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28 juin 2015 7 28 /06 /juin /2015 11:30

L'homme et ses sens : qui doit dominer ?

Comment expliquer que les manifestations des groupes de pression qui exploitent la problématique homosexuelle suscitent nettement plus la stupeur et la colère en Israël qu'en France, par exemple, où elles n'intéressent presque plus personne ? C'est que la lutte de ces mouvements, insidieuse, a bien plus marqué ses points sur le vieux continent occidental à la dérive.

Que faire : réagir ou se taire ?

Considérons l'attitude du citoyen a priori non concerné. En son âme et conscience, il hésite entre condamner et ne rien dire. Difficile pour lui de choisir, s'il vit toujours dans un pays libre où il est permis de se prononcer, car il est nécessairement interpelé par son sentiment de responsabilité collective. Il se trouve face à un dilemme : condamner peut signifier qu'il répond à une provocation, qu'il accepte d'étoffer un sujet ne méritant pas tant d'intérêt et enclin à retomber inéluctablement dans l'oubli sans son intervention, et ainsi faire le jeu de ces mouvements qui lui étaleront en plus une solide couche d'injures associées à toute une panoplie d'étiquettes ultra rabâchées pour le noircir de qualificatifs allant de l'obscurantisme à l'intolérance en passant par la haine, sans oublier le procès d'intention assassine à l'endroit du nouveau sexe faible. Ces mouvements veulent attirer l'attention, et toute réaction de réprobation à leur encontre leur fournit cette couverture médiatique et sociale qu'ils recherchent. Mais d'un autre côté, se taire pourrait rejoindre le dicton selon lequel qui ne dit mot consent. Un silence pourrait découler d'une lassitude, d'une fatigue ou d'un découragement, d'un courage à bout de souffle, ce qui exprimerait la capitulation du citoyen pourtant attaché à ses valeurs morales.

Dans les deux cas – l'intervention ou l'indifférence – il faut une culture solide, un référentiel inaltérable qui permettra en tout état de cause de ne pas se laisser désorienter. Les Juifs l'ont : c'est la Torah. A première vue, une société sereine et bien dans sa peau pourrait se sentir profondément vexée par cette interpellation du texte saint qui, alors qu'il exige constamment d'elle un haut niveau moral, l'appelle à l'abnégation et la pleine maîtrise de soi en toutes circonstances, inclut dans ses interdits des actes qu'il ne viendrait à l'idée de personne de commettre, telles l'adultère ou l'inceste, ou encore l'acte sexuel avec un autre homme ou un animal.

Mais il était écrit que la civilisation avec un grand C aurait à passer par tant de vicissitudes, d'encrassages des cerveaux, de modes en tous genre qu'il fallait dès le départ lui imposer un ordre, un référentiel avec repère orthonormé clairement défini dans l'espace, les préservant d'une dépravation rendue «normale», défendable et légitime par la force du matraquage. Le texte établit donc sans aucun non-dit une distinction très nette entre le bien et le mal, qui aidera à résister aux tempêtes amorales qui voudraient mettre le bien et le mal sur un pied d'égalité, l'auto-centrisme de l'individu devenant la valeur absolue par excellence, en substituant à la notion absolue du bien une notion de bien toute relative, de ce qui est bon pour l'individu à titre strictement et extrêmement personnel...

On imposera comme norme morale : «chacun son choix, chacun ses tendances, s'il aime ça, ça veut dire que c'est bien». On dira que ce sera aux autres de se séparer de leurs préjugés, autrement dit de leur référentiel, hérité dans la culture générale du judaïsme. Et c'est en pareil cas que nous nous réfèrerons tout simplement à une phrase qui nous suit et nous montre la voie depuis plus de trois mille ans, au travers de toutes les civilisations en manque de véritables repères qui s'écroulent les unes après les autres, et souvent peu après leur apogée. Notre texte inébranlable nous dit que l'accouplement entre deux hommes ou entre un homme et un animal est une abomination, et non pas une «abomination oui mais et si», dans des sociétés où tout peut être relativisé.

