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11 mars 2018 7 11 /03 /mars /2018 15:45

Les plaisanteries sont allées bon train au regard du nouveau couple présidentiel de France. Nous nous permettrons d'y voir une histoire qui en dit long sur les valeurs sûres, refoulées ou inhibées, des mœurs de la société. C'est un fait, la différence d'âge d'un peu plus de vingt ans l'est au détriment de la femme. Il serait peut-être de bon ton de dire : à l'avantage de la femme, puisque dans tant de cas à première vue semblables, c'est toujours l'homme le plus âgé, à commencer par un autre couple présidentiel, de l'autre côté de l'Atlantique.

D'aucuns s'en insurgent, et l'argument est sans faille : «Pourquoi, quand c'est l'homme le plus âgé, personne ne trouve rien à redire?» Un autre argument a été avancé pour renforcer ou contrer le précédent. Des spécialistes de la psychologie anthropologie sociologie etc., se sont lancés dans des analyses compliquées sur la structure patriarcale de la cellule familiale, voire de la tribu. Cette envolée explicative renforce la première protestation, si on vient opposer la société moderne à des modèles qui n'ont plus lieu d'exister, ou la réfuter, si l'on cherche objectivement à montrer sur quelles mentalités la société se fonde pour accepter ou railler un même phénomène a priori qui révèle un parti-pris plus que flagrant.

Une problématique siamoise nous apportera quelques éléments de réflexion. La même préconception touche la question de la polygamie. En Europe, y compris chez les Juifs depuis le décret halakhique de Rabénou Guerchom, qui interdit à un homme d'épouser plus d'une femme à la fois, le débat n'est que théorique. Il est plus marqué dès que l'on  s'intéresse aux sociétés méridionales et orientales. Et là, c'est encore une fois la même chose. Ce sera toujours un homme, au singulier, qui épousera deux, trois, quatre, voire davantage, femmes, et jamais le contraire. D'ailleurs, si le décret halakhique précité ne s'adresse qu'aux hommes, cela ne signifie absolument pas que la femme aurait droit à plusieurs maris simultanés, ça tombe sous le sens, tellement il est évident qu'elle n'a droit qu'à un mari à la fois.

Pourtant, naturellement, un «couple», ou un «tandem», composé d'un mari et de dix épouses, serait à même de mettre au monde à peu près tous les deux ans dix bébés ; ce qui n'est pas possible dans le cas contraire, du moins chez l'espèce humaine (des études montreraient par contre que chez le chat, tous ces mâles qui font la queue poliment auprès d'une même femelle seront tour à tour les pères de l'un des petits de la portée). En outre, la filiation de chacun ne nécessite pas pour être établie de test de paternité.

Donc, pour revenir à notre cas, la ressemblance avec ce dernier devient évidente. Si la période féconde d'une femme s'arrête à l'âge de quarante-cinq en général, celle de l'homme dure jusqu'à la fin de ses jours, en général aussi, ce qui fait qu'un couple décalé sera naturel dans la plupart des cas si l'homme est plus âgé. Dans le cas contraire, la période de chevauchement restera courte, car à quel âge madame doit-elle prendre monsieur pour époux de sorte que la marge restante jusqu'à 45 ans soit suffisamment effective? Car si monsieur a 20 ans le jour de leur mariage, il peut in extrémis faire un tout petit bébé ; or pour qu'il leur reste cinq ou six ans et qu'ils aient le temps de faire trois enfants, il faudrait que monsieur ait disons 14 ans. Donc, le sourire qui vient tel un réflexe sur de nombreuses lèvres repose sur un inconscient collectif qui aspire à des unions qui ne soient pas contre-nature en ce qui concerne la question du maintien et de la perpétuation de l'espèce humaine.

Si vous riez, c'est que pour vous, toute formation d'un couple doit servir la nécessité de la reproduction et de la procréation.

