à l'euphorie hallucinatoire des accords d'Oslo, pour que des autobus ou des salles de restaurant fassent l'affaire. Pourquoi faut-il que le danger menace six millions de Juifs pour que nous commencions à nous réveiller ?

Les Allemands ont anéanti six millions de Juifs, l'Iran menace d'en faire autant. Pourquoi un jeune Juif assassiné parce qu'il est juif n'émeut pas plus que ça l'Etat d'Israël? Les valeurs de notre morale ne nous enseignent-elles pas qu'un seul être humain vaut tout un monde ? Si même chez les nations l'on proclame : «Qui vole un œuf vole un bœuf», qu'est-ce qui empêche Israël de proclamer : «Qui vole la vie d'un Juif vole la vie de six millions de Juifs»? La fixation quasi exclusive sur l'Allemand des années quarante, et le silence au regard de la considération de la haine du monde arabe contre Israël, nous montre une fois encore que nous ne sommes pas prêts à comprendre le message de la Haggadah sur chacune des générations de notre histoire. Tel chasseur de nazis ou gouvernement démocratique a réussi à rattraper tel nazi âgé de près d'un siècle, et on le félicite, au moment même où des tueurs de Juifs d'aujourd'hui obtiennent en masse la grâce présidentielle. où ? Au sein même de l'Etat juif.

Penchons-nous à présent sur le traitement radicalement opposé, chez les victimes potentielles, des milieux desquels proviennent les assassins de Juifs. Il arrive certes que tel assassin haineux soit tué au moment où il perpètre son forfait. Mais que devient le terreau qui le fait pousser, comment considère-t-on la nébuleuse ou l'eau savonneuse d'où les tueurs s'échappent tels de nouvelles planètes ou des bulles de savon ? Cette population est inlassablement mise hors de cause, choyée, dorlotée, plainte à l'avance d'avoir à subir l'image que ne manquent pas de projeter sur eux les tueurs de Juifs. On traite l'Allemagne des années 30 et 40 en expliquant comme de bons sociologues comment le contexte de propagande et de haine a produit des individus inhumains prêts à achever à coups de crosse des civils épuisés dans des camps. Mais jamais on ne soulève le problème analogue qui fait qu'un Arabe peut aujourd'hui prendre un couteau ou une voiture et se précipiter sur un jeune couple sur le point de se marier, à Tel-Aviv ou à Jérusalem, avec non seulement l'intention de semer le malheur mais également de limiter la natalité des Juifs.

Les victimes et leur entourage sont transformés maladivement en responsables de la haine qui les touche. «Si vous ne les haïssiez pas autant, jamais ils n'en viendrait à de telles extrémité». Cette allégation, l'entend-on aujourd'hui vis-à-vis des Allemands de la période 33-45 :«Si vous, les Juifs, ne les aviez pas autant haïs et méprisés, jamais ils n'auraient projeté la solution finale»? La position unanime des médias dans le déni de l'antisémitisme actuel D'une victime du nazisme, tous les médias sont à l'unisson pour dire ou écrire : «Untel, assassiné par les Allemands.» D'une victime de l'islam, on dira et écrira : «Untel, mort dans un attentat». Perpétré par qui ? «Chut… pas de provocation.» Pour le premier on ajoutera la mention : «Que D. venge son sang» ; et pour le second : «Que son souvenir soit béni.» En principe, dans la tradition rabbinique, la première formule suit le nom d'un Juif assassiné pour sa judéité, la seconde en cas de décès provoqué par un autre facteur. Or, si malgré tout on se conforme à ce principe et que l'on dise ou écrive : «Untel, assassiné par les Arabes, que D. venge son sang», on entendra s'insurger et se rengorger les moralisateurs de service : «Il ne faut pas généraliser, il y a parmi eux des gens très bien».

Et le comble, l'auteur de la formulation pourra même être accusé de racisme !!! Autre formule qui vient endormir les cerveaux : si, partout dans le monde, les actes antisémites sont dénoncés comme tels, on fera en sorte en Israël de donner l'impression qu'il ne saurait en être question. Les journaux, toutes tendances politiques confondues, titreront : «attentat de motivation nationaliste». Mais au nom de quelle nationalité ? Les tueurs de Chalom Cherki הי"ד et des hommes en prière à Har Nof n'avaient-ils pas été acceptés les bras ouverts par Israël, qui leur a accordé dès leur naissance la nationalité et tous les droits que ça implique ? Et pourtant, les mêmes accusateurs qui n'hésitent pas à qualifier de racistes ceux qui appellent un chat un chat acceptent paradoxalement peut-être que l'on accuse toute l'Allemagne dans un même amalgame. Certains diront qu'ils ne supportent pas la langue allemande, en raison de ce qu'il s'y est passé, mais ils n'auront rien à redire contre l'arabe, l'espagnol, le portugais, l'italien petit-fils du latin de Titus ou encore le français de Laval et des croisés. La question peut et doit être posée : qu'est-ce qui fait que le contexte arabe qui produit les assassins les plus abjects de notre époque est tellement ménagé, alors que l'on considère n'importe quel Allemand d'un regard lourd de sens ?

Pourtant, il y a eu en Allemagne des gens qui ont caché des Juifs, et des citoyens allemands qui ont été pourchassés par le régime nazi tout comme aujourd'hui des Arabes sont pourchassés, torturés et exécutés par d'autres Arabes. Quand le tribunal décide que les Juifs ont tout à fait le droit de prier sur leur lieu le plus saint, la police enfreint sa décision pour éviter l'embrasement. Serait-ce à dire que l'on obtiendrait tout avec la violence ? en d'autres termes, aurions-nous appréhendé la nation allemande avec plus de respect et de circonspection, si le dernier assassinat d'un Juif par un Allemand s'était produit avant-hier ?

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26 janvier 2015 1 26 /01 /janvier /2015 21:48
Pourquoi Charlie Hebdo ne s'est pas protégé

La France de demain ? Quelle France de demain ?

Beaucoup estiment que le journal Charlie Hebdo aurait pu prévenir l'attaque soit en déménageant dans un lieu plus sûr, soit en blindant ses locaux. A l'instar des institutions israéliennes menacées sur le sol français, il aurait dû installer une entrée à double-porte blindée avec un sas où un garde campé de côté derrière une vitre pare-balles interroge et examine les arrivants. C'est ainsi que le volontariat civil a pu accueillir des citoyens on ne peut plus simples qui ont pu se sentir un instant plongés malgré eux dans une affaire d'espionnage.

Pas de discrimination chez les caricaturistes

Mais peut-être le journal se sentait-il à l'abri des attaques physiques, comme protégé par une sorte de neutralité qui le faisait s'attaquer à toutes les religions sans distinctions, sauf peut-être envers une religion assez particulière, dans la mesure où elle représente en sus d'un culte un peuple et un Etat. Ce léger déséquilibre au détriment des valeurs d'Israël aurait logiquement dû inciter certains caricaturés, qui auraient pu se délecter de dessins comiques allant jusqu'à donner raison à un mouvement terroriste adulé, le Hamas, au détriment d'Israël, à camper sur une position de non-agression. L'hebdo tape sur tout le monde, il n'y a donc pas de raison de se sentir particulièrement visé.

Penchons-nous à présent sur le cas des Juifs. S'ils sont haïs assez unanimement par l'i-slam ou en tout cas par ses représentants officiels, mais ouvertement largement moins par le catholicisme, leur pays l'est par les deux. L'antisionisme représente cette facette de l'antisémitisme en général qui est tout à fait tolérée aussi bien en Europe éclairée que dans le monde musulman. La France a tellement pris l'habitude de comprendre et cautionner la haine d'Israël – entendez le pays – qu'elle se montre on ne peut plus tolérante lorsque des manifestants aux tendances émeutières voire meurtrières, motivés par ce qui ne saurait être autre chose que de l'antisionisme, se laissent aller à des débordements d'abord verbaux qu'elle ne considère tout au plus que comme des écarts de langage, et que sa liberté d'expression légendaire autant que sélectivement débonnaire ne saurait interdire. Crier mort aux Juifs parce que l'on est énervé par ce qui se passe en Israël par identification au mouvement terroriste qui bombarde les civils jusqu'à Tel-Aviv et Jérusalem se conçoit tout à fait ; ce n'est pas un vrai «mort aux Juifs». Ce n'est pas ce qu'ils veulent dire. C'est tout au plus un lapsus non révélateur secondaire, circonstanciel, dicté par la conjoncture. C'est un «mort aux Juifs» tolérable, et puis Israël est un pays tellement méchant…

Qu'est-ce qui fait la différence entre le «mort aux Juifs» arabo-islamique et le «mort aux Juifs» classique ?

La culture qui marque la mémoire collective et met en exergue les traitements terrifiants subis par les Juifs en Europe ignore délibérément les exactions non moins terrifiantes perpétrées contre eux au Maghreb ou dans certaines contrées orientales. C'est ce qui établit une distinction entre un «mort aux Juifs» européen, considéré à raison comme extrêmement dangereux, et un «mort aux Juifs» bon enfant dont les personnes visées ont tort de s'alarmer.

Et pourtant, lorsque le second s'avère non moins meurtrier que le premier, quand moins de six mois séparent d'une part les slogans pro-Hamas et l'inquiétude bien réelle des fidèles de la rue de la Roquette, et d'autre part les tueries de l'hebdomadaire et du supermarché cachère, le président français ne trouve rien de plus urgent que de déclarer que les premiers à souffrir de la situation préoccupante ne seraient autres que les… musulmans, qui risquent d'être stigmatisés pour leur appartenance pourtant fortuite à la religion qui perpètre les crimes un peu partout dans le monde, sauf peut-être au Groenland.

Le premier ministre français, de son côté, ne sait pas non plus sur quel pied valser. Il invective les gardes de Netanyahou dans un lieu de culte où le moindre respect exige la retenue ; puis il se met à évoquer l'importance de la place des Juifs en France ; désigne sans peur ni reproche l'antisémitisme islamiste, reconnaît que la cause dite palestinienne alimente l'antisémitisme avant de confirmer pour finir que son pays n'éprouvera pas le moindre remord pour l'erreur ou la faute d'avoir soutenu encore une fois ladite cause par le vote de la France en faveur d'un Etat terroriste à la demande du patron du Fatah. Alors, M. le Premier ministre, en quoi la France sans ses Juifs ne serait plus la France ? Elle mourrait d'ennui, faute de pouvoir s'organiser en deux camps, dreyfusards et antidreyfusards, par exemple, ou pro sionistes et antisionistes ?

France d'aujourd'hui ou France de demain ? La réaction à l'islamisation est-elle trop tardive ?

Mais contrairement à une classe dirigeante qui veut noyer le poisson, certains politiciens ou intellectuels semblent se réveiller, tirer la sonnette d'alarme, tels ces deux élus de gauche pour qui le laxisme envers la menace de l'islamisation était à mettre sur l'immense force d'absorption d'une France qui en une ou deux générations était habituellement capable de gommer les différences de cultures et de cultes pour que tout se fonde harmonieusement en ce seul et même creuset de la culture française démocratique et républicaine. On peut lire des phrases percutantes chez les défenseurs des valeurs de tolérance du type : «Si nous ne préservons pas la France d'aujourd'hui, nous ne pourrons garantir le caractère de la France de demain.» Mais il faut croire que la France d'aujourd'hui n'est autre que la France de demain, ou alors que la France a déjà un pied dans demain. Elle se divise en deux pays, la réaction à la tuerie de Charlie a agi comme un révélateur argentique. Il y a une France républicaine en gros préservée : celle des pancartes du «Je suis Charlie » ; et une autre France, celle des pancartes du « Je suis Kouachi » (que l'on pourrait lire sans rire : Quoi? Chie, sans rabaisser le niveau du présent exposé). Peut-être que les intellectuels précurseurs de l'avenir veulent-ils déjà dire que la France de demain pour laquelle ils s'inquiètent se réduit d'ores et déjà au territoire des «Je suis Charlie.»