La terreur en «phobe», ou le recul de la liberté et de l'esprit critique en Occident

En Europe, où la liberté de penser et d'expression recule, le problème est réglé par la terreur. Vous ne savez pas si vous devez condamner ou ne rien dire, voire accepter? Le législateur répond à votre place. Le moindre mot, la moindre allusion ou clignement de l'œil – maîtrisez-vous au maximum si vous y avez une poussière au mauvais moment – et c'est la plainte, le procès, l'amende ou l'emprisonnement. Les néologismes qui ont pour suffixe phobe – islamophobe ou homophobe – sont une nouvelle arme de la terreur étatique. Qu'il s'agisse d'une affaire de religion ou de mœurs, vous devrez trouver que la religion est de paix et que l'affaire de mœurs est on ne peut plus tolérable. C'est pour cela que ce sont souvent les mêmes qui s'attaquent aux honnêtes citoyens rendus inquiets par les tendances défendues par un «phobe». A contrario, ce qui n'a pas à être défendu par les décideurs et les manipulateurs de l'opinion n'aura pas de suffixe en phobe ou en phobie, mais gardera son isme et son iste. Il n'y aura pas de sionistophobie, de communistophobie, etc. Essayez sur un traitement de texte, et le trait rouge du correcteur apparaîtra.

Le pouvoir de la novlangue a imposé la nuance suivante : les phénomènes qui ont droit au suffixe en phobe (sauf peut-être encore l'hydrophobie), doivent être vénérés ; tandis que ceux qui finissent en isme peuvent voire doivent être combattus.

L'influence déstabilisatrice de ce grabuge sur les enfants et leur devenir

Autre malheur, et non des moindres, c'est que les enfants sont eux aussi exposés à ces manifestations qui revendiquent le droit aux mœurs abominables [toéva (Lévitique XVIII, 22) en hébreu biblique]. Témoins de manifestation aux heures de grande audience, ils se renseignent : «Qu'est ce qu'ils font les deux hommes là-bas, maman?» Et que peut-elle répondre? Même si elle ose expliquer à son enfant qu'il s'agit de mœurs perverties, malades, l'idée fera son chemin, et le message qui persistera sera : «Toi aussi, mon petit, viendra un âge où tu devras choisir si c'est avec un homme ou avec une femme qui tu veux faire ta vie».

Imaginons un seul instant que ça aille mal pour lui avec celle sur qui il aura jeté son dévolu, et la conclusion qu'il pourrait en tirer. D'autant que des prédateurs peuvent se mettre en chasse de personnalités encore jeunes et faibles et leur faire rentrer dans la tête qu'ils sont des homos refoulés, tel ce curé de Haute-Savoie qui avait des années durant profité de sujets jeunes (pas trop pour ne pas tomber sous le coup de la loi qui défend tout de même un peu les mineurs), en les convainquant que leur réaction physiologique à ses titillements prouvait qu'il avait raison et qu'ils n'avaient qu'à le remercier de leur avoir ouvert les yeux en leur faisant découvrir leurs sens et leurs tendances.

L'essence du dérapage de la morale à l'Occidentale

Considérons à présent ce qui est à l'origine de ce «subjectivisme» outrancier. L'origine biblique de la morale occidentale est indéniable. Si l'Occident n'a peut-être pas accepté la Parole divine à l'instar des Israélites qui ont répondu «nous ferons et nous comprendrons», il n'en demeure pas moins qu'ils ont accepté le principe de la distinction entre le bien et le mal. Or, comme le message de ce discernement avait été accaparé par l'Eglise, qui pour régner a imposé l'interdiction de la pensée et de la recherche (la terre doit être plate) et a imposé au passage une icônolâtrie certaine, on a dans les pays humanisant jeté le bébé avec l'eau du bain. Du coup, la distinction entre le bien et le mal, qui ne dépend pas au départ d'interprétations subjectives, est ravalée au rang d'un système de préjugés, de complexes, de refoulements en tous genres, d'entraves à l'épanouissement du moi, du soi, et tout ce qui s'ensuit.

