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25 octobre 2023 3 25 /10 /octobre /2023 11:16
Les envahisseurs de Gaza menacent la région
Agriculture Néguev occidental

Dans un immeuble paisible, un phénomène aussi nouveau qu'inattendu perturba quelque peu le quotidien d'une paisible famille, qui préféra conserver l'anonymat. Partout, dans la maison, sur les murs, les meubles, et jusqu'aux vaisseliers et armoires de vêtements, de petits coléoptères se mirent à marcher à six pattes. Cet insecte volant, débonnaire s'il en est, se particularise par un curieux appendice : une curieuse trompe. Le ménage décida de prendre des mesures. Sans savoir trop ce qu'il serait ingénieux de faire, ils prirent pour première mesure de se lancer dans un nettoyage plus approfondi de leur domicile. On passe l'aspirateur, on aère, on vide les poubelles…

«Que c'est bon d'avoir une maison bien propre, conclut la mère de famille. Finalement, cet inconvénient nous aura permis de nous remuer.» En effet, les insectes disparaissent, mais ce n'est que partie remise. Il ne leur faut pas plus de deux ou trois jours pour retrouver leur population d'antan.

On fait des frais, on place des moustiquaires. Beaucoup d'espoirs sont investis, mais rien n'y fait. On contrôle les contours des cadres de celles-ci, des portes. Non, ils ne semblent pas en avoir fait le tour.

On asperge l'appartement de flytoxe, un beau matin, juste avant que tous partent au travail ou à l'école. «Exceptionnellement, vous pourrez rester à jouer dehors, ou faire vos devoirs chez des camarades de classe, concède le père à ses deux enfants, le temps que le produit agisse et se dissipe.»

Le soir, l'effet désagréable de l'odeur âcre du produit est atténué par la satisfaction de ne plus tomber sur la présence de ces intrus. Mais il ne faut que quelques jours pour que le fléau réapparaisse en force. Cette fois, on fait appel aux services d'un désinsectiseur. Il fait un tour dans le foyer, constate les faits et dit : «Je vois. Mais il va vous falloir vous absenter quelques jours, pour éviter la toxicité du produit». Les parents disent que ça tombe bien, vu que, la semaine prochaine, la famille doit partir quelques jours en vacances.

On confie les clés au professionnel de l'éradication du charançon, dont la réputation confère à ce dernier l'image d'un insecte ravageur, ou d'un nuisible susceptible de causer de gros dégâts à votre garde-manger. Celui-là aura le loisir d'agir en toute quiétude, et de revenir la veille du retour de ses clients pour aérer la place.

Bref, la famille rentre chez elle doublement satisfaite : de s'être aérée à la campagne, et de ne plus trouver chez elle cet intrus qui n'aurait jamais dû émigrer de celle-ci.

Quelques jours passent, et les premiers charançons, comme si de rien n'était, refont leurs premiers pas sur la table de salon. Le père se frotte la tête et déclare : «Est-ce que vous savez en fait en quoi consiste pour de bon notre problème?» A son épouse, sa fille et son fils qui sèchent sur la devinette, il explique : «Comme pour chaque problème, puissions-nous en être épargnés, il faut remonter à la racine. Ces charançons, ils viennent bien de quelque part. Ils ne sont pas nés de la génération spontanée. Il va falloir que nous procédions méthodiquement à rechercher leur point de départ.»  

La mère se met à suivre l'un d'eux, se demandant si, alors qu'il prend subitement son envol vers la cuisine, il ne chercherait pas à lui indiquer le chemin. Il se dirige vers un placard de la cuisine, se pose juste sous la porte et passe par-dessous. Le cœur battant, elle l'ouvre. Le charançon est bien là. Il rencontre quelques congénères. Sans perdre un instant, elle entreprend de retirer la pile d'assiettes pour avoir une vue d'ensemble du meuble une fois dégagé. Mais, déçue, elle ne trouve rien. «Suis-je bête, se dit-elle, il faut chercher d'où ils viennent, pas où ils vont. Quoique…»

«Eh! Venez tous voir par ici! » s'écrie le cadet. La famille au grand complet, les parents, la grande sœur, le rejoignent devant le placard mural de l'entrée, à l'orée du couloir. Craignant d'y mettre les mains, il s'explique, désignant l'étagère où trônent quelques paquets de denrées sèches, conditionnées et stockables sur le long terme : «Regardez, ils attaquent les pois chiches!»

Les parents, stupéfaits, bouche bée, admirent la clairvoyance de leur jeune prodige, tandis que la sœur réprime son agacement. «Bravo, le félicitent-ils, mais à mon avis, dit le père, il faut moduler et nuancer ton constat. Ils n'attaquent pas les pois chiches. Au contraire, ils en sortent. Bon, je vais vous emballer tout ça dans un sachet-plastique et vous jeter ça dehors, le plus loin possible, dans la benne à ordures».

Ainsi, notre petite famille au grand complet retrouva la sérénité et vécut désormais en paix.

Pensez-vous, cher lecteur, que quelqu'un, dans la famille, eût l'idée de suggérer : «Mais non, pourquoi s'en prendre à ces pauvres pois chiches ? Ils sont déjà bien injustement malmenés par ces scélérats de charançons. Ce qu'il faut faire, c'est éviter à tout prix de provoquer des dommages parmi ces gentils féculents, et, chaque fois que le problème redeviendra cycliquement intenable, il suffira de faire une petite opération de désinsectisation en quittant quelques jours la maison. Nous sommes bien plus puissants qu'eux, cela va sans dire.» ?

 

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