La difficile condition des Juifs : sont-ils ou ne sont-ils pas Charlie ?

Et les Juifs, dans tout ça? Sont-ils Charlie, du moment qu'il est certain qu'ils ne sont pas Quoi… ? Qui n'a fait le rapprochement entre les anagrammes en lettres bibliques d'Israël et de Charlie ces derniers jours ? Qui n'a brandi la similitude des deux graphies hébraïques discernables même par les non-hébraïsants? Dans les circonstances particulières qui jettent les Français qui gardent la tête haute dans le même panier que les Juifs, dans cette théorie des ensembles, l'islam conquérant devient l'ennemi commun. Or, comme nous posions dans le passé la question, les ennemis de mes ennemis sont-ils nécessairement mes amis? Pourrions-nous sans risque d'erreur établir une théorie des ensembles qui mettrait sur un pied d'égalité Charlie et Israël? Charlie, détesté à mort par l'ennemi des Juifs, deviendrait-il l'ami des Juifs? D'ailleurs, les membres et sympathisants qui colonisent Gaza et prônent le génocide sont persuadés à plus de 80% qu'Israël est derrière Charlie Hebdo. Un député arabe a même joué les caïds en menaçant le libraire Steimatsky s'il ne retirait pas le journal français de la vente. Après tout, deux des victimes sont juives, bien que leurs corps n'aient pas été rapatriés à Jérusalem, mais c'est une autre question.

Quoi qu'il en soit, méfions-nous des apparences. Sur le plan de l'écriture, une graphie du même type rapproche, toujours en hébreu, des termes aussi éloignés sémantiquement que la tradition et l'enfer, la première (מנהג) devant préserver du second (גהנם) (excusez la différence provoquée par le ם final).

Sans Juifs, pas d'antisémitisme ?

Nous connaissons tous la théorie suivante sur la fin de l'antisémitisme comme l'a montré l'exemple de la Pologne. A partir de quel moment la Pologne a-t-elle cessé d'être antisémite? A partir du moment où non seulement ses trois millions de Juifs ont été anéantis, mais aussi après que les quelques rescapés revenus sur son sol en eurent été chassés. Pas de Juifs, pas d'antisémites! C'est d'une même démarche que relève la déresponsabilisation de l'islam en tant que religion par le président français Hollande. Pour lui, la principale menace consiste dans la dessillassions des yeux de l'opinion non musulmane qui pourrait ressentir un rejet généralisé contre tout ce qui se rattache à l'islam de près ou de loin.

C'est toujours la faute des victimes : des Juifs, nous l'avons vu, car sans Juifs pas d'antisémitisme ; et des Français blancs. Aujourd'hui, français ou juif sont des termes qui servent d'insultes dans les cours de récré des écoles largement fréquentées par la tierce partie de la population, autrement dit presque toutes les écoles publiques. Le Français de souche irrite l'islamiste. Pour éviter cette profonde et violente irritation, la solution serait que le Français de souche n'existe plus, ou qu'il se fasse à défaut tout petit. Pas de Français, pas d'anti-France! Hollande est certainement sincère dans son analyse. On ne saurait le soupçonner de lorgner sur les voix des islamistes pour 2017, car chacun sait que ce serait la dernière fois qu'un non-islamisant pourrait à ce rythme exponentiel être élu à la tête de la France, tant que le territoire «Charlie» et le territoire «Quoi etc.» restent étroitement jumelés. A moins de le soupçonner de courte vue, ce qui serait malhonnête. Ou alors de le soupçonner de vouloir suivre le modèle de Ben-Ali et de partir au dernier moment avec un maximum d'argent dès le jour où ça bardera… pour lui.

La présence du Juif est-elle de la provocation ?

Les pro-islamistes ont dans leur arsenal un argument abasourdissant. Les accords d'Oslo, connus sous le nom largement admis d'accords de paix, ainsi que les concessions israéliennes, étaient à première vue le prix à payer par Israël pour la reconnaissance du droit à son existence par ses ennemis acharnés, qui étaient censés d'après Pérès et d'autres penseurs n'attendre que cela pour la paix. Mais pour certains, Israël aura toujours tort, et au lieu de blâmer ou au moins déplorer la terrible recrudescence de la promotion de la solution finale par l'Olp et ses islamistes qui brûlaient sans même les déporter les Israéliens par bus ou restaurant complet tous les deux jours, ils ont rétorqué : «Ils ont peut-être continué à se faire exploser au milieu des civils, mais les Juifs ont continué à construire.» Que signifie ce parallélisme ? A nouveau, le Juif, en existant, agresse l'antisémite. A la rigueur, en serrant les dents, l'antisémite aurait pu se contenter de la quantité de Juifs déjà existante ; mais la voir s'agrandir, s'affermir, s'étendre sur la terre d'Israël et la faire refleurir, alors qu'il l'avait cru définitivement désertifiée de la présence juive, c'est absolument insupportable.

~~Le mufti Husseini s'était plaint auprès d'Hitler du danger qu'il voyait dans le maintien en vie de 4500 enfants juifs de nationalité bulgare (il s'adresse en 43 à von Ribbentrop, nous y reviendrons b.n lors d'un prochain développement), qui devaient être rapatriés en Palestine munis de papiers en règle des autorités de ce pays. L'arrivée de ces enfants était selon lui une menace existentielle pour le monde musulman. Aujourd'hui, dans la même optique, certains ne supportent pas de voir des âmes, peut-être celles de ces enfants que le mufti avait réussi à remettre à l'ordre du jour et à faire exterminer, s'établir à Jérusalem et y vivre dans la paix et la sécurité.

Une caricature qui aurait dû apaiser les islamistes

Peut-être que Charlie, en se faisant le porte-drapeau, ou le porte-caricature de cette vision des choses, pensait-il échapper à la haine active de la religion doctrinale de Husseini. Un Juif qui veut vivre, croître, apporter des enfants qui une fois grands auront besoin de nouveaux appartements et constructions, est-ce du terrorisme? Selon Husseini et tous ceux qui allèguent que sans Juifs il n'y aurait pas d'antisémitisme, il faut croire que oui. Et les maisons dont les Juifs ont besoin pour s'établir, les jardins, les arbres, la reculée du désert, tout cela est assimilable à du terrorisme, au point d'être considéré comme bien plus préoccupant que les ceintures de bombes islamiques. Il suffit pour le constater de compter les résolutions anti-israéliennes chaque fois que les Juifs veulent construire une maison de plus chez eux, ce «chez soi» que d'aucuns voudraient voir rattaché au territoire infini de l'i-slam, et l'absence de résolutions contre ceux qui produisent les attentats contre ces mêmes Juifs.

Charlie, donc, il n'y a pas si longtemps, affichait sur la gauche de l'un de ses dessins un Juif, tel que le présentent les caricaturistes du monde arabe, avec barbe, papillotes, costume et chapeau, entouré d'une ceinture d'immeubles en miniature. Sur la droite, il dessinait un islamiste avec une ceinture de dynamite. Cet os conséquent jeté en pâture à l'islam n'a pourtant pas mis son quartier général hors d'atteinte de cette religion de… paix? Aurait-il fait le même dessin du Juif en remplaçant la ceinture d'immeuble par la ceinture des quatre mille enfants s'il avait été contemporain de Husseini ?

~~Mais n'enfonçons pas Charlie en ces jours terribles. L'exégèse qui précède de son dessin n'est certainement que celle qui doit être prise au premier degré: un Juif qui vit, qui peut s'étendre, c'est un crime qui éveille par réaction un autre crime qui, sans un manque total de choix, n'aurait pas été si terrible. Cette compréhension au premier degré est certainement celle que perçoivent les antisémites qui voient dans le Juif le responsable de leur haine. Mais au second degré, le message est le suivant : «Comment, vous oseriez mettre la vie, le bonheur, la prospérité, la paix, sur le même plan que ceux qui sèment la mort, la terreur et la désolation?»

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20 janvier 2015 2 20 /01 /janvier /2015 17:47

~~ La France est un nouveau Liban, la nouvelle Suisse de l'Occident. Qui a oublié cette appellation trompeuse appliquée au Liban jusqu'en 75, date à laquelle l'Olp a commencé à y fonder son Etat dans l'Etat? Le processus est le suivant : on commence par être un pays multiculturel, qui sert pour le monde entier d'exemple du savoir vivre-ensemble. Puis, les terroristes musulmans commencent à imposer leur intolérance, le peu de cas qu'ils font de la vie humaine. La France est aujourd'hui arrivée à ce stade.

Les gros médias sont à côté de la plaque. Ils jouent à ce jeu de gosses de 't'es cap ou t'es pas cap?". Comme si la question consistait à se demander si les Juifs sont assez courageux pour rester en exil ou si la peur les fera rentrer au pays d'Israël. La France est devenue invivable. C'est un nouveau Liban, et les pouvoirs n'y sont pas étrangers. Si la France a laissé sacrifier sur l'autel débridé du vivre-ensemble (le "ensemble" incluant les gangs armés, sans aucune restriction) avec les louanges à une religion de guerre etc., ce qui lui restait de fierté et de liberté d'expression (même si on peut ne pas apprécier les caricatures vulgaires bourrées de préjugés), alors pour quelle raison ne sacrifierait-elle pas ses Juifs? Je reprends : si elle laisse se faire massacrer ses Français innocents (cf. un personnage célèbre ayant dit tout haut ce que beaucoup pensent tout bas), pourquoi les autres la préoccuperaient-ils?

Le peu de réactions aux massacres de Juifs (je n'ai pas vu de déferlement de "Je suis Israël") montre bien qu'on leur colle une sorte de fatalité qui en fait des victimes désignées. La période de la "douce France" est révolue, c'est un constat douloureux. Si même la Tunisie commence (pourvu que ça dure) à comprendre le danger que représentent l'islam et ses fanatiques, comment la France ne le comprend-elle pas? J'ai ouï dire que les bourreaux massacrant sur le sol français étaient connus des services de sécurité français. Dites-moi que ce n'est pas vrai, car si c'est vrai, c'est encore plus grave, et ça montre la complaisance calculée du pouvoir français. La question est la suivante : les élus français se servent-ils de l'électorat issu de culture non démocratique- c'est une litote, bien sûr - pour se maintenir au pouvoir, ou sont-ils les pions de la conquête musulmane qui n'attendent que de se faire jeter par les futurs représentants des populations de remplacement?

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19 janvier 2015 1 19 /01 /janvier /2015 12:40

La marche d'Hollande sur les pas de Mitterrand a-t-elle de quoi rassurer?

