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5 janvier 2022 3 05 /01 /janvier /2022 18:06
De l'attraction des friandises

En survolant les titres de la presse autorisée, celle qui vous apporte les vraies informations et vous protège des fausses, l'un des artifices de cette surveillance a fait ressurgir en surface un péché de mon enfance.

En vacances dans une villa de location, dans un pays chaud et lointain, une bonne partie de notre emploi du temps consistait à ne rien faire. L'oisiveté étant mère de l'ennui pour des enfants dont l'âge n'a qu'un chiffre, la curiosité, mais aussi la créativité, y remédient amplement. Ces maisons vastes et confortables ont entre autres la particularité d'être hautes de plafond, ce qui peut être plus qu'un simple détail, outre la sensation de fraîcheur, puisque, comme chacun sait, l'air chaud s'élève et procure au-dessus du sol une agréable fraîcheur.

Ma jeune sœur, exploratrice improvisée, veut me parler de quelque chose. «Tu as vu comme ils sont hauts les placards?» me demande-t-elle. Je lui réponds que c'est bien possible, mais que je ne vois pas en quoi ça doit me plaire ou me gêner. «Si tu observes bien, tu verras qu'il y a beaucoup plus d'étagères que chez nous, et qu'en plus on ne voit presque pas ce qu'il y a dessus, pour les plus hautes.» «Et alors?» demandé-je. «Tu remarqueras aussi que l'escabeau est plus grand. Suis-moi» Nous parcourons le vaste salon jusque dans la cuisine. Elle avise presque le plafond. «Regarde, dit- elle en gravissant l'échelle, on dirait que le "monsieur" nous a laissé, avant de nous remettre sa maison, un petit cadeau.»

Et, pour confirmer ses dires, elle gravit les échelons, introduit le bras profondément dans la cavité délimitée par la dernière étagère, et en retire un grand paquet de chewing-gums. «Regarde, c'est comme dans les bars-tabacs, comme celui qu'on a sur le chemin de l'école».

Perplexe, je m'interpose sans conviction en contrebas.

«Je pense plutôt que s'il les a mis là-haut, c'est qu'il compte bien les retrouver à son retour. Il les a planqués, c'est tout.» Elle proteste. Le coopérant est précisément en France, il va donc forcément s'approvisionner au passage. Puis elle me dit : «De toute façon, c'est trop tard, j'en ai déjà pris. Ça m'embête si jamais ça se complique d'être seule dans le coup. Et puis, qui te dit que c'est un coup? Il peut très bien les avoir oubliés, et quand il déménagera, le prochain ne les verra pas non plus et ils sont bientôt périmés.» Je considère le modèle à la chlorophylle, je réfléchis et lui dit : «Tu as bien regardé? Est-ce qu'il n'y aurait pas plutôt le parfum fraise? » Elle déplore que non, qu'il ne reste en tout sinon qu'un autre paquet, celui aux emballages bleus, au goût menthe agressif. Je lui dis qu'il vaut mieux ne pas en parler, les parents risquant de s'angoisser, d'autant qu'ils ne pourraient pas en racheter en cette contrée lointaine. De notre première intention d'en laisser si jamais le propriétaire a une petite faim, nous arrivons à bout du stock, faisant des efforts pour mastiquer cette gomme dure et pour finir non comestible, puisqu'il faut la recracher. En quelques jours, nous finissons aussi les bleus, surmontant la réticence de nos papilles gustatives.

L'opération est à première vue réussie. Jamais nous n'avons été surpris, et nous avons dissimulé les emballages soigneusement, y compris cette sorte de papier aluminium long et plat.

L'affaire est oubliée. Il me semble. Puis je suis vertement convoqué par mon père qui me dit : «Pourquoi est-ce que tu as mangé les chewing-gums du monsieur, avec ta sœur?»

Le réflexe enfantin de défense me dicte ce qui suit : «Quels chewing-gums? Quel monsieur?» Puis mon père demande à ma sœur d'approcher : «Ecoute ce que dit ton frère? Ça ne colle pas avec ce qui tu as dit.» Me sentant découvert, je lui reproche de m'avoir balancé après m'avoir piégé. Elle se défend sincèrement et piteusement : «Mais pas du tout. Pour être tout à fait certaine que ça marche, je suis allé dire au contraire qu'on n'a pas mangé les chewing-gums du monsieur.»

Aujourd'hui, je ne sais absolument plus comment fut réglé le problème. Nous n'avions pas le téléphone pour contacter cet homme et lui demander d'en racheter sur le compte de notre famille…

Sur les titres de la presse autorisée, on peut lire : «Non, ne vous fiez pas aux fausses informations. Les vaccins ne contiennent pas d'oxyde de graphène».

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