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19 novembre 2023 7 19 /11 /novembre /2023 19:04

Israël : appréhender sans détour sa propre vocation

Découvrir sa vocation profonde par des chemins tortueux et détournés, au lieu de s'interroger de façon directe sur sa propre identité et place en ce monde, surtout si le départ est marqué par le déni et de fausses assertions que l'on prend pour une opinion, donne vie au cauchemar le plus improbable, et appelle d'urgence à une révision jusqu'à la racine de toutes ses idées reçues et fausses perceptions.

Par exemple, est-ce qu'il vaut mieux accepter simplement et avec foi le principe du retour d'Israël sur sa terre, y compris Gaza, ou commencer par aller voir ailleurs en la cédant, même partiellement, à des musulmans en croyant bien faire puisque l'Occident ouvre un œil paternaliste sur le Juif pour son ouverture ?

Suite au réveil brutal du 7 octobre dernier, quand il devient clair comme de l'eau de roche que jamais les concessions territoriales ou l'octroi de confort moderne aux ennemis d'Israël n'apporteront la paix ; quand les plus férus comprennent enfin toute l'absurdité de la formule abracadabrante des territoires contre la paix, puisque toute cession de terrain ne fait que rendre plus proche et plus effective la menace, la tendance réparatrice aujourd'hui est de se dire que l'on a omis de prendre en compte la religion de nos ennemis et de la comprendre. Pire, on a voulu décider pour eux ce qu'ils pensent vraiment.

Beaucoup se tournent à présent vers l'orientaliste Eliézer Cherki. Les entretiens se multiplient sur de nombreux médias, et il est évident qu'il eût été préventif de l'écouter quelques décennies plus tôt. Il apporte depuis longtemps un éclairage essentiel. Si on l'avait écouté, notamment quand il documentait au ministère de la Justice la problématique des droits des Juifs en terres d'islam, on aurait évité de se lancer dans la mésaventure des accords d'Oslo, épargné bien des vies et évité cette pression internationale toujours pressée de prendre partie contre les Juifs. Le conflit est religieux, pas territorial. Il ne ressemble en rien au Kossovo disputé entre la Serbie et l'Albanie, à l'Alsace, ou au Haut-Karabakh.

Ou alors, s'il est territorial, il répond à l'approche binaire de l'islam, et n'est pas à comprendre dans le sens de l'aspiration d'un consensus fondé sur une répartition ou un partage de terres. Cela fait des décennies que M. Cherki tente d'avertir les politiciens et autres géo-politologues de l'impasse de leur impossible approche. Il nous explique que le monde entier se divise pour ce culte en deux domaines : celui de la paix et celui de la guerre, ou plus littéralement du glaive. Le premier est soumis à l'islam (pléonasme pour les arabisants), l'autre est celui qu'il faut soumettre. S'il en est ainsi, comment fait-on pour vivre en paix s'il se trouve que l'on évolue dans un pays non islamisé jusqu'aux rênes du pouvoir ? Il faut et il suffit d'être suffisamment stable et puissant pour que le culte islamique se considère en état de trêve, autrement dit provisoirement dispensé de nuire.

Dans nos esprits imprégnés de morale biblique, la gratitude est un pilier incontournable de la foi et de nos cultures. La loyauté exige que la générosité réponde à la générosité. Mais dans l'esprit belliqueux d'un culte qui attend par principe des signes de faiblesse, toute main tendue vers la paix est bonne à couper. Personne n'ignore ce principe de psychologie cher aux mœurs occidentales : perdre son sang froid, s'agiter, se faire blessant ou violent sont des signes de faiblesse. Ou alors, la turbulence est l'apanage de personnes qui se sentent – à tort – agressées. On le sait : la force est tranquille. Nous nous voyons magnanimes, et notre magnanimité respire notre invincibilité.

On accorde la nationalité sans craindre un renversement du régime en place, notre résilience nationale est bien au-dessus de ça ;  on cède des territoires sans appréhension aucune, car si jamais on se trompe – éventualité par trop insensée – notre puissante armée nous permettra d'y remédier.