1 Les points communs

a. Mitterrand

~~On ne peut s'empêcher à première vue d'établir un rapprochement entre la conduite du président Hollande et celle de son ancien prédécesseur, Mitterrand. Tous deux sont descendus dans la rue pour protester contre le terrorisme et les attaques antisémites. Si Mitterrand semble avoir suscité une mobilisation qui a mis un terme pour plusieurs décennies aux attaques néonazies les plus terrifiantes, on est en droit de se demander s'il en sera de même pour la marche d'un Hollande face aux attaques musulmanes. Hollande, certes, peut sembler s'inscrire dans la continuité de Mitterrand et passer pour son fidèle héritier. Comme lui, il représente la gauche socialiste, c'est-à-dire les classes populaires, et comme lui, il descend dans la rue conséquemment à une grave atteinte portée à la liberté de pensée mais aussi à la minorité juive de son pays. Le premier réagit à la profanation du cimetière juif de Carpentras, le second défile deux jours après la tuerie dans l'épicerie cachère de Vincennes. La première atteinte à la dignité humaine a quelque chose d'atroce.

En ce début mai 90, la profanation des tombes n'est pas ordinaire, s'il peut être permis de s'exprimer ainsi. Elle ne se contente pas de graffitis injurieux et de quelques faits de vandalisme. Le corps d'un homme dont les obsèques se sont déroulées quinze jours plus tôt est retrouvé exhumé et allongé sur une tombe voisine. L'émoi se propage jusqu'au sommet de la classe politique, tant et si bien que le président en fonction et ses ministres marchent au coude à coude dans la rue, de République à la Bastille. Alors que l'enquête ne fait que commencer et qu'elle piétine, l'aile droite du paysage politique, le FN, est désignée comme responsable. Le bruit autour de l'affaire est tellement fort qu'il peut sérieusement endiguer la progression de cette étoile politique montante. Elle est aussitôt identifiée dans un amalgame conjoncturel avec les vieux démons européens qui ne doivent en aucun cas remonter à la surface.

Or, bien que le dénouement tardif n'ait pu que le dédouaner, ce parti a tout de même été largement disqualifié et n'a pas pu sceller d'alliance avec la droite. Les responsables de Carpentras sont bien des autochtones, mais non affiliés à une formation politique. Leurs sympathies pour le nazisme et leur antisémitisme sont mis en exergue et dénoncés sans complexes par le pouvoir politique et médiatique. Quoi qu'il en fût, les élus n'étaient pas tombés loin, dans la mesure où ils ne s'étaient pas trompés en identifiant un motif antisémite et xénophobe made in France. La motivation de la marche de Mitterrand est à juste titre fondée sur la condamnation d'un racisme, d'un antisémitisme et d'une intolérance d'origine locale. De surcroît, le pouvoir étatique ne peut rien se reprocher sur le plan de la propagande médiatique. Il n'a pas montré de complaisance vis-à-vis de l'antisémitisme d'obédience néo-nazie. Le nazisme ne fait pas l'objet d'éloges, et les Juifs ne sont pas montrés du doigt.

b. Hollande

Quant à l'affaire de la supérette cachère, elle s'inscrit dans la continuité du massacre des enfants et du père de famille d'Ozar Hatora, à Toulouse. Il est permis de supposer que les exécutions à bout portant de citoyens désarmés par un musulman excité n'auraient pas provoqué un tel choc au sein du pouvoir et de l'opinion sans la douloureuse ouverture des yeux d'un public réveillé d'une longue hibernation par le carnage qui a vu succomber sous les balles de l'islam les caricaturistes qui comptent parmi les plus illustres du paysage culturel de la France.

Tant que la minorité juive servait de sacrifice expiatoire, le Français moyen pouvait se sentir protégé. Le Juif est son bouclier vivant ; il est courageux ou coupable de rester fidèle à son D. et à ses préceptes. L'adhésion du Juif à sa loi est une insulte pour l'islam. Le Français moyen n'adhère à rien d'autre qu'à son confort et sa tranquillité. Il sait qu'il reste représentatif des valeurs prônées par son pays depuis la révolution, qu'il reste attaché affectivement à quelques célébrations chrétiennes laïcisées autant que sans conséquences ; sa manière de vivre ne représente ni une religion, ni une idéologie.

De toute façon, il peut se cacher derrière le Juif. Le massacre des auteurs du neuvième art a été pour lui une douche froide, un cinglant démenti à cette façon de voir ou de ne pas voir. Le Français classique ne représente rien de plus qu'une minorité chrétienne, analogue à celles de l'Orient, aux yeux d'une religion qui ne tait pas ses exigences.

On a longtemps tenté de minimiser l'impact des attaques de l'islam contre l'Europe. Le cri de guerre de la religion musulmane de ces dernières semaines a été considéré comme la preuve que les auteurs d'attentats à la voiture bélier ou au couteau ne seraient que des fous agissant seuls, et surtout ne s'inscrivant pas dans un large mouvement de déstabilisation de la paix des pays libres. Le déferlement d'attaques islamistes n'a été pris que pour un concours de circonstances, comme si plusieurs fous atteints d'une même défaillance avaient agi coup sur coup sans concertation aucune, et sans qu'une idéologie ne les ait rapprochés. La marginalisation des cas d'agressions est restée automatique, malgré leur prolifération. Mais lorsque dix-sept personnes sont exécutées par des tribunaux islamiques ambulants, et désignés on ne sait pas très bien par qui, lorsque tout ce qui n'est pas islam est attaquable par l'islam, la vertigineuse ampleur du danger devient brutalement tangible, perceptible. Et alors, le président descend dans la rue.

2. Les différences

Jusqu'à présent, nous avons vu ce qui rapproche les démarches des présidents précités. Passons à présent à ce qui les différencie. A l'époque des faits de Carpentras, le président s'en était pris à l'extrême droite française d'une façon si violente et intransigeante, et surtout au leadership lepéniste, que ce parti s'en est plaint et a organisé ses propres manifestations de protestation. Le pouvoir, dans sa dénonciation de l'intolérance, avait mis les bouchées doubles sans reculer devant l'extrême droite, même avant la moindre production de preuves incriminantes. Il n'a pas craint d'exagérer. La lutte entre partis politiques locaux est de bonne guerre, et l'extrême-droite n'est pour finir qu'une des facettes du paysage politique national. Elle représente donc un adversaire qu'il est légitime de combattre, quitte à le diaboliser tout en se disant qu'il n'est pas bien méchant.

Nous aurions pu nous attendre à un raisonnement par a fortiori chez Hollande. Ici, l'enquête n'a pas piétiné. La situation n'a été à aucun moment dans le flou. Les progrès de l'enquête ont été foudroyants, l'identité des tueurs, leur motif, leur idéologie ; tout a tout de suite été révélé si bien qu'à aucun moment il n'a été possible de se résigner à l'inactivité par manque de pistes ou de preuves. Au moment de la tuerie d'Ozar Hatorah, le réflexe consistant à condamner les idéologies même adoucies ou dormantes de l'extrême droite avait fonctionné, le temps d'identifier la bête islamique. Car il s'est avéré assez vite qu'on n'avait à faire en l'occurrence ni à un groupe néonazi apolitique, ni à une quelconque affiliation ou identification à l'extrême droite du FN. Le château de cartes FN s'est écroulé. Mais, comme par enchantement, toute l'énergie, l'indignation, la verve, et tous les principes, au lieu d'être redirigés contre la véritable motivation du tueur Mérah, c'est-à-dire l'islam, se sont tus, désamorcés, plongeant toute une catégorie de politiciens et de dirigeants dans un état chaotique semblable à celui qui touche certains soldats immobilisés et neutralisés par l'état de choc produit par des situations de guerre.

Le raisonnement bien rodé qui conduisait à dire : non à l'antisémitisme, non au FN, n'a pas aussi sec biffé la mention FN pour la remplacer par la mention islam ; pareil pour la tuerie du journal et de l'épicerie. Le pouvoir, les médias, l'opinion… tous se mettent des œillères, limitent leur champ de vision et de discernement. Coulibali redevient un cas isolé, exactement comme le fut Merah, ou Kelkal qui fit exploser le RER et tua sept innocents qui ne rentrèrent jamais chez eux dans la vallée de Chevreuse. Le cas est isolé. Il est social ; il résulte de toutes sortes de circonstances atténuantes pour les uns et exténuantes pour les autres. Au point que l'on en éprouve une profonde peine pour cette pauvre religion et ses malheureux adeptes, calomniés par le geste des assassins, et risquant une injuste diabolisation. Est-ce que, si la société avait eu maille à partir non pas avec des musulmans mais des néo-nazis, fussent-ils non affiliés au Fn, le nouveau président François aurait invité l'extrême-droite modérée, et les moins modérés néo-nazis de France et d'Allemagne, et des autres pays du monde, à marcher avec lui au coude-à-coude?

L'attitude de Hollande aurait ressemblé à celle de Mitterrand si, à son époque, Mitterrand avait convié le Pen et les dirigeants de son parti à la marche contre l'antisémitisme et l'intolérance. Pourtant, il eût été de bon ton que Mitterrand l'invitât, le Pen ayant lui-même blâmé les profanateurs alors encore inconnus de Carpentras. A contrario, ce qu'aurait pu se dire Hollande, en raisonnant encore une fois par a fortiori, c'est que si Mitterrand n'a pas invité le Fn, alors que celui-ci ne prônait pas l'antisémitisme, ni la profanation de sépultures ou de tout autre élément rattaché au culte israélite, il ne devait quant à lui à plus forte raison pas inviter de personnalités politiques appelant au meurtre de Juifs ou d'Israéliens, ou menaçant et maudissant d'honnêtes caricaturistes.

Or, Hollande se rend coupable d'un terrifiant amalgame. Les tueurs de Charlie sont invités à se mélanger avec ceux qui s'identifient aux victimes de Charlie, à marcher côte à côte, main dans la main. On n'aurait certainement vu ni Mitterrand ni Hollande verser une larme pour le FN, murmurer une complainte lyrique du genre : «pauvre FN, pauvre parti de bonne foi qui ne veut que le bien des Français. Mais nous sommes solidaires, aucun cas social isolé qui a mal interprété les nobles intentions du Fn ne parviendra à nous pousser à le haïr.»

Par contre, une telle attitude devient normale si on remplace le concept de néo-nazi par celui de l'islam. «Hein que vous êtes une gentille religion de paix? Pauvre gentille religion et pauvres gentils adeptes. Mais nous sommes solidaires, et, même si les cas se multiplient, aucun cas isolé qui a mal compris les principes de cette gentille religion ne parviendra à nous pousser à la haïr.» C'est incroyable à quel point le jugement et la jugeote peuvent s'inverser selon l'auteur d'un acte. Je comprends maintenant pourquoi le bac se passe sous nom couvert. Sinon, à la question : «Il est bon ce devoir? Quelle note mérite-t-il?», on répondrait : «Attends voir le nom du candidat!»

Eh oui! Dès qu'il s'agit de l'islam, on est désarmé au sens littéral du terme. On perd le goût de se battre, et surtout, on veut à tout prix le rattacher à un concept de paix, «chalom, salam». Vous connaissez? Et comment! Pourtant, le préfixe i (i-slam) gêne un peu, tout autant que le in est gênant, quand ils sont placés avant des termes comme réversible, curable, possible… La marche de Hollande avait quelque chose de magique, de fabuleux, de plus fort que les contes de Grimm ou de Perrault réunis, qui n'auraient peut-être pas eu assez de fantaisie pour imaginer pareille situation. Il y a le président français et toute sa suite, le Juif israélien Netanyahou, un dirigeant terroriste roitelet d'un territoire interdit aux Juifs, Ramallah, un recteur de mosquée influent qui avait prédit la fin tragique de la liberté à la française.