Les profondes failles d'une notion subjective du bien

Il reste singulier d'établir le constat suivant : en rejetant le principe des commandements négatifs et positifs – quoique, il est vrai, ils ne s'adressent pas dans leur ensemble à toute l'humanité – la culture européenne des dernières décennies a repris un autre principe du judaïsme, énoncé dans la Torah sous la forme de «Aime ton prochain comme toi-même», et explicité par le Talmud par l'expression «Ne fais pas aux autres ce que tu ne veux pas que l'on te fasse à toi-même», (réponse d'Hillel l'Ancien au candidat à la conversion qui voulait connaître toute la Torah sur un seul pied), pour le déformer et le caricaturer sous la forme suivante : «Je fais ce que je veux, du moment que je n'embête pas les autres».

La distinction entre le bien et le mal devient purement subjective, et il n'y manque plus que le consentement, auquel on peut ajouter la majorité légale. La société reste donc sans réponse pour protéger des adultes consentants à l'emprise de sectes et gourous nocifs, dont l'influence néfaste va du refus de recevoir des soins médicaux même en cas de nécessité majeure, pour finir avec le suicide collectif. Les instances, pour défendre leur droit à l'irresponsabilité, invoquent le principe de l'adulte libre et responsable, sans comprendre que la distinction première (bien/mal) ne fragilise pas que les enfants. Autre cas effarant qui défraya en son temps la chronique : la difficulté pour la justice, dans l'affaire de la victime consentante, en Allemagne, d'un assassinat en vue d'être dévorée par son «amant», le problème restant une fois encore l'importance quasi sacrée prise par les notions de liberté du choix et du consentement délibéré. Cette affaire a été l'expression d'une perversité dans les phantasmes reliés à la sexualité d'une perversité au-delà de l'imaginaire.

La tentative de trouver des brèches dans le Livre de la moralité par excellence

Est-ce une coïncidence si les sociétés les plus compréhensibles vis-à-vis de ce phénomène sont celles où les populations décroissent, avec 1.4 enfants par couple pour la Hollande, par exemple? Il se peut que les deux problèmes aient entre eux un lien de cause à effet. Puisque les fonctions vitales de reproduction deviennent désuètes, et qu'elles sont complètement coupée de leur finalité première et naturelle, la société n'ayant plus la volonté de perdurer, le genre du partenaire devient tout autant secondaire.

Mais le remplacement de bien ou de mal par l'individualisme qui se contente de ne plus gêner son prochain ne suffit pas. Et les partisans de la perversité, puisque c'est la Bible qui dénonce l'homosexualité, répondra non pas par une défense ou des justificatifs, mais par l'attaque, un peu comme on cherche à mettre un homme qui passe en jugement en face de ses contradictions ; on affirmera d'une manière éhontée que le personnage biblique par excellence, le roi David, aurait été en «paire» avec Jonathan, le fils du roi Saül. C'est soit méconnaître le sens obvie du texte, soit par mauvaise foi lui coller un sens qu'il n'a pas : «Je t'ai aimé plus que l'amour des femmes», dira David dans son élégie funèbre pour Jonathan. Le texte dit «plus», et non «comme». Jusqu'à une certaine époque, on apprenait encore les comparatifs et les superlatifs. «Plus» ne veut pas dire «moins», et «moins» ne veut pas dire «comme». Mais depuis que le nivellement a été fait par le bas, on se demande bien ce qu'on enseigne encore à l'école. Et puis, comment pourrait-on imposer aux élèves l'étude par la force, à la lumière (ou l'obscurité) de ce que nous venons de voir ?

Et l'option qui existe pour les gens réellement atteints

Une question se pose sur ceux qui ont été habitués à accepter l'inacceptable : «puisque c'est banni à un degré aussi fort, que reste-t-il dans le judaïsme aux personnes qui, malgré elles, en sont touchées?» Donc, puisque les notions restent objective et d'une lucidité à toute épreuve, penchons-nous brièvement sur les cas humains qui ne sont pas «faits», si l'on peut dire, pour respecter les directives de la Loi.