Cette vision n'est pas symétrique. Pour le camp qui voit en nous le domaine qu'il faut briser, battre ou abattre, ce n'est pas de la magnanimité qui est captée mais des signes de faiblesse. Nous ne sommes pas généreux, nous avons peur d'eux. En schématisant, nous répondons à l'occurrence de l'agressé qui, devant le choix de la bourse ou de la vie, cède celle-là pour sauver celle-ci. En distribuant des cartes de séjour ou des territoires, selon que vous soyez en Europe ou en Israël, vous payez le tribut de votre salut. L'islam ne conçoit pas que le monde puisse contenir des places où un autre culte que lui pourrait être observé, ni qu'il n'y ait pas de culte du tout. À partir de là, tous les coups sont permis. Les adeptes de l'islam ne parlent d'ailleurs pas, nous informe notre orientaliste, du terme européanisé de djihad, mais du «Sentier de D.», et pour avancer, il n'est pas amoral de signer des accords de paix en attendant le moment propice de leur trahison.

Quand la signature des accords d'Oslo fut reprochée à l'archi-terroriste Arafat par des coreligionnaires, il se prévalut de celle du fondateur du culte mahométan, à son époque à la Mecque. En effet, le traité de Houdaybiya, signé en 628, qui devait autoriser la liberté de culte à ces derniers et à leur chef, en échange d'un engagement à la non-belligérance, fut trahi deux ans plus tard, l'occasion du départ de l'armée locale partie escorter une caravane ayant été trop belle. Nous sommes plus habitués au vocable francisé de taqîya, venu enrichir la langue française. Cette valeur religieuse est aux antipodes de la langue de Molière, qui, de manière ludique et éducative, avec Scapin, avait fait de la fourberie un vilain défaut.

Comprendre la religion de l'ennemi, et surtout qu'il s'agit bien d'une guerre de religion, permet tout d'abord de réaliser que nous et eux n'avons pas les mêmes valeurs. Pour nous, Israéliens ou Français, se servir de Gaza ou des territoires perdus pour nous bombarder et envoyer des bourreaux égorgeurs, ou brûler le mobilier urbain, les magasins, et attaquer des maires et leur famille chez eux, mettre le pays à sac, à feu et/ou à sang, c'est mal. Pour eux, c'est une question purement tactique ou stratégique : on leur a fait cadeau de Gaza ou de nombreuses cités, c'est le signe de faiblesse qu'ils attendaient car il leur fournit une base concrète pour mieux nous attaquer.

Néanmoins, se focaliser sur la religion de notre ennemi pour comprendre ce que nous devons faire ou ce dont nous devons nous préserver coûte que coûte, cela relève du comportement de ce personnage qui se gratte l'oreille droite avec la main gauche en faisant le tour de la tête avec le bras gauche, ou inversement (oreille gauche, main droite). Nous retombons sur la philosophie de Sartre pour qui le Juif n'existe que par le regard des autres, tout au moins pour les «inauthentiques». «Le Juif est un homme que les autres hommes tiennent pour juif». Albert Memmi, sans rejeter son identité, constate à l'école française cette distinction du Juif par la nature de la relation de son environnement scolaire qui semble lui brandir un miroir sous le nez : «Au lycée… on m'obligeait à me demander qui j'étais… par de continuelles remarques, on me suggéra l'image du Juif idéal et, pour la découvrir en moi, je m'observais»[1].  

Serions-nous incapables de définir nos propres principes moraux, nationaux, spirituels, nos objectifs et notre fonctionnement en tant que nation en étudiant directement notre propre religion et échelle de valeurs, sans détours, sans passer par ce que nous réservent les autres en cas d'égarement et de confiance aveugle et malencontreusement mal placée ? Nous ne sommes pas une nation dépourvue de spiritualité, contrainte d'aller voir chez les autres afin de comprendre ce que nous avons à faire.

Pour comprendre l'origine du caractère inextricable des choix politiques imposés à notre génération par la classe politique dirigeante, de façon totalitaire ou par consentement arraché via des manœuvres politico-médiatiques manipulatoires, nous devons élucider l'esprit de la Torah, la direction et le sens de l'histoire en général et d'Israël en particulier, ou,  d'une manière qui n'a de restrictive que l'apparence, la religion juive, dans sa dimension collective.