Cette fresque de la république, qui semble avoir mis tout le monde d'accord, est digne du happy end d'une grande production américaine en technicolor. C'est peut-être ce qui justifie précisément l'absence des dirigeants américains. Depuis leur sortie d'Irak, ils savent que l'histoire avec tout ce qu'elle a de moins drôle commence après que le The End s'affiche. Pour mettre la dernière touche à l'absurde, il ne manquait à cette marche que les groupuscules avec leurs kalachnikovs. Mais cette touche aurait risqué d'être la goutte qui fait déborder le vase, le doux rêve aurait laissé place à un sursaut républicain de colère. En faisant participer des gens qui avaient dit «qu'ils crèvent» en parlant de l'équipe de l'hebdo, des gens qui avaient «compris» et justifié prémonitoirement la tuerie, sans être le moins du monde inquiétés par la justice pour incitation au meurtre et à la violence, on a laissé des noms emblématiques, tels Cabu et Wolinski, s'éteindre doublement. Ce ne sont pas seulement les hommes qui ont été privés définitivement de leur droit de pensée, de parler et de dessiner, mais ce sont les principes-mêmes de ce que la démocratie française veut dire qui ont cessé d'exister.

3. Du Fabius de Mitterrand au Fabius de Hollande

Le Fabius de Hollande a une attitude bien frileuse. Il ne se contente pas de refuser de voir dans les actes de guerre contre des innocents un principe général de l'islam ; il va jusqu'à refuser que le nom de cette religion soit cité, même quand les tueurs revendiquent leurs tueries en son nom, de peur que l'opinion ne fasse le rapprochement. Pourtant, lorsqu'un rassemblement devait à Paris représenter les musulmans qui ne voient pas dans leur religion la poursuite et l'exécution de l'infidèle, il n'y a qu'un unique participant : son organisateur.

L'idée générale qui se dégage de l'islam semble plus proche des multiples citations de ses textes que de la tiède perception du nouveau Fabius. Des intellectuels cherchent à réveiller l'opinion. Les confréries musulmanes, les Hamas, Daesh, et autres, qui ne trouvent de sens à la vie que dans les persécutions de populations non-musulmanes, ou d'autres musulmans dont la vindicte à leur égard ne fait que renforcer chez l'observateur neutre l'appréhension de cette haine envers le monde non-musulman, semblent bien plus représentatives que le pieux Chalgoumi, dont la souplesse n'est plus à démontrer.

Pourtant, le même Fabius, qui ici minimise la gravité, l'avait fait monter d'un cran pour l'affaire du cimetière juif de Carpentras : les faits rapportés faisaient état d'un pieu de parasol posé à côté du corps. Il ne restait qu'un pas pour parler d'empalement, et c'est Fabius qui l'avait franchi. Faut-il une fois de plus considérer que ce changement soit dû au fait que le nom des candidats n'est pas caché? Ou alors faut-il mettre ce retournement sur le compte de l'âge, le vieillissement, la lassitude d'un politicien qui se fait du mauvais sang et qui a été contaminé par la phobie du piège du concept islamophobe?

Il est vrai qu'il n'existe pas de notion de lepenophobie, ou de frontnationalophobie, qui pourrait intimider un Fabius qui dérape jusqu'à l'empalement quand les circonstances le lui permettent. Il n'a de cesse de proclamer que l'islam est une religion de paix.

Mais il serait souhaitable pour lui que cette religion ne soit jamais une religion de paix dans sa contrée, tout simplement parce que c'est l'islam lui-même qui se qualifie de religion de guerre ou de paix, selon… Et cette nuance est déterminée par les forces dominantes. Le choix dépend de la situation politique (ou religieuse, c'est égal) sur le terrain. Le monde se subdivise d'une manière très manichéenne en deux parties : le monde de la guerre, qui couvre les territoires non soumis à l'hégémonie de l'islam, et le monde de la paix, soumis à l'islam.

Quand on connaît le type de «prospérité» à tous les niveaux des pays de cette religion quand elle est religion de paix, quand on connaît le statut et les souffrances des non-musulmans dans les contrées de la paix, voire de beaucoup de gens musulmans, on peut sincèrement souhaiter à Fabius que cette religion ne devienne pas une religion de paix chez lui. Quant au message de Hollande, on aimerait avoir tort en le voyant sous l'angle suivant : et si les chefs terroristes comme Abbas ont été conviés à sa marche, si des leaders et formateurs d'opinions en tous genres qui avaient fait part de toute leur haine à l'endroit du Grand Duduche, ont été invités à battre avec lui le pavé, c'est peut-être parce que ce dernier veut faire passer un message de paix, d'apaisement, de soumission : «Vous voyez, ceux qui vous faisaient rugir de rage ont été éliminés, comme vous l'aviez prévu. Les caricaturistes ne sont plus et les kalachnikovs courent toujours en grand nombre. Et nous n'avons aucun projet consistant à reprendre nos territoires perdus. Vous voyez bien que vous n'avez donc plus de raison de nous en vouloir.»

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4 décembre 2014 4 04 /12 /décembre /2014 18:15
La Palestine, c'est la terre d'Israël

Tel-Aviv est en Palestine. Ramat-Gan est en Palestine. Bené-Berak, où Rabbi Eliézer, et Rabbi Akiva et Rabbi Tarfon se réunissaient pour s'entretenir de la sortie d'Egypte si tard que leurs élèves allèrent les retrouver pour leur signifier que l'heure du Chéma Israël du matin était arrivée, comme nous le relatons chaque année lors de la nuit du Seder, est aussi en Palestine. Et Jérusalem, où nos patriarches Abraham et Isaac se rendirent pour le sacrifice, sur le mont Moria, où David établit sa royauté pendant trente-trois ans, après sept passés à Hébron, se trouvent encore une fois en Palestine.

Pendant toute la durée de notre exil, nous avons prié, œuvré quand c'était possible, pour notre retour en Palestine. Si je t'oublie, Palestine – pour ainsi dire – que ma droite se dessèche, que ma langue s'attache à mon palais. Et où se trouvent Béer-Cheva, Hébron, ou encore Sichem? Comme chacun sait : en Palestine. Et quelle est la terre promise par D. à Abraham, Isaac, Jacob et à leur descendance? Toujours la Palestine. Cette terminologie n'est pas seulement la désignation de la Judée, ou par extension, de la terre d'Israël, depuis que l'empereur Hadrien, non content d'avoir écrasé la révolte de Bar-Kokhba dans le sang, a décidé de lui donner un nom qui ne rappellerait plus que cette terre porte le nom des Juifs, elle est aussi celle qui a rebaptisé les Juifs du nom de Palestiniens.

Les Allemands avaient parlé dans un premier temps de les renvoyer en leur patrie, avant qu'Amin Husseini, mufti implanté à Jérusalem, ne s'employât à convaincre Hitler que cette solution n'était pas assez radicale pour se débarrasser d'eux. De plus, les Juifs eux-mêmes ont adopté ce terme. Acher Mizrahi, l'un des plus grands compositeurs de chants liturgiques chantés entre autres à la table du shabbat, lorsqu'il vécut à l'Ariana, banlieue de Tunis, était identifié par son entourage en tant que Palestinien. La banque de Palestine, celle des Juifs qu'on se le dise, prit par la suite le nom de banque Nationale (Bank Leumi) ; la poste utilisait cette désignation, et les Juifs de par le monde rentraient en Palestine, au cours des mouvements prenant de plus en plus d'ampleur au cours des deux derniers siècles.

Des internautes avisés ont mis en ligne ces derniers jours la photo d'une page du Larousse de 1939, celle qui montre les drapeaux des différentes nations, avec un fanion représentant deux carrés accolés, l'un bleu l'autre blanc, orné d'une étoile de David dorée en son milieu. Il semble qu'il est important de rappeler cette évidence, car des gens honnêtes, comme vous et moi, se laissent prendre. J'écrivais dernièrement sur Facebook, à l'ombre des événements derniers, que les nations ne pouvaient s'évertuer à tenter d'imposer par intimidation un Etat arabo-musulman de surcroît dirigé par des terroristes à tendances dictatoriales au cœur de la terre d'Israël. Une intervenante débonnaire réagit en ces termes : «Mais non, il n'est pas question de toucher à la terre d'Israël, puisque ça se passe en Palestine.» Il suffit en fait de consulter une carte de la région pour comprendre que Palestine et terre d'Israël ne font qu'un. Et il suffit également de décrypter, ce que n'importe quel «nul» peut faire aujourd'hui (pour reprendre l'argument qui fait vendre du livre dès qu'un sujet fastidieux porte la mention «pour les nuls»), les emblèmes, blasons et autres ornements des organisations terroristes pour comprendre qu'elles ont à peu près la même approche géographique que celle que nous venons de présenter, à la différence près que la Palestine qu'ils convoitent se limite à ce que l'Etat d'Israël a pu à ce jour reprendre, excepté le Golan, qui ne figure pas sur ces emblèmes pour ne pas froisser la Syrie.

Bien entendu, le fait que la Palestine s'étend bien en dehors des frontières du petit Etat juif aujourd'hui ne les intéresse guère, puisqu'ils ne jalousent que ce que nous détenons concrètement.

Aujourd'hui, nous l'avons compris, on ne cherche plus à usurper le lien d'Israël à son livre, à son héritage spirituel, en lui cherchant un ersatz de Verus Israël, mais à usurper le lien d'Israël avec son sol, en lui cherchant un ersatz de peuple palestinien, lui en niant l'évidence. Et comme le retour d'Israël est un démenti cinglant pour une Europe qui voyait en lui un éternel apatride, nier la légitimité de son retour lui permet à cette Europe qui s'est débarrassée de sa religion d'adoption non sans en conserver le ressentiment envers Israël de se conforter dans le mensonge, comme si le peuple juif n'était pas rentré chez lui mais avait usurpé la terre d'un autre peuple qu'il a fallu inventer de toute urgence.

Un certain Antoine Waechter, suppléant de Brice Lalonde, et censé se soucier du devenir de la nature, de la qualité de l'environnement et de la planète, déclarait alors qu'il était en campagne (électorale) : «N'en déplaise à certains, j'appelle cette terre la Palestine parce que c'est son nom». Très bien, monsieur Waechter, c'est son nom, et nous, Juifs, Israéliens, notre nom à nous, c'est palestiniens. Si cela ne suffit pas pour nous aider à comprendre que toute cette spéculation n'est qu'une jonglerie avec les mots, supposons par exemple que l'on vienne dire à un Parisien de souche qu'il ne vit pas à Paris mais à Lutèce, ou à un Allemand que la terre qu'il détient est en réalité la Prusse ou la Galicie, et que l'on décide qu'un Lutécien soit un Chinois du treizième arrondissement ou qu'un Galicien un Turc installé en Allemagne. L'imposture serait tellement grosse que jamais celui qui soutiendrait de telles allégations ne serait pris au sérieux. Pourquoi n'en est-il pas de même lorsque l'on joue sur les mots Israël/Palestine? Mais puisque nous voulons jouer sur les mots, décortiquons donc le terme de Palestine. D'aucuns le rapprocheront de «Philistin». Intéressant.