La Michna nous enseigne que nous devons aligner notre volonté sur la Sienne, afin qu'il aligne la Sienne sur la nôtre . Sous un certain angle, nous comprenons qu'en faisant des prescriptions de la halakha notre propre ligne de vie, D. nous aidera à y réussir. Il arrive pourtant que les envies et autres tendances humaines peuvent ne pas «coller». Arrêtons-nous un court instant sur une injonction pour le moins curieuse de la Guemara. Elle nous recommande de ne pas refuser une nourriture non cachère parce qu'elle nous révulse mais parce que cette abstention représente l'observation de la volonté de D. : «Ne dis pas : "Je n'en veux pas". Dis :"J'en voudrais bien, mais que puis-je faire, puisque le Miséricordieux l'a décrété."»

On comprend bien que le respect de la Loi peut ne pas toujours répondre avec une résonnance parfaite aux tendances de l'individu. Ailleurs, le Talmud nous parle de l'homme qui a dans sa nature une forte tendance à verser le sang . Il suggère à celui qui serait né sous une telle étoile de se faire abatteur, ou, mieux, circonciseur. Il ne s'agit donc pas, comme le prétendent les ennemis de la morale, d'annihiler totalement ses pulsions, mais de les rendre utiles ou de les canaliser dans les voies de la miçva. Sur Cheela.org, un homme un jour posa une question. Il se disait homo bien malgré lui et voulait savoir si, dans la plus grande discrétion et sans provocation aucune, il pourrait être religieusement autorisé, moyennant une «dispense», à s'adonner aux pratiques auxquelles ses tendances le poussent. Le rabbin lui a répondu que tout individu en ce monde pouvait éprouver des difficultés très dures sur un point bien précis de la Loi, qui n'est pas forcément le même pour tous. Il lui a donc enjoint d'investir ses forces dans ce domaine.

On pourrait tout aussi bien concevoir la considération de ce qui est dit au début du Code des Lois, que le Juif réveille le jour et que le jour ne réveille pas le Juif. Il est évident qu'hormis quelques cas particuliers de lève-tôt, tout fidèle qui se lève pour la prière avant le lever du soleil s'est énormément investi avant d'y parvenir, et il en est de même pour les offices des Selihot qui commencent quarante jours avant Kippour. Il serait trop facile de dire : «Oui mais toi, tu es matinal». Pourtant, la prière reste faisable jusqu'à la moitié de la matinée.

Pareillement, certains sont dégoûtés par les escargots ou les limaces, les crabes ou les scarabées. Il est donc aisé pour eux d'en respecter l'interdiction alimentaire. Pour les autres, un effort est exigé. L'homme qui doit susciter la compassion n'est donc pas celui dont la tête se trouve à la verticale de ses sens, qui les domine et les exploite, mais celui qui se laisse exploiter et dominer par eux. Se montrer obéissant envers ses tendances en adoptant le principe d'un ancien tube depuis longtemps démodé mais dont les effets vraisemblablement persistent, «chacun fait (bis ter) ce qui lui plait (bis ter)», peut aussi bien conduire l'individu à l'anéantissement par la soumission à la paresse. On commence par ne pas dominer ou canaliser ses instincts et ses pulsions, puis on tombe dans l'inactivité la plus absolue.

Certains finissent par se débarrasser de la deuxième facette du principe : «du moment qu'on n'ennuie pas les autres»

Ou alors, on se débarrassera, quand tout deviendra ennuyeux, y compris la transgression grisante dans un premier temps de l'interdit, du second volet de l'axiome : «du moment qu'on n'embête pas les autres». L'individu, blasé après avoir été un instant grisé, en vient à s'ennuyer de tout. Les départs de plus en plus nombreux pour l'Irak et la Syrie via la Turquie répondent à un besoin de tuer, de violer et de décapiter, qui présente en Europe un problème parce qu'il faut tout de même reconnaître qu'il empiète sur la liberté de son prochain. Mais il paraît que même de cela, on peut se lasser, quand, après avoir abattu tous les interdits pour laisser parler tous les phantasmes, on se retrouve en plein cauchemar et qu'on se languit des bonnes vieilles valeurs adoptées jadis par l'Occident. Et en ce qui concerne les élèves réfractaires et indisciplinés qui veulent seulement qu'on les laisse libres de ne rien faire, de ne rien apprendre et de ne pas s'instruire, continuera-t-on à les comprendre avec bienveillance, ou prendra-t-on au sérieux le vieux dicton : «L'oisiveté est mère de tous les vices»?

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