La Torah établit très clairement le lien entre les trois piliers fondamentaux d'Israël : le peuple, le sol, la religion. Avant même que le peuple ne soit formé, déjà, le premier patriarche hébreu lance le mouvement : se diriger vers la terre d'Israël et s'y établir. La Bible hébraïque distingue trois périodes vectorielles allant de l'exil à la rédemption :

 Égypte, Babylone, Edom. Il est impossible de ne pas faire le constat de l'évolution du rapport inversement proportionnel de la prépondérance entre l'implication divine et de la responsabilisation des membres de la communauté d'Israël. Dans son jeune âge, le peuple est assisté. Il participe passivement à sa libération du joug égyptien. Il ne lui est demandé que de sacrifier l'agneau pascal, de rougir les linteaux de sa porte, et de ne pas sortir de chez lui avant d'en avoir reçu l'ordre. Le libre arbitre de chacun n'est pas lésé pour autant. La tradition, confirmée par Rachi, rapporte que seul un membre sur cinq du tout jeune peuple a jugé bon de s'affranchir de l'esclavage. Certains devaient penser : heureux comme un Hébreu en Égypte. L'histoire n'en a pas gardé la trace.

Pour les retours suivants, les autres mouvements vectoriels, l'implication divine se fait plus discrète, voire plus distante. Il n'est plus question de bouleverser l'ordre de la nature comme avec les plaies d'Égypte – on relèvera cependant qu'aucune créature surnaturelle, ou d'ordre mythologique, n'a été créée et exploitée à cet effet – ni d'une voix venue du Ciel comme sur le Mont Sinaï, venue nous dicter les principes essentiels de notre Code cultuel et moral.

La prophétie accompagne encore activement le peuple jusqu'au retour de l'exil de Babylone. Ezra et Néhémie, à l'instar de Moshé, sont à la fois des dirigeants spirituels et politiques et des prophètes. La prophétie active durera jusqu'aux débuts de la Grande Assemblée[2].

Le troisième retour se déroule dans une période depuis longtemps post-prophétique. Mais alors, que faire ? Si non seulement il n'y a plus de voix céleste mais de surcroît plus de prophètes messagers de la parole divine ? Pas de panique. Les prophéties continuent de nous accompagner de génération en génération. Elles sont écrites dans la Torah, et tout le monde peut les consulter. Des promesses faites aux Patriarches aux nombreuses prophéties écrites noir sur parchemin dans le Deutéronome, il apparaît sans ambigüité aucune qu'Israël sera restauré sur son sol.

Une difficulté demeure cependant. Certes, nos Sages et le Midrach rapportent le principe d'une période de deux mille ans d'exil, de la correspondance entre l'heure où Adam, au sixième jour de la création, se campe sur ses jambes, et entre l'année 5708 du calendrier hébraïque, chaque jour de la création se projetant sur mille ans d'histoire terrestre. Mais «en ce temps-là» ne nous apporte pas vraiment d'indication précise sur la date.

Réponse : il faut être attentif au signal. La présence divine accompagne Israël en exil et aspire à rentrer au pays. Bien que les injonctions midrachiques n'ont pas force de halakha, la traité talmudique de Ketoubot préconise que le retour d'Israël en ses frontières doit se produire en évitant de passer par une révolte ou une guerre ouverte contre les nations. Sur ce plan, la génération du retour de Babylone et la génération du retour d'Edom sont sur un pied d'égalité, en dépit de l'avantage prophétique des dirigeants d'il y a environ deux millénaires et demi.

On objectera que les exilés du Premier Temple savaient qu'ils en auraient pour soixante-dix ans. Or personne ne savait à quel instant T démarrait le compte à rebours. L'incertitude causait bien du désarroi, et seule la foi dans l'issue de cet exil permettait de ne pas perdre espoir. À tel point que le roi Assuérus, convaincu que le délai était passé et que la prophétie s'était démentie, a donné un grand festin en s'autorisant à utiliser les ustensiles pillés dans le Temple, gardés de côté jusqu'alors.

Concrètement, pour ne pas dire politiquement, c'est l'édit de Cyrus qui enclenche le processus du retour et de la reconstruction du Temple de Jérusalem. Il n'est donc plus question de «réveiller précocement l'amour avant qu'il ne soit agréé»[3].

