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Réflexion sur Israël et la civilisation occidentale

M. le président, quand vous aurez moins mal au poignet

Le président Herzog, photo Wikipedia

M. le président, quand vous aurez moins mal au poignet

Lorsqu'un criminel aux multiples condamnations à la prison à perpétuité réapparaît à l'air libre en dépit du bon sens, à moins d'une évasion, c'est qu'il a été gracié par le président. C'est d'ailleurs l'une des rares prérogatives qui confèrent à celui-ci une autorité en lui évitant de se cantonner dans son rôle représentatif. M. Herzog se produit sinon dans diverses localités, où il est très apprécié pour son côté inaugural de chrysanthèmes, puisqu'il a personnellement planté un olivier, arbre symbolique comme son titre, dans un nouveau quartier en pleines implantations juives de Judée-Samarie, en l'occurrence à Beth El.

Ce village a progressé, grâce à D., du stade de basse montagne parsemée de caravanes et digne de l'appellation péjorative dans la bouche de certains de «jeunes des collines», à une bourgade relevée d'immeubles de dix étages dont la dernière tranche totalise dans les 350 appartements. Le président a ensuite rencontré des élèves des écoles primaires et les étudiantes du lycée de jeunes filles, invitées à lui poser des questions afin de porter à sa connaissance les préoccupations de la jeune génération. De l'aperçu qui m'a été rendu, j'ai retenu la question concernant le coût exorbitant du permis de conduire  qui, entre les cours et les redevances pour le passer (et le rater plusieurs fois), peut assez couramment atteindre les dix mille shekels voire plus. Si vous contestez votre recalage, vous devez payer pour vous plaindre et attendre plusieurs mois que la question soit élucidée. Autant repayer pour le repasser voire encore le repasser. Le président n'a pas été très précis ni convaincant. Il leur a recommandé de s'armer de patience, car bientôt les voitures circuleraient sans chauffeur, donc sans permis. Qu'il se fût agi d'humour ou de maladresse, ma fille a appris plus tard par une amie que le service militaire ou civil permet d'obtenir des remboursements rétroactifs sur présentation des factures délivrées par les moniteurs d'auto-école. Est-ce que le président y est pour quelque chose? Pas évident de lui poser la question, ne sachant pas si une prochaine visite est prévue chez nous.

Revenons donc à ce travail qui relève de l'autorité présidentielle. En février 25, dans le cadre de l'accord avec les terroristes qui occupent Gaza, 643 détenus[1] ont été relâchés, dont de véritables assassins aux victimes multiples. M. Herzog ne signe pas de gaieté de cœur. Il demande ce faisant pardon aux familles de ces dernières. Mais puisqu'il est pris dans un engrenage dont il nous fait bien comprendre qu'il n'agit pas de son plein gré, autant essayer de rétablir un tant soit peu l'équilibre et de ne pas gracier à sens unique. Quand vous aurez un peu moins mal au poignet, M. le président, souvenez-vous d'Amiram Ben Ouliel.

Le verdict qui a fait d'Amiram Ben Ouliel un prisonnier, se fonde officiellement sur l'affaire suivante : le 31 juillet 2015, dans le village arabe de Douma, en Samarie, un incendie criminel provoque la mort de trois personnes. De fil en aiguille, la section juive[2] du Shin Beth remonte à l'intéressé, l'arrête, l'enferme, etc. Il est accusé d'avoir lancé des bouteilles incendiaires sur leur maison. Le motif serait le meurtre d'un Israélien par des terroristes arabes dans la même région un mois plus tôt. Le couperet est tombé en mai 2020. Ce fait est rapporté dans l'encyclopédie en ligne[3], qui reprend la version officielle, non sans omettre de mentionner l'obtention des aveux sous la torture. En cas d'urgence, dans des circonstances très particulières, le Shin Beth peut recourir à une pression physique, ça s'appelle : la procédure de la «bombe à retardement». Ça veut dire que ces moyens de faire parler l'interrogé servent à empêcher un attentat imminent et à sauver des vies.