Avez-vous remarqué que dans toutes les tentatives d'usurpation, les têtes pensantes du terrorisme n'ont pas voulu s'autodéterminer comme les nouveaux Philistins? Il y a bien eu des tentatives de reprendre le «titre» de Cananéen, voire de Jébuséen. Les peuplades qui occupaient la terre de Canaan dans le passé sont au nombre de dix. Aux sept groupes connus, il faut ajouter le Kéni, le Kénizi et le Kadmoni. Le Philistin n'en fait pas partie. Et pour cause! Il s'agit d'envahisseurs venus de la mer. D'où viennent-ils? Les historiens sont partagés. Certains les font venir de Crête. Ça fait un bout de temps qu'ils ont envahi la terre promise, puisque déjà Abraham les côtoie, et qu'ils ensevelissent et rebouchent tous les puits creusés par lui. Les envahisseurs ne brûlaient pas encore les forêts, mais ils s'arrangeaient déjà pour rendre la terre inculte et désertique. La racine trilitère de Philistin se compose du p, du l et du š (le ch des linguistes). Des origines à l'hébreu moderne parlé en Israël, le sens de cette racine signifie envahir [palaš], envahisseur [poleš], invasion [peliša].

C'est peut-être un clin d'œil linguistique qui nous est adressé, lorsque le monde entier veut attribuer à ceux qui veulent déposséder Israël de sa terre le qualificatif de palestinien. Pour conclure, et puisque nous en sommes au sens souvent lourd porté par la racine des mots, passons-en en revue rapidement quelques uns. Dans la guerre menée par Abraham pour libérer son neveu Lot, juste après la guerre des quatre rois contre les cinq, l'un de ceux-ci s'appelle Bircha, ce qui signifie «dans l'impiété». Peut-être a-t-il donné son nom à Carthage-Birsa? Dans la tour de Babel, D. mélange leurs langages, «balal», est le verbe en hébreu. Soit dit en passant, il y a bien Belleville, à Paris, où toutes les langues, du chinois au yiddish, se mélangent, le «v» n'étant qu'un «b» sans point. (ב au lieu de בּ).

Savez-vous que cette propension du texte à employer des mots fort à propos pousse certains lecteurs à le considérer à la légère? Et pourtant. Contentons-nous d'un exemple en ce qui concerne notre histoire contemporaine. Les accords dits de paix, ou d'Oslo, ont été signés avec un ennemi du nom d'Arafat. Or, que s'est-il passé à partir de la cérémonie sur la fatidique pelouse de la Maison blanche? Les arrières d'Israël ont été frappés bien plus fort que l'armée. Or, les arrières, en hébreu, se disent Oref. N'oublions pas que l'hébreu est une langue de consonnes : Aïn, rech, fé. Le a d'Arafat et le O de Oref s'écrivent tous deux avec la lettre aïn (ע). Restent le rech et le fé (ר, פ). En hébreu moderne, nous avons de surcroît le mot ma'aréfet qui signifie guillotine.

Que nos ennemis tombent au-devant de nous et ne puissent plus se relever. Et que personne parmi nous ne les intime à le faire.

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1 décembre 2014 1 01 /12 /décembre /2014 18:44

La Bible est porteuse de messages universels qui se dégagent parfois de simples dialogues, ou de passages que d'aucuns considèrent d'un œil condescendant. En cette période d'escalade de la violence à sens unique, où des Juifs sont attaqués et assassinés par des Arabes, nous verrons comment une négligence de décryptage basique peut conduire les sociétés les plus solides et les plus sensées à perdre pied, et confondre comme hallucinées les notions les plus élémentaires, prenant leur ennemi comme digne de confiance et vice versa. De là au soutien du terrorisme et des cultures qui le produisent, il n'y a qu'un pas, malheureusement vite franchi.

1. Un message biblique essentiel et universel

Il y a deux mois, nous reprenions le cycle de la lecture hebdomadaire de la Torah, avec la parachat Béréchit, qui traite de la Création du monde. En dépit de son côté symbolique, allégorique, c'est-à-dire de tous ses éléments qui ne sont pas à prendre au pied de la lettre, le texte n'en montre pas moins qu'un dialogue est établi entre le Créateur et ses créatures. Si Rachi relève l'inéluctable appartenance de toute la terre à D., propriétaire indiscutable qui la répartit comme bon lui semble entre les nations : «de par sa volonté il la leur a reprise et nous la transmise» (Rachi loc. Genèse I, 1), nous pouvons relever une condition sine qua none sans laquelle, sur le plan humain, le bon fonctionnement et la pérennité de notre planète seraient plus que précaires.

Abordons dans cette optique quelques aspects du texte. Avec tout le respect dû au premier homme et au concept qu'il représente, en tant qu'unique être dont la création émane du Créateur, sans passer par l'entremise de parents, il y a dans sa démarche un élément primordial qui permet de la rapprocher de l'attitude de Caïn. A première vue les fautes sont incomparables. Adam consomme un aliment interdit. La gravité de l'acte est difficile à concevoir, car peu sont ceux qui n'ont à aucun moment de leur vie porté à leur bouche un aliment prohibé. Pour nous, l'aliment interdit est l'aliment non-cachère, ou toute nourriture le jour de Kippour. Pour un natif de l'Occident, qui ne connaît aucune restriction alimentaire, saut peut-être le cannibalisme, c'est a fortiori incompréhensible. En revanche, l'extrême gravité de l'acte de Caïn, qui assassine son frère, est concevable pour les deux cultures. Personne n'ignore le traitement réservé par la société civile aux assassins, et, lorsqu'une affaire est traitable, les tribunaux viennent contrecarrer (en principe) leurs desseins.

Nous allons relever ici un aspect qui rapproche pourtant fortement les deux transgressions qui nous intéressent. Certes, Caïn assassine la moitié de sa génération, et il ressort que cinquante pour cent de la société assassinent les cinquante autres, mais dans ce cas, Adam, lui aussi, transgresse l'ensemble des commandements négatifs qui lui ont été transmis, dans la mesure où il n'en a reçu qu'un seul. (Quant à la relation conjugale avec celle qui fût dès le début son épouse, que d'aucuns tendent à considérer comme « la » faute, elle ne saurait être définie comme telle, dès lors que le genre humain a déjà été enjoint de croître, se multiplier, et conquérir la terre). On pourrait dans une certaine limite aller jusqu'à relativiser la faute de Caïn, du moment que l'interdiction du meurtre ne figure pas à ce stade dans les préceptes rapportés par le texte biblique. Si Adam s'est vu attribuer explicitement un ordre, il n'en est pas de même pour Caïn, toujours au niveau du texte. Dans un premier stade, il semble qu'il convienne d'admettre que devait prévaloir une forme d'intuition, de clairvoyance, d'intelligence innée qui laissait les créatures en saisir d'elles-mêmes l'extrême gravité. Mais laissons sur l'heure cette considération. Penchons-nous plutôt sur la problématique de la parole adressée par D. aux fauteurs. Voyons qui sont ceux qui font l'objet d'un questionnement : Adam, Eve, et Caïn. Qui y échappe? Le serpent. Ce réquisitoire sélectif est étonnant.

A priori, nous aurions pu nous attendre à ce que seul le serpent soit interrogé, car c'est bien par lui que le scandale est arrivé. D'autant que l'incitateur est l'un des fauteurs les plus sanctionnés : pour lui, personne ne peut essayer de faire valoir des circonstances atténuantes (Deutéronome XIII, 7-12 ; Kidouchin 80a), comme nous le constatons également ici. Toujours a priori, que pourrions-nous reprocher à des fauteurs victimes, qui n'auraient jamais pensé à faire le mal, si de mauvaises fréquentations ne les y avaient incités. Car c'est bien l'entourage, soit l'influence extérieure, qui pousse l'innocent à devenir fauteur. Donc, une fois encore, pourquoi le serpent n'est-il pas pris à partie? D'ailleurs, ils ne se privent pas de le faire valoir. C'est le serpent qui m'y a poussé, déclarera Eve. C'est la femme que Tu m'as donnée qui m'en a convaincu. Le grief de l'ingratitude dont nos Sages affublent Adam, lorsqu'il tente de se défendre, porte moins sur l'argument selon lequel c'est elle qui lui a tendu le fruit que sur l'accusation en apposition : «que Tu m'as donnée». La façon négative d'apprécier le bienfait, ce don extraordinaire qu'il a reçu, fait l'objet de la critique de nos Sages, et indirectement seulement la façon de se justifier consistant à soutenir qu'il a été victime de son entourage. Toujours est-il qu'il se décharge sur sa femme. Sans l'intervention de celle-ci, il aurait tout aussi bien pu arguer qu'il ne fallait pas laisser sur la voie publique un fruit si précieux, comme aujourd'hui les grandes banques n'exposent pas leurs réserves d'or dans des jardins. Quant à la femme, elle se décharge sur le serpent. Nous allons voir à présent comment Caïn, qui n'a pas d'intermédiaire sur qui se reposer, réagit quant à lui, et qui est le «tiers» sur qui il rejette la responsabilité de son forfait. Voyons ce qu'il soutient pour sa défense, lorsqu'il répond à la question : «Où est Abel, ton frère?» Que sous-entend-il dans sa réponse? En rétorquant : «Suis-je le gardien de mon frère?», il veut tout simplement dire : «S'il est mort, c'est que Toi, D., Tu ne l'as pas sauvé».

A titre de comparaison, nous voyons plus loin, lorsqu'Esaü et Jacob se rencontrent, avec toute la teneur affective des retrouvailles : «… et il l'embrassa», que si le mot sur le parchemin est surmonté de onze points, c'est qu'une approche non explicite doit être comprise dans le texte. Le Midrash précise : «Il voulut le mordre, mais le cou de Jacob prit la consistance du marbre, lui cassant les dents». En quelque sorte, Caïn reproche à D. de ne pas avoir rendu Abel invulnérable. Ce qui rapproche Adam et Caïn, dans la manière qu'ils ont de se défendre une fois leur forfait mis à jour, c'est le déni de leur responsabilité, l'attribution de cette dernière à quelqu'un d'autre, un avant-goût pour notre époque des circonstances atténuantes – le milieu familial, social, les tentations, la provocation etc. etc. – et qui devient dans une posture totalement relâchée la permissivité, la forte compassion pour les criminels. Nous comprenons donc bien, à la lumière de cet exposé, pourquoi D. ne s'adresse pas au serpent. Par la proposition faite à Adam, Eve, puis Caïn, de tenter de justifier leur acte, et par la teneur de leurs argumentaires qui ne les disculpent pas, il ne reste au lecteur qu'à comprendre que ce monde ne sera viable, que lorsque l'être créé, l'homme, aura compris la dimension et le sens de sa responsabilité.

2. Une couverture moralisatrice du crime

Nous allons aborder dans les lignes suivantes la démarche de gens sensés qui dans la pensée et les faits dédouanent les criminels. Au lieu de défendre la justice et la morale aujourd'hui, ils bousculent et inversent les valeurs, plébiscitent le mal et condamnent l'innocent.