Cyrus était en mesure, en tant que roi fondateur de l'Empire perse achéménide, de se prononcer au nom des nations et faire en sorte que le peuple d'Israël reprenne possession de sa terre sans que ce retour s'apparente à une révolte. De même, Israël ne s'est engagé sur le sentier de la guerre que pour se défendre, après son retour, et non pas en vue de rentrer chez lui. Ne pas attaquer les occupants de sa terre pour la reprendre est bien différent du droit de se défendre en cas d'attaque étrangère.

L'Eternel ne nous parle donc plus ni comme au temps de la sortie d'Égypte, ni comme durant la longue période prophétique. Il «veille depuis les fenêtres, jette un œil depuis les meurtrières»[4]. «En ce temps-là, cacher, je cacherai ma face»[5]. Il opère derrière l'histoire, terme dont les trois consonnes semblent provenir tout droit de la racine trilitère du verbe hébraïque cacher (s t r). Le sage remplace le prophète. «Qui est le sage ? Celui qui prévoit les engendrements»[6]. D'aucuns avaient averti que l'Europe, vers la fin de l'entre-deux-guerres, deviendrait un brasier. D'autres, plus récemment, que les accords dits de paix annonceraient le chaos.

Il n'est pas inopportun de considérer que la déclaration Balfour fut le signal adressé par les Nations au peuple d'Israël au sortir du troisième exil.

En fait, ce ne sont pas seulement les représentants du pouvoir politique des nations qui interviennent ; c'est toute la configuration géopolitique sinon mondiale, au moins régionale. Imaginons un seul instant que tous les continents aient été morcelés en pays bien définis. Certes, la terre d'Israël n'est pas vraiment comme les autres, puisqu'elle a attendu le retour de ses enfants, restant désespérément sèche ou infestée de malaria sous la charrue de tout étranger. Mais ça ne suffit pas.

Essayez de planter un drapeau inopiné et inopportun en plein Sahara ou en Arizona, ou autre zone aride, et de vous constituer en nation, et vous verrez. Imaginons les Juifs et leurs délégués, dans un monde stabilisé depuis des siècles, s'adresser à la représentation des nations : «On aimerait bien rentrer chez nous, et qu'on nous rendre notre terre». Le chef de la représentation aurait eu un sourire mi-narquois, mi-condescendant : «Mais, enfin, vous plaisantez, vous auriez des vues sur la patrie d'une nation établie depuis presque deux mille ans, ben tenez ! Justement, qui s'est constituée peu après votre départ. Mais c'est impossible.»

Il les aurait regardés comme un phénomène étrange, comme s'il avait devant lui des fossiles vivants doués de parole. Or non seulement elle est restée déserte (certains ont bien pensé fomenter de toute pièce une telle nation, mais après coup ; ils s'y sont pris trop tard, et la charte de cette nation virtuelle ne saurait être rétroactive), mais la tendance était – quel concours de circonstances extraordinaire – à la redistribution des terres à de multiples nations ou nationalismes. On ne pouvait tomber mieux.

L'histoire s'est mise au service du Retour d'Israël.

L'expansion territoriale de l'Europe occidentale, lancée au XVème siècle, préfigure la décolonisation. La première Guerre mondiale annonce le terme de la colonisation ottomane notamment de la Palestine (démarche entérinée par la suite par le dirigeant turc en personne, Mustafa Kemal, dans le cadre de l'abolition du Califat) rattachée à l'empire colonial britannique, qui doit y préparer la restauration du foyer juif.

Et c'est dans ce vaste contexte de décolonisation qu'Israël récupèrera le plus naturellement possible sa part du vaste gâteau, au même titre que tant d'autres groupes nationaux, des terres rétrocédées par l'Occident.

Pourtant, l'unanimité du peuple n'est pas présente à chacune des proclamations du retour. Ils sont six cent mille hommes à la sortie d'Égypte, quelque quarante mille à rejoindre Ezra, et six cent mille à la proclamation de l'indépendance d'Israël.

Le monde se met en quatre pour qu'Israël, qu'on le veuille ou non, reprenne possession de son sol.