Et votre réaction amusée est d'autant plus curieuse que la société déclinante a à peu près oublié à quoi se mettre en couple sert. Et, de la même façon que l'on expliquait avant internet aux enfants comment on fait des bébés, autrement dit qu'on leur expliquait ce qu'il devait se passer au début du processus de la venue au monde, il faudrait à présent expliquer aux adultes ce qui doit en principe se passer à la fin, à savoir que la sexualité est essentiellement et intrinsèquement liée à la persistance de l'espèce humaine en l'espèce. Cependant, si la société cesse de se reproduire et de se maintenir, elle crée un appel d'air et le manque à peupler arrive à tire d'aile d'au-delà des frontières.

Pourtant, quelque chose cloche. S'il est tellement choquant ou interpelant qu'un homme prenne une femme de l'âge de sa mère, comment se fait-il qu'une autre association, appelée «couple» par abus de langage, ne choque-t-elle plus personne? Une paire d'hommes fondant un doux foyer jouit d'emblée de la compréhension et du respect de son entourage et de toute la société, ou au minimum de l'indifférence des autres. Nous l'avons dit, nous dirions-nous, puisque les associations à deux ne servent plus à procréer, quelle importance si nous avons à faire à une association homme/femme, homme jeune/femme âgée ou l'inverse, homme/homme, homme/singe homme/guenon?  

Ou, plus simplement, pourquoi un couple assez peu contre nature finalement s'attirerait-il plus les sarcasmes qu'une paire d'homos, absolument inféconde a fortiori? A moins que, peut-être, puisqu'il est totalement évident que la paire est résolument improductive, ce qu'il y a d'amusant, c'est que le couple qui nous intéresse pense qu'il serait encore capable d'engendrer?

Non, la réponse est ailleurs. Le côté naturel a été pourchassé et brisé jusqu'à la racine, suite à un travail d'intimidation sur le long terme. L'homme libre a dû choisir entre la liberté de mouvement et la liberté de pensée. C'est l'une ou l'autre. Si vous choisissez le mouvement, évitez de penser à rebrousse-poil. Si vous choisissez la pensée, on peut vous interdire le mouvement.

L'homme libre a largement choisi la première. Non seulement il craint d'être traîné devant les tribunaux en cas de contestation, mais il en est arrivé à ne plus penser qu'il pourrait s'agir de ce que la morale universelle qualifie d'abomination. Il ne peut même plus dire : «Ils font ce qu'ils veulent. Moi, personnellement, je suis contre». Il n'y a plus de moi ni de personnellement que pour certains monarques modernes. Qu'il essaye, et il sera injurié, traîné dans la boue, traité d'intolérant et de violent, alors qu'autre part, il est tout à fait permis d'être contre : pour l'alcoolisme et le tabac, si vous êtes contre, on ne vous reprochera pas de vouloir anéantir tous les alcooliques et tous les tabagistes. Essayez seulement de vous prononcer contre l'homosexualité.

La raison de cette anomalie est probablement liée à la volonté de solutionner la surpopulation mondiale, mais c'est un autre sujet.

Que le nouveau président recoure à ses prérogatives pour réprimer cette tendance à la moquerie en traçant les lignes d'un nouveau concept, aussi effrayant qu'homophobe! La déphasophobie, ou décalophobie pourraient bouleverser de fond en comble les mentalités, et faire trouver à l'opinion que rien n'est plus mignon qu'un couple où le mari s'affiche avec une épouse de l'âge de sa mère, ça prouve au moins qu'il a le respect des parents, et ça aussi, c'est une valeur sûre.

Et si l'homophobie fonctionne, alors la déphasophobie fonctionnera à plus forte raison. Pourquoi? Parce que rien n'est plus déplacé que de voir les militants de l'individualisme le plus égocentrique exiger que l'on tolère leur intolérance au nom de la tolérance et de l'acceptation de la différence. L'androgame se distingue par un refus de la différence tellement poussé qu'il refuse catégoriquement d'accepter de partager sa vie avec cet être si différent et pourtant si proche : la femme.

Nb: je remets à la disposition de mes lecteurs cette réflexion qui a suivi l'élection du président Macron

Yéochoua Sultan

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