Cette approche peut se définir subconsciemment comme la descendante étiolée d'un glissement d'une culture que l'on pourrait considérer comme judéo-chrétienne, quand l'élément chrétien renverse l'élément «judéo», trop pur et dur au nouveau goût. Penchons-nous sur la lapidation. Même si elle reste surtout théorique et dissuasive dans le judaïsme, elle s'accompagne d'un mouvement de foule : «et toute l'assemblée le lapidera». Le deuxième élément dira «que celui qui n'a pas fauté lui jette la pierre».

Cette injonction devait au départ avoir pour but de pousser l'individu à se remettre en question, et elle pourrait presque s'apparenter à ce que nous avons vu plus haut, ne pas rejeter sa propre responsabilité sur autrui. Mais la différence est subtile, car nous avons évoqué une faute perpétrée sous l'influence d'un tiers, et non pas d'une faute perpétrée par ce tiers. L'injonction du second adjectif de cette appellation «judéo-chrétienne» n'appelle plus à la prise de conscience de sa propre condition morale mais à la relativisation de fautes fondamentales. A la longue, l'homme moral, plus les crimes commis par le genre humain et auxquels il sera confronté seront atroces, plus il s'auto-neutralisera car son subconscient lui rappellera sa propre imperfection. Nous assistons à une situation où le Juif, sans jamais pratiquer la lapidation, continuera à considérer la gravité absolue des crimes interdits par son D., tandis que le descendant laïc de cette lointaine morale transmise par les textes qu'il n'écoute plus s'enfoncera dans la non-indignation chronique contre le mal.

3. Un Occident qui congratule le crime

Pourtant, en Israël, les yeux se tournent vers un Occident que l'on voudrait repenti de tous les crimes de son histoire, absous et nettoyé également du sort réservé par lui aux Israélites sur son sol. On reste à l'attente d'un sursaut moral, et beaucoup se bercent encore dans cette attitude naïve qui les fait espérer que les massacres innommables commis au nom de l'islam contre les Juifs, et surtout en Israël, réveilleront le monde qui comprendra enfin qu'Israël est dans son droit, et qu'il doit au plus vite se débarrasser de ses ennemis.

La réalité, dans le sillage de l'inversion des valeurs traité plus haut, c'est que plus les crimes sont inhumains, plus les bons penseurs se mettent à comprendre, justifier et innocenter d'abord le terreau de haine où poussent les assassins, puis les assassins eux-mêmes. Quand la victime juive est un père de famille qui travaille dans le bâtiment, ou un jeune soldat en permission en compagnie de sa fiancée, on peut encore rester imperturbable, et envisager que l'opinion reste insensible à ce qui devrait la révolter si elle était saine. Mais quand les victimes juives sont un bébé de trois mois sur un quai de tram, qui fait rayonner la vie de ses parents qui l'ont attendu des années, ou des hommes en prière dans un lieu saint, on a de bonnes raisons d'être très inquiet quant au niveau humain et moral des sociétés occidentales et de l'état de désagrégation avancée de leurs fondations, sur lesquelles elles se hissent et se maintiennent de plus en plus péniblement. Et le couronnement de l'indicible, c'est que tout ce monde occidental qui s'est le plus sacrifié pour faire valoir et prévaloir la dignité de l'être humain au milieu de ses propres sociétés, non seulement ne s'indigne plus face aux massacres les plus ignobles, mais se met à chercher le salut en récompensant le terrorisme.

Au lieu de parvenir à la conclusion qu'Israël aurait tout intérêt à recouvrer ses droits sur tout son sol, son droit de vivre sans qu'une population productrice au jour le jour de tueurs en liberté ne se mélange à lui, tout ce beau monde se mobilise pour pousser à l'implantation d'un énième Etat arabo-musulman fanatique dirigé par des assassins non poursuivis et de surcroît protégés, en plein cœur géographique de la terre d'Israël, Palestine dont un néo-négationnisme réfute la judéité multimillénaire en lui réinventant un passé musulman, ce qui, en dehors de l'injustice flagrante brandie sous les yeux du peuple d'Israël, notion elle aussi très ancienne, doit servir de base et de tremplin aux attaques sanglantes des protégés de l'Occident.

4. Une injustice qui force les victimes au syndrome

Cette tendance, et le bourrage de crâne systématique orchestré par un empire médiatique et associatif extrêmement riche et violent, accule de sa vindicte l'Etat victime contre un écueil qui voit se développer chez les plus faibles de ses citoyens un nouveau syndrome : plus les massacres perpétrés par l'ennemi musulman seront dignes des pires souffrances infligées au Juif au cours de la longue histoire de son exil, plus certains seront enclins à plaindre la population d'où sortent les tueurs.

La réalité et les images, quand elles échappent à la censure, ont beau montrer les sourires des foules musulmanes, le bonheur public ressenti face à la souffrance indicible du Juif, les distributions de gâteaux, les victimes de ce syndrome continueront à y voir une majorité d'innocents dont la réputation «irréprochable» et par ricochet la sécurité risquent d'être entachées par les agissements de «certains» de leurs ressortissants. Et ils développeront non pas une détresse vis-à-vis de cette injustice, du peu de prix accordé au sang juif, de la crainte de se trouver eux-mêmes au mauvais moment au mauvais endroit, mais qu'un Juif révolté et désespéré par tant d'impuissance politique face à la détresse de son peuple, jeté en pâture par des dirigeants fiers de leur incompétence voulue (par exemple en différant l'élimination d'un terroriste qui s'apprête à envoyer un missile sur les civils d'Ashkelon ou de Tel-Aviv si une partie non-armée de son milieu risque d'être touchée), découragé par l'injustice, ne se mette à se faire justice. Et si, après mille attentats contre les Juifs, le cas se produit, on versera des torrents de larmes et d'encre pour le petit Kdeir (dont, en l'occurrence, les circonstances de la mort ne sont pas claires), et on se rappellera avec une peine des plus pathétiques les victimes de la tuerie attribuée à Baroukh Golstein (pour qui la commission d'enquête a révélé bien des interrogations).

Par extraordinaire, la liste mille fois plus vertigineuse des victimes juives immolées sur l'autel islamique-occidental au cours de la même période ne fera pas couler une larme aux personnes touchées par ce syndrome, accoutumées à ce qui est pour elles une fatalité, pas plus que les quatre rabbins fusillés qui ont laissé quatre veuves et vingt-quatre orphelins, bien que la plaie soit encore béante. D'ailleurs, aucun média n'en parle plus. Et alors, les censeurs et moralisateurs s'emporteront en exigeant la peine de mort pour les tueurs de Kdeir, alors que cinq sur les six personnes en garde à vue ont été relâchées peu après. Peu importe, on tient des coupables, il faut les châtier. Et les victimes du syndrome se portent volontaires pour les exécuter, pourvu qu'on les voie bien se démarquer de leur frère coupable.

Et conscients du danger porté par ce syndrome, afin de se soustraire au discrédit et aux étiquettes assassines, d'autres, pour leur part, surtout s'ils sont journalistes, chroniqueurs ou analystes, devront s'évertuer à démontrer à quel point ils se mobilisent pour mettre en exergue l'aide qu'ils apportent à des ressortissants de la population ennemie à trouver du travail au milieu de nous. Ils chanteront leur innocence, leur casier judiciaire vierge et celui de leur entourage immédiat. Ils savent que ce qui devrait être la norme, dans une société globalement honnête, devient un exploit aux yeux des esprits frappés par le syndrome. Si vous êtes maire, vous devrez clamer votre non-racisme, continuer à faire travailler une catégorie potentiellement dangereuses d'ouvriers dans le bâtiment, cette catégorie qui transforme un camion ou une pelle en arsenal de guerre, et vous direz que vous avez réglé tous les problèmes tout simplement en soustrayant les enfants des crèches à la forte présence problématique, en les transférant, en leur interdisant l'accès à la proximité des chantiers attenants à leurs écoles. Tous ne sont pas atteints, mais tous en sont frappés. Il se peut que l'homme de l'éthique, le maire ou le journaliste n'en soient pas atteints, mais ils risquent l'isolement en ne ménageant pas ce monde frénétique.

La folie généralisée exige que les Juifs soient accusés de racisme, de xénophobie, les somme de se justifier, au moment-même où la société arabo-musulmane produit quotidiennement des assassins de la pire espèce, qui tuent des Juifs parce qu'ils le sont, cette société de laquelle on se serait attendu, avant de s'inquiéter de l'atteinte que les tueurs qu'elle produit font à sa réputation, qu'elle condamne les attaques, mais qui crie vengeance et éructe sa haine lorsqu'un commando de police élimine le tireur en moto qui a fait tomber de ses balles le conférencier qui avait osé ne pas baisser la tête et parler de la centralité du Mont du Temple pour Israël.

5. Quand le syndrome touche la tête de l'exécutif

Ce chamboulement, qui part de l'Occident et se propage jusqu'en Israël où il se change en syndrome, touche aussi bien un personnage qui devrait soit réagir soit se retirer en reconnaissant son incompétence : le ministre israélien de la Sécurité intérieure. Or, il penche pour l'opinion qui fait des victimes les responsables: les Juifs ne devraient pas se rendre sur le Mont du Temple. Qui dans les chancelleries est outré par ce déséquilibre, à commencer par toute cette culture qui prône la tolérance, le respect de l'autre, le droit à la liberté de culte? Au lieu de cela, elle cautionne l'intolérance musulmane, l'humiliation des fidèles juifs, l'interdiction de cette liberté. Les terroristes deviennent aux yeux de l'Occident et des victimes résignées du syndrome précité un tribunal autoproclamé autorisé à tuer au nom de leur haine doctrinaire.

Cette inversion des valeurs ne recule devant rien. Récemment, une décision surprenante a été promulguée par une haute autorité rabbinique. La question n'est pas ici d'opter pour l'opinion qui autorise la montée sur le Mont du Temple ou pour celle qui l'interdit. Les deux écoles sont dignes de notre plus profond respect. Cependant, nous ne devons pas perdre de vue que l'interdiction du pèlerinage sur sa «Montagne sainte» est nécessairement provisoire, et ne s'appliquera que tant que le Temple n'aura pas été reconstruit. Elle est justifiée par deux motifs : éviter de fouler les emplacements qui restent en toute situation interdits au profane ou en état d'impureté, et que l'on ne porte atteinte au profond respect du lieu par légèreté d'esprit.

L'air du temps a produit un nouveau et troisième motif : ne pas «attiser» la haine et l'intolérance des adeptes de l'islam. Ce nouveau motif, inédit, voudrait donc dire que le Juif serait coupable de ne pas baisser la tête, de refuser de s'avilir, de se laisser piétiner, lui et le «Nom d'Hachem qui se lit sur lui», et qu'il porte avec sa personne. L'idée de rappeler au fiancé qu'il n'a pas le droit, halakhiquement parlant, d'effleurer la main de sa promise tout en acceptant que des voyous en attendant l'abusent ne viendrait à personne. Pareillement, rappeler aux amants de Sion qu'ils ne doivent pas gravir la montagne sainte (toujours selon cette dernière optique), doit à plus forte raison éveiller l'indignation et la révolte face aux foules étrangères qui non seulement piétinent le Lieu Saint, mais tournent bien plus que leur dos au Saint des Saints, dans la posture irrespectueuse rendue célèbre par les cartes postales.