Le prévenu a déclaré avoir fait ses aveux sous la torture. Donc dans un premier temps, le jugement a été annulé. Puis, menacé par les enquêteurs qui lui ont rappelé qu'il ne devait pas oublier ce qui avait été convenu, il a assez rapidement réitéré ses aveux. Il a pris trois fois la perpétuité plus vingt ans. Donc, M. le président, accorder la grâce à M. Ouliel pourrait alléger le poids qui pèse sur votre conscience, car au moins vous ne tomberez plus complètement sous le coup du «deux poids, deux mesures», même si la réciprocité entre les tueurs arabes de Juif et les tueurs juifs d'Arabes est assez rare, pour ne pas dire inexistante.

Néanmoins, cette section juive, pour ne pas dire anti-juive, du Shin Beth fait grincer des dents. Créée au départ pour remédier aux débordements d'idéalistes de gauche que la pitié et l'empathie pour nos ennemis poussaient à la trahison, et dont l'une des plus graves affaires fut celle dite de Vaanounou, elle a été intégralement détournée et réorientée vers les Juifs de Judée-Samarie, les jeunes des collines comptant parmi ses proies de prédilection. Ceci explique peut-être comment Shikma Bressler, entre autres, n'a jamais rendu de comptes pour ses «prophéties», quelques temps avant le 7 oct. 23, selon lesquelles le gouvernement n'aurait plus d'armée en cas de coup dur. Certes, elles est passée par la case tribunal, mais en tant que plaignante pour s'être jugée victimes de propos calomnieux[4]

Ariel Danino est une des preuves vivantes de ces débordements. Ce jeune homme faisait pourtant partie d'une cellule de crise civile prévenant l'armée et les civils d'organisations terroristes en scannant le matériel de renseignement visible (groupes en arabe, FB etc.) sur l'axe de la route 60, dans la région de Sichem. Sa détention administrative a été signée puis prorogée par Galant, le ministre de la Défense hostile à l'idée de libérer Gaza et resté trop longtemps à son poste. Cette procédure de jugement sommaire se passe en présence d'un juge et d'un agent du Shin Beth qui lui fait part de l'extrême dangerosité du prévenu. Ensuite, le verdict est soumis au ministre qui n'a plus qu'à signer. Quatre mois puis trois autres, en pleine période de guerre, tel fut le lot de ce pauvre Danino.

Autre exemple : le metteur en scène Abraham Chapira. Il fait des reportages entre autres sur les jeunes des collines[5]. À quatre heures du matin, il sort de chez lui pour rejoindre dans la région de la montagne d'Hébron des bergers, qu'il doit accompagner. En partant de chez lui, à Ytsar, en Samarie, il est entouré de tous côtés, arrêté et menotté. Le chef du groupe s'explique : «Cette fois, c'est sérieux, c'est le Shin Beth». Il est emmené à la station de Ma'alé Adoumim, où il est interrogé pendant cinquante minutes. On lui fait lecture d'une liste de dates et de villages arabes. Il est non seulement coopératif, mais il se permet de faire remarquer aux enquêteurs qu'ils auraient pu se contenter de lui téléphoner et de le convoquer. Bref, il est enfermé pour six mois. Dans son cas, il n'y a aucun chef d'accusation. Le document signé (toujours par Galant) se contente de mentionner qu'il serait dangereux pour la sécurité du pays.

L'observateur neutre commence à se poser des questions. Mais il ne veut pas dramatiser. D'accord, il y a des débordements, des erreurs d'appréciation, mais dans le cas d'Ouliel, là, il fallait sévir[6]!

Penchons-nous un instant sur ce que Maître Yoram Cheptel (célèbre pour ses émissions juridiques) a à dire de l'affaire Ouliel[7]. «Personne ne conteste le fait qu'Ouliel a été durement torturé, avec sadisme, par des bêtes humaines de la section juive. Le tribunal de district soutient, avec l'appui du juge d'instance Amit, devenu entretemps président autoproclamé de la Cour suprême, que la parole donnée à la police par Ouliel 36 heures après la fin du supplice, est suffisamment éloignée dans le temps pour considérer que les aveux d'Ouliel comme spontanés et volontaires. Il est impensable, dans une démocratie, que la plus haute instance de justice accorde son feu vert à un gang – à savoir la section juive – et lui permette d'agir comme bon lui semble. Or, jamais ces membres du Shin Beth n'ont eu à rendre des comptes, c'est pourquoi ils n'en rendront pas à plus forte raison quand il n'y a pas de tortures physiques avérées».