Le Talmud[7], dans le onzième chapitre du traité Sanhédrin, rapporte une citation à comparaître devant Alexandre de Macédoine. Les descendants d'Ismaël prétendent se fonder sur les sources de la Bible pour revendiquer la moitié de la Palestine, vu qu'Abraham avait deux fils (non, pas Israël, Isaac, son père). Un sage, Ben Psissa, se propose pour représenter notre cause. Pour finir, il cite le verset : «Il donna tout ce qu'il possédait à Isaac». Or, même si l'on veut y voir une donation en avancement d'hoirie que le bénéficiaire serait censé rapporter à la masse successorale, le texte fait en ce cas état d'une répudiation, dans la mesure où les autres héritiers reçurent des  «cadeaux et furent expulsés vers l'Orient».

Le problème, c'est que certains, au milieu de nous, n'ont peut-être pas très bien assimilé cette leçon du Talmud, au point de se rallier à la cause de nos détracteurs.

Il se peut que les égarements aient été eux aussi annoncés par les prophètes. Ainsi, dans le texte d'Ézéchiel, (XXXVI, 5), apparaît une curieuse phrase dont la tournure est impersonnelle : «Ainsi parle l'Eternel D.… j'ai parlé au résidu des nations et à Edom tout entier, à qui on a donné [אשר נתנו את ארצי להם] ma terre en héritage, dans la joie du cœur et avec dégoût, pour expulser et livrer au pillage».  L'exégète Rabbi Joseph Colon Trabotto (Sage de la Première période – ראשונים מהרי"ק) : «la joie du cœur… car Israël en était expulsé ». Le prophète Joël annonce (IV, 2) : «Et ma terre ils la morcelèrent». Ces prophéties de la fin des temps, peuvent s'appliquer aussi bien au vote du partage du reste de la Palestine mandataire en 47[8] qu'à l'expulsion des Juifs de Gaza. Dans les deux cas, le courroux s'abattra pour finir sur les éléments étrangers qui auront profité et abusé de cette parcellisation. Faut-il voir dans cette joie du cœur l'exultation béate des signataires des accords dits de paix, avec l'Egypte ou l'Olp, persuadés que par leurs dangereuses concessions, les démons de l'antijudaïsme seraient à jamais en profonde léthargie ?

En tout état de cause, les prophéties les plus sombres ne doivent pas pousser au désespoir. Les catastrophes annoncées dans la Bible peuvent être déprogrammées, comme nous l'apprenons du livre de Jonas, à propos de Ninive, épargnée suite à sa repentance.

Donc, D. octroie la terre d'Israël au peuple d'Israël, mais ceux qui prennent en main les destinées de la nation refusent ce cadeau. Peut-être a-t-il été réattribué trop facilement, sans que chacun en réalise l'importance. Gaza est donnée par le Créateur au peuple d'Israël. Que peut-il se passer si le cadeau est dédaigné et abandonné à ses pires ennemis ?

La guerre des Six jours a permis au peuple d'Israël de récupérer une quantité incroyable de terres, mais tout le monde n'est pas capable d'en apprécier la valeur. Quoi qu'il en soit, le faux messianisme de la paix contre les territoires ne supplantera pas le messianisme du Retour, énoncé dans la Bible. Car les différentes régions du pays seront de toute façon adressées à leur destinataire qui l'obtiendra le cas échéant en passant par des guerres superflues qui auraient pu être évitées.

D. n'a pas donné Gaza à un conglomérat d'arabophones mahométans, Gaza n'est pas Singapour. De même, le cœur de la terre d'Israël, quand les dirigeants ont voulu nier l'évidence du retour d'Israël en ses frontières, quand il a été cédé aux organisations musulmanes terroristes tournant autour de l'Olp, est devenu le centre d'une agitation nocive devenue vite infernale, et ayant contraint la direction politique à réagir. L'opération Homat Maguen en 2002, a permis d'atténuer le mal, mais elle laisse par le maintien de l'occupation étrangère une situation instable. Seule une reconquête du terrain et l'installation de citoyens judéo-israéliens garantiront la réalisation de la vision biblique du Retour et par voie de conséquence l'avènement de la paix mondiale. Les émeutes mahométanes en Europe fonctionnent comme les vases communicants. Que l'islam relève la tête ici et c'en est fini de l'Europe. Qu'Israël soit le vainqueur incontesté et l'islam s'enfuira en jetant ses chaussures également en Europe.