A ce syndrome, conséquent à la double transformation – du bourreau en victime et de la victime en bourreau – prônée par un Occident en perte de repères, nous pourrions donner le nom suivant : syndrome du sang de l'enfant chrétien, vieux traumatisme de l'errance. Il veut que la personne accusée par amalgame, poursuivie et châtiée à titre collectif, et qui ne connaît ni le présumé enfant assassiné ni son présumé bourreau, fasse du zèle et affiche sa désapprobation devant une société non-juive qui en veut à sa peau, tranche elle-même la question de celui-ci.

6. Dir Yassin ou Jabel Moukhbar ?

Quelle est la faute du Juif, quelle est la faute d'Israël, si faute il y a ? Faute-t-il en refusant de baisser la tête, en ne laissant pas une population hostile encore plus nombreuse piétiner le Mont de son Temple? En osant s'y montrer, même en petit nombre, en y revendiquant qu'une présence de quelques minutes par jour ou par mois?

Ou alors faute-t-il par son refus de s'affirmer, de dire stop à ses persécuteurs ? Le massacre de la synagogue à Har Nof est-il la conséquence du non maintien du village arabe de Dir Yassin, dont les habitants partaient par hordes massacrer les civils juifs qui empruntaient la route en contrebas, ou la conséquence du maintien de cet autre village arabe de Jabel Moukhbar? Est-ce l'absence du premier ou la présence du dernier qui, concrètement, a permis l'un des attentats antijuifs les plus choquants depuis Istanbul, Buenos Aires ou Copernic à Paris? Pour le bon sens, la réponse est pourtant claire.

N'oublions pas que Jabel Moukhbar n'en est pas à son premier coup. Par exemple, deux autres habitants de ce quartier s'étaient illustrés par une fusillade sur des garde-frontières. (Le 27 mai 07, à Harmon Hanatsiv). Il ne faut toutefois pas s'attendre à voir des tables rondes médiatiques s'interroger sur le danger de la haine en ce lieu, ni si l'octroi pacificateur des droits et de la nationalité ne serait pas un mythe. Israël ne peut rien contre les attentats commis sur les terres de l'exil, mais en se montrant déterminé et sûr de son droit, il peut empêcher sur son sol que des antisémites de la pire espèce puissent frapper à tout moment, selon leur bon vouloir, selon leur décision de vie ou de mort qui dépendra du degré de leur irritabilité.

Peu de médias l'ont relevé ou proclamé haut et fort: les bouchers de Jabel Moukhbar sortent d'une population qui détient la nationalité israélienne et jouit de tous les droits civils offerts par le pays. Le mythe mensonger de la fin de la haine par l'égalité des chances, la prospérité, etc. etc. nous saute à la figure.

Israël doit aujourd'hui puiser dans ses valeurs latentes l'énergie requise pour renverser la vapeur, ou mieux, pour remettre le monde à l'endroit. Le processus parti des valeurs juives, revu par le système moral judéo-chrétien pour aller s'écraser dans la dégénérescence des valeurs occidentales altérées telles que nous connaissons, ces dernières se répercutant en ce syndrome que nous avons vu, doit être contrecarré. Le mal est ce qu'il est et doit être redéfini comme tel. Accuser les Juifs et toujours vouloir rejeter sur eux la responsabilité des agissements les plus monstrueux de ses ennemis revient à accuser D. d'avoir laissé libre champ à Caïn ou d'avoir créé le fruit. Pensez-y! Ce sera salutaire surtout pour l'Occident.

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12 novembre 2014 3 12 /11 /novembre /2014 18:22

~~En un temps record, le prophète prédit, au beau milieu d'une période de disette, que du blé à profusion sera pratiquement gratuit du jour au lendemain, et qu'une pleine mesure ne vaudra plus qu'un shekel. La crise du logement ayant remplacé celle du blé, existerait-il une autre prophétie nous concernant de près prédisant que des maisons ne coûteront qu'un shekel du jour au lendemain?

Prédiction du blé à un shekel

En Israël, la sècheresse avait rendu la terre inculte, rien n'avait poussé depuis des lunes ; le peuple, désespéré, ne trouvait plus de nourriture. Vraisemblablement, il était clair qu'aucun changement des conditions météorologiques, quelle qu'en fût la brutalité, ni qu'une pluie, fût-elle diluvienne et prolongée, n'eût produit prodigieusement, et en un jour seulement, des épis de blé ne demandant qu'à être fauchés, afin de nourrir une population depuis longtemps affamée. Il est à envisager que rien n'eût pu convaincre les gens les plus sceptiques et les plus sensés qu'un changement radical s'opèrerait sur une seule journée, l'eussent-ils entendu de la bouche d'un prophète.

Et pourtant… L'histoire se passe dans les années 3040 de l'ère biblique, à l'époque du prophète Elysée. Des troubles politiques secouent la région, et les troupes syriennes font de fréquentes intrusions sur le territoire du royaume d'Israël. Puis, elles se mettent à camper pour une durée indéterminée autant qu'interminable non loin de Samarie, la capitale du Nord qu'elles assiègent. C'est le camp d'Aram, la Syrie. Or, tout comme aujourd'hui, toute situation anormale qui se prolonge finit par devenir habituelle et à endormir l'attention collective. Plus personne ne se soucie vraiment de cette présence hostile acceptée comme une fatalité. Le roi Ben-Hadad peut bien faire ses intrusions : il semble que la routine de la famine en Israël détourne l'attention du peuple des véritables causes de ses tracas, comme si les problèmes économiques au jour le jour n'avaient pas de lien direct avec cette occupation étrangère. On a déjà bien assez de problèmes pour s'occuper de politique.

Espionnage prophétique

Alors que l'on s'attendrait à ce qu'un prophète vive tel un ermite détaché des contingences terrestres, le texte nous montre qu'Elysée, outre sa stature morale, ne perd rien des mouvements de troupes de l'ennemi, connaît ses moindres mouvements, et sait à l'avance quels seront ses déplacements. Il regroupe les qualités des renseignements et de stratège. Le roi d'Aram, donc, ayant réuni au sommet le cercle très fermé de ses plus grands généraux, délibère et détermine l'action suivante : «J'établirai le campement en tel lieu et tel autre lieu.» (II Rois, VI, 8).

Le roi d'Israël est aussitôt averti par le prophète : «Préserve-toi de passer par tel endroit, car le camp d'Aram s'y trouve.» (idem 9). Le roi syrien constate la présence discrète de guetteurs l'observant de loin, comme pour confirmer les prédictions du prophète. Il comprend qu'il a été joué. Persuadé qu'un espion s'est glissé au sein de l'équipe de ses plus proches collaborateurs, il convoque son quartier général : «Qui, d'entre nous, est à la solde du roi d'Israël?» (Idem 11). Ce à quoi l'un de ses officiers les plus avisés répond : «Non pas, monseigneur le roi, c'est Elysée, le prophète d'Israël, qui rapporte à son roi jusqu'aux propos que vous prononcez dans votre chambre à coucher.» (Idem 12).

Espionnage technologique

Aujourd'hui, les services de sécurité et autres renseignements nous diraient que nul n'est besoin de prophètes. Des agents, des micros ou caméras des plus miniaturisés et perfectionnés qui soient, collectent et traitent les images et les sons et les renvoient par satellite, et des traducteurs qui jonglent avec les langues permettent de savoir ce qui se dit dans les chambres à coucher de tous les dirigeants de la planète. Certes, une lecture linéaire du livre des Rois (II, 5-6-7) nous révèle qu'Elysée peut réaliser d'autres prodiges, comme obliger un objet métallique à flotter, guérir un lépreux ou ramener à la vie le fils de ses hôtes de Chounem.

Mais d'aucuns nous diront qu'il y a bien longtemps que des paquebots entièrement en fer et acier sillonnent les mers du globe, que l'on maîtrise à peu près aujourd'hui le traitement du psoriasis ou autres affections de la peau, et que des équipements médicaux appropriés permettent de revenir dans certains cas d'une mort clinique. Mais revenons sur l'heure à cette prophétie à première vue irrémédiablement inconcevable, selon laquelle du jour au lendemain, le blé, la farine et le pain, introuvables, seraient disponibles en si grandes quantités qu'une mesure d'un séa (environ dix kg ; le séa étant un volume de 7.2 l d'après Maïmonide et la densité de la farine de blé avoisinant les 1.4 en fonction de la compacité) de blé ou deux mesures d'orge ne coûteraient qu'un shekel (shekel biblique, soit 9.4 gr d'argent).

Le prophète proclame, sans l'ombre d'une hésitation : «Demain, à cette heure-ci, le séa de froment vaudra un shekel, et deux séa d'orge vaudront un shekel.». L'homme sensé de service, ne peut s'empêcher de faire partager sa circonspection. De la bouche de l'intendant royal, en l'occurrence, et ce bien qu'il fût certainement très favorable à un tel retournement, la critique fuse : «En admettant que D. ouvre toutes les cataractes des cieux, est-ce qu'une chose pareille est concevable?» Piqué, le prophète lui répond : «Tu le verras de tes yeux mais tu n'en mangeras pas.» (Idem, VII, 1, 2). Comment le blé a-t-il «poussé» en un jour ? «Quatre homme frappés par la lèpre se tenaient près du portique. Ils se dirent les uns aux autres : "Pourquoi rester ici jusqu'à notre mort? Si nous envisageons d'entrer dans la ville, la famine y fait rage, et nous y mourrons. Si nous restons à la porte, nous mourrons.

A présent, livrons-nous au camp d'Aram. S'ils nous laissent en vie, nous vivrons, et s'ils nous tuent, nous mourrons." Ils se levèrent de nuit pour se rendre au camp d'Aram. Ils parvinrent à son extrémité, mais il n'y avait pas âme qui vive. Or, D. avait fait entendre au camp d'Aram le tumulte des chars, des chevaux et d'une armée immense. Ils s'étaient dit : "Voici que le roi d'Israël a engagé contre nous les rois des Hittites et de l'Egypte, et ils s'abattent sur nous." Et ils s'étaient enfuis à la tombée de la nuit, abandonnant leurs tentes, leurs chevaux et leurs ânes, tels quels, s'enfuyant sans demander leur reste. Ils (les lépreux) se rendirent dans une tente, mangèrent et burent. Ils transportèrent de l'or, de l'argent et des étoffes, et les ensevelirent. Puis ils revinrent et recommencèrent. Ils se concertèrent : "Nous n'agissons pas convenablement. Aujourd'hui, c'est un grand jour, et nous gardons le silence (...) Ils allèrent à la porte de la ville, et dirent : "Nous sommes allés au camp d'Aram et il n'y a personne. Le cheval est attaché, l'âne est attaché, et les tentes sont telles quelles."» (Idem, 3-11). Le roi, en fin stratège, se méfie. Il sent une forte odeur d'embuscade, suppose que les envahisseurs basés dans le camp veulent y attirer les habitants de Samarie pour les prendre vivants. Aussi ordonne-t-il de mener un petit contrôle. Non seulement le camp est vide, mais la route qui mène au Jourdain est jonchée de vêtements et d'ustensiles abandonnés par les Syriens dans leur débâcle. Le roi en est informé…

Bref, il aura fallu en tout moins de vingt-quatre heures pour que le peuple se serve largement et que la place du marché s'emplisse de victuailles. Et l'intendant, dans tout ça? Sur l'ordre du roi, il se tient à la porte de la ville et finit écrasé par la foule. «Tout ce passa comme le prophète l'avait prédit au roi : "Deux séa d'orge et un séa de blé à un shekel seront vendus demain à la même heure, à la porte de Samarie".» (Idem 18). Qui, à notre époque dépourvue de prophètes, serait capable de nous donner une information aussi fracassante? Si, comme nous l'avons vu, les déplacements et même les intentions de nos ennemis peuvent à notre époque être décelés et anticipés grâce au brio et à l'abnégation de nos agents et à un matériel de pointe, qui pourrait se permettre d'énoncer une nouvelle aussi déterminante?

Le prix exorbitant des appartements, un problème d'aujourd'hui

Aujourd'hui, objecterions-nous, le pain n'est pas vendu à prix d'or. Certaines épiceries font même des promotions en vendant trois de 0.75 kg chacun pour un total de dix nouveaux shekels. Non, aujourd'hui, ce qui est inabordable, c'est le prix des appartements. Comment un espace vide entouré d'un assemblage de gravats, de sable et de ciment, et d'un des métaux les moins coûteux, c'est-à-dire le fer, et encore non inoxydable, peut-il se vendre à un prix pouvant varier d'un demi-million à presqu'un million de shekels pour une seule pièce? C'est pourtant ce qui se pratiqué. A l'heure actuelle, vous devez être millionnaire et avoir en poche, en plus de ce qu'il vous faut pour vous vêtir et pour manger, un million et demi pour un F3 vétuste à Netanya et deux millions pour le même article à Jérusalem. Jamais nos anciens ancêtres n'avaient prévu une telle flambée des prix, bulle immobilière ou pas.

Jacob n'a-t-il pas formulé son vœu envers D. en disant : «Si Tu m'accordes du pain pour manger et un habit pour me vêtir.» Relisez toute la paracha, et vous ne trouverez pas de «studio pour me loger». Tout au plus, les maisons ont pu être considérées comme de grande valeur financière si jamais elles contenaient de l'or et des objets de valeur scellés à l'intérieur des murs. C'est ce que suggère le Midrash dans l'affaire de la lèpre susceptible de s'incruster dans les murs des maisons. A quelque chose, malheur est bon, et un habitant dont les murs de la maison doivent être démolis se consolera en découvrant dans les décombres l'or caché par les Cananéens dépossédés.

Et pour les appartements à un shekel?

Ce qu'il nous faudrait, donc, ce serait un prophète qui soit en mesure de proclamer, à l'instar d'Elysée au sujet du pain : «Demain, vous trouverez des maisons à un shekel.» Mais une telle prophétie est-elle vraiment absente de nos sources? Rabbi Yéhouda Halévy, dans son œuvre le Kouzari, fait dire à son principal personnage : «des milliers de prophètes». Comment peut-on alléguer que l'histoire biblique d'Israël aurait compté des milliers de prophètes, puisqu'en les comptant on devrait n'en trouver que quarante-huit ? (Talmud Méguila 14a).

Certes, Moshé dit à Yéochoua, son serviteur, lorsqu'il lui rapporte qu'Eldad et Medad prophétisent dans le camp : «Puissent tous les enfants d'Israël devenir des prophètes!» (Nombres XI, 27). L'explication donnée est la suivante : «De très nombreux prophètes se sont levés au sein d'Israël», poursuit le Talmud. Ils auraient même dépassé le million : «Ils atteignirent le double du nombre des Hébreux sortis d'Egypte. Les prophéties qui concernaient aussi les générations futures ont été consignées par écrit, et les prophéties qui n'ont pas été dites également pour les générations futures n'ont pas été consignées par écrit.» (Talmud Méguila 14a).

Où trouve-t-on un texte qui nous dise que, à l'instar de ce qui se produisit lors de la génération d'Elysée, souffrant de la cherté de la nourriture, une génération oppressée par la cherté du logement trouverait des maisons au prix d'un tout petit shekel?

Nous devrons convenir préalablement qu'une telle prophétie, si elle a été énoncée, n'a pu concerner une génération où, comme précité, le logement n'était pas un souci, ne valant pas même que l'on priât pour le résoudre. En outre, serait-il théoriquement possible que, du jour au lendemain, les prix chutent d'une façon aussi dramatique? On entend pourtant déjà l'objection de l'intendant à Elysée refaire surface : «Même si le gouvernement donnait aujourd'hui son feu vert pour valider des projets autorisant la construction de dizaines de milliers d'appartements d'un standing moyen, même s'il débloquait tous les terrains vides de la région de Samarie, il faudrait attendre au moins deux ans pour que les premiers logements soient habitables, après l'obtention de toutes les autorisations et la fin des travaux. Et encore, ils coûteraient peut-être trois cent mille shekels. Mais un shekel???»

Le dénominateur commun aux problèmes de Samarie et aux nôtres

Selon la logique des sceptiques, il aurait fallu trouver du blé dans le cas d'Elysée et des immeubles dans le nôtre qui poussent à la vitesse de la lumière. A moins de chercher une autre voie, qui peut elle aussi présenter des similitudes entre les problèmes posés à Elysée et ceux qui nous touchent aujourd'hui. La solution pour le prophète est passée par l'abandon de la terre qu'occupait l'envahisseur. Des abandons massifs de l'ennemi existe, comme le rapporte le Talmud Sanhédrin dans l'affaire de Gabia ben Pessissa, lorsque des envahisseurs avaient entrepris d'exploiter le sol à leur propre compte avant de l'abandonner, lors d'une année de chemita, jachère septennale, en l'occurrence, telle l'année que nous vivons aujourd'hui. (Sanhédrin 91a). Serait-ce à dire qu'un parallèle pourrait être établi entre la presque gratuité du blé et celle des maisons? Nous allons voir cependant que le texte ne parle pas explicitement de l'acquisition de maisons pour un shekel. Il est écrit : «Vous vous établirez dans des maisons que vous n'aurez pas construites.» (Deutéronome, VI, 10).

On comprend bien qu'il ne s'agit pas de maisons qui auront été construites par des étrangers employés par des Israéliens, mais de maisons que des étrangers auront construites a priori pour eux-mêmes, en cherchant à déposséder le peuple juif de son sol.

Un avant-goût de la prophétie du logement

Sachons reconnaître tout d'abord que cette prophétie s'est déjà réalisée de nos jours à une petite échelle. Déjà, à la suite de l'attaque groupée des pays arabo-musulmans contre Israël dès la proclamation de son indépendance, les agresseurs vaincus ont mis de manière indirecte à la disposition de leur victime maints appartements délaissés. En 5745 (85), une quarantenaire, nous l'appellerons Dina, me disait que son loyer, dans une vaste demeure de type ottoman, dans le quartier de Baka à Jérusalem, loyer qu'elle reversait à l'Etat, ne lui coûtait qu'un shekel par mois .

Il se trouve aujourd'hui que les néo-Cananéens construisent à tour de bras, des immeubles de plus en plus grands et luxueux, sur presque toute la surface de la terre d'Israël. Il va sans dire qu'une désertion subite de toutes ces zones – il suffit de se promener entre le quartier de Néwé Ya'acov, au Nord de Jérusalem, et la localité d'Eli, bien connue des nouveaux immigrants qui sont de plus en plus nombreux à sortir de l'exil français, ou se déplacer de Guilo au sud de la capitale à Hébron pour constater l'ampleur du phénomène – ramènerait en effet le prix des appartements de trois ou quatre pièces de deux millions à quelques centimes.

On peut s'étonner de la certitude se dégageant d'une telle affirmation. L'auteur de ces lignes s'autoproclamerait-il prophète pour oser avancer une telle allégation? Il n'en est rien. La prophétie a été promulguée et consignée par écrit par Moshé Rabénou à l'intention de plusieurs générations du futur, y compris bien entendu la nôtre, celle pour laquelle il est dit : «Si tes exilés se trouvent à l'extrémité des cieux, de là Il vous rassemblera…» (Deutéronome XXX, 4). Ce qui manque, c'est le «demain à pareille heure», précision que seul un prophète réel, ce qui nous manque actuellement, pourrait nous apporter. Or, «il n'est plus de prophète instruit» (Psaumes LXXIV, 9). Bien sûr, je vois déjà les rieurs se gausser : «Voir partir toute une population hostile à Israël alors qu'elle est soutenue par les puissances internationales sans la moindre exception? Quand toutes accusent le Juif d'être colon en son propre pays? Mais il faut s'estimer heureux si déjà le Juif réussit à se maintenir en Israël là où on le tolère.»

Rien n'empêche en effet de se montrer sceptique, face au développement qui précède. La réalité a montré, en ce qui concerne Gaza, que ce sont bel et bien les Juifs qui ont été chassés jusqu'au dernier, même si leurs maisons ont été rasées jusqu'à la dernière pierre, et qu'elles n'ont pas été par conséquent habitées par les Arabes. Il semblerait donc que la prophétie se réalise à l'envers!? Pourtant, il est clair que si les populations d'où sortent quotidiennement des tueurs de Juifs avaient foi en ces prophéties, ou que le pouvoir en Israël leur laisse entendre que leur présence touche à sa fin, mettraient-elles tant de cœur à l'ouvrage et travailleraient-elles d'arrache-pied pour permettre la réalisation de : «Vous habiterez dans des demeures que vous n'aurez pas construites»? Participation de forces opposantes au projet historique Le pharaon se serait-il engagé avec toute son armée à la poursuite des enfants d'Israël dans le désert s'il n'avait pas cru à ses chances? Or, c'est le retour momentané en arrière des Hébreux qui s'étaient éloignés qui laissait à penser qu'ils s'étaient perdus. Et aurait-il lancé ses meilleurs cavaliers dans l'ouverture de la mer, s'il avait été pour lui évident qu'elle se refermerait sur eux? Le Midrash révèle qu'il était persuadé que si la mer s'était écarté pour laisser passer les Hébreux, elle ne se refermerait pas non plus sur les Egyptiens. «Ceux-ci sont idolâtres et ceux-ci sont idolâtres», prête-t-on au représentant céleste de la nation égyptienne. (Midrash Shoher Tov, 15, soit Haggadat Téhilim) Il est donc clair que tout auteur d'un mouvement contradictoire à la réalisation du Retour d'Israël ne peut contribuer à ce retour que s'il est persuadé que son action ne saurait en aucun cas y contribuer.

Des maisons à un shekel? Est-ce que cela semble toujours invraisemblable? Eh bien sachez que l'idée d'une reconstitution d'un Etat juif en Palestine le paraissait bien plus il y a cent cinquante ans, alors que l'on ne pouvait se fonder que sur les prédictions bibliques et l'espoir jamais démenti de tout un peuple de rentrer «l'an prochain à Jérusalem». Un jour que l'auteur de ces lignes regardait la télé (fait rarissime) un rabbin à la barbe et aux cheveux éclatants de rousseur présentait le principe de la vache rousse au journal télévisé. Le présentateur télé l'a laissé parlé jusqu'au bout, mais n'a pas pu s'empêcher de tenter de refroidir l'ardeur et l'intérêt suscités : «Mais pour ce faire, il faudrait aller de l'autre côté du Mur Occidental, et s'installer aussi sur la colline qui le surplombe à l'Est.» Le spécialiste es-vache rousse, sans se démonter, lui dit : «Si nous avons pu surmonter l'invraisemblable et arriver de ce côté-ci du Cotel, passer de l'autre côté ne sera plus aussi inconcevable.»

Yéochoua Sultan

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