À quoi peut-on réellement s'attendre quand on renie le message qui nous accompagne et garantit notre existence depuis la naissance d'Abraham, en 1948 de notre ère ? Quand on s'autorise des petits aménagements ? Quand, par exemple, on chasse les membres de la communauté d'Israël de Gaza pour favoriser l'ennemi ?

A-t-il fallu encore une fois que l'histoire se reconfigure pour nous montrer de façon cinglante que nous devons non seulement vivre en terre d'Israël mais que toue la terre d'Israël, toute, doit être habitée par le peuple juif ? Il est à présent établi que l'Iran se tient derrière les pogromes et les rafles du 7 octobre. On parle moins, fait curieux, du Qatar. Pourtant, il y a peu, il allait presque mettre la clé sous la porte. Mais voilà. Il y a eu la guerre entre la Russie et l'Ukraine. Les Usa et l'UE ont voulu isoler la Russie. «Nous allons livrer une guerre économique et financière totale à la Russie, nous allons donc provoquer l'effondrement etcetera etcetera» (disait sans rire B Le Maire, 1 mars 22, ministre français de l'Economie). La France s'est appauvrie, et tente de relancer ses centrales nucléaires, tandis que l'Allemagne retourne au charbon. La Russie s'est tournée vers d'autres alliances, la Chine, l'Inde, et… l'Iran, qui reprend du poil de la (sale) bête.

Le Maharal, dans son livre Pérennité d'Israël (נצח ישראל), parle de l'exil comme préambule à la rédemption, de même que la nuit annonce le jour, ou ce monde-ci le monde futur. Toute génération sortie de l'exil a su apprécier la valeur du retour. Ces pionniers ont su s'armer de courage et se battre pour défendre la moindre parcelle du sol d'Israël, du sable d'Israël. Aura-t-il fallu que la génération native du pays, après s'être idéologiquement égarée, vive sans se déplacer les pires tourments de l'exil ? Aura-t-il fallu passer par la vision de l'horreur, de la religion et des forces du mal, dans toute l'abjection de leur cruauté et de leur sauvagerie, pour enfin se tourner vers nos propres sources, sans avoir besoin de suivre des sentiers détournés ?

«Et à partir de cet instant, deviendra clair et perceptible le haut niveau qu'ils atteindront dès qu'ils se seront dégagés de l'emprise des nations pour s'attacher à Lui, béni soit-Il, car ils auront ainsi atteint un degré supérieur à celui qu'ils auraient atteint s'ils n'avaient pas été sous leur joug». (Extrait du chapitre 9).

Le peuple d'Israël, y compris ceux qui succombèrent à la tentation du faux messianisme du nouveau Moyen-Orient, s'est largement remis des chimères des paix avec ou sans accords. En revanche, le gouvernement ne semble pas obéir aux aspirations du peuple mais à des intérêts qui ne le servent pas. Dans l'état actuel des choses, il n'y a pas de droite au pouvoir. Car la droite, en Israël, c'est celle qui abonde dans le sens de la souveraineté israélienne sur la terre d'Israël. Il serait temps que ces politiciens prisonniers d'un mal mental incurable aillent voir ailleurs, à moins qu'ils ne s'en sortent. Mais n'est-il pas trop tard pour eux ?

 

 

 

[1] La statue de sel, Folio, p. 275.

[2] Début de la période du Deuxième Temple, d'Ezra à Chimon Ha-Zadik.

[3]  Cantique des Cantiques III, V, repris dans le Midrach du traité talmudique Ketoubot page 111a

[4] Idem II, 9.

[5] Deutéronome XXXI, 18.

[6] Michna, Maximes des Pères, 2, 9.

[7] Sanhédrin 91a.

[8] Allocution du Rav Zwi Yéhouda Kook. Son discours est resté mémorable, étant donné qu'il a été prononcé peu de temps avant la guerre des Six jours, le jour de l'Indépendance, et qu'il y déplore en citant le verset de Joël que la terre d'Israël a été morcelée.

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