Cette semaine, des enregistrements compromettants ont été rendus publics, par la corporation de l'audiovisuel[8]. Le document est présenté comme exclusif. Le chef de la section juive, dont l'anonymat est protégé sous la lettre Aleph, s'adresse à Avichaï Moualam, commandant de l'unité centrale du district de Judée-Samarie, qui doute du bienfondé des méthodes employées vis-à-vis des habitants des implantations juives : «Notre intention est invariablement de les arrêter pour interrogatoire, le plus possible. Regarde comment on gère avec eux les enquêtes du Shin Beth. Nous arrêtons ces saletés sans aucun indice et les gardons plusieurs jours en détention. Mets-les dans une cellule avec les rats. »

Mal à l'aise, Moualam rétorque : «Mon frère, ils vont nous déchirer pour ça.»

Le chef des services secrets lui répond : «Crois-moi…» Le chef de la police l'interrompt : «Je ne peux pas les arrêter…»

Le chef de la section juive poursuit : «C'est dans les mains du bureau du chef du Shin Beth, en relation avec le ministre de la Défense».

Police : «Que se passe-t-il?» Shin Beth «Nous attendons que le ministre de la Défense signe les ordonnances. » Police : «Wouah! Nous commençons à être en mauvaise posture, mon frère, on va se faire déchirer. Comment ça va finir? » Shin Beth : «Mais non, il va signer, la question ne se pose même pas.» Police : «Dans ce cas, il faut qu'il signe dans l'heure, sinon nous ne pouvons pas les maintenir en détention.»

Shin Beth : «Pourquoi? D'abord ils restent en détention jusqu'à 4 heures du matin dans une cellule.» Police : «Et où est-ce que je vais les mettre? Je suis obligé de leur donner un endroit où dormir. Je suis obligé de les introduire dans une prison. Je ne peux pas les laisser debout…»

Le chef de la section juive insiste : «Crois-moi, la question est traitée entre le chef du Shin Beth et le ministre de la Défense, est-ce que je sais ce qu'il va se passer?»

Dans l'expectative, le responsable de la police accepte de les placer en cellule. Puis Aleph : «Si on peut les garder ici 24 heures de plus, ça nous fera toujours plaisir. Nous voulons toujours les arrêter pour enquête, au maximum.»

Et c'est là qu'intervient la séquence la plus révoltante. Aleph se moque de la loi : «Il faut savoir de quelle manière se déroulent avec eux les enquêtes du Shin Beth. Nous arrêtons ces saletés même sans le moindre indice pendant plusieurs jours. »

Le responsable de la police proteste : «Mais pour quel motif devrais-je les arrêter?»

Aleph : «D'abord il fallait les arrêter en voiture près de la ferme de Guilad, peut-être qu'ils ont des produits combustibles, peut-être qu'ils puent l'essence.» Police : «Et si on ne trouve rien? Arrêtez des gens pour rien?»

Aleph : «Bien sûr! C'est une situation qui s'est maintes fois présentée dans le passé. Alors pourquoi personne n'est arrêté? Pourquoi ne dresse-t-on pas de barrages routiers? Ils viennent de Benyamin, ils arrivent à Itsar… dans tous ces endroits, il faut les arrêter. »

Outre cette haine sans nom de ce chef du renseignement protégé par l'anonymat, il ressort de cet entretien que la section juive n'est pas la seule à être problématique au sein du Shin Beth. Aleph invoque la complicité et la protection du chef du Shin Beth, donc de Ronen Bar, celui qui savait pour le 7 oct. mais n'a rien empêché.

Moualam est subordonné au ministre de la Sécurité intérieure, Itamar Ben Gvir. Il a été arrêté en décembre dernier par le département de la police des polices, sur ordre de la conseillère juridique du gouvernement. Il serait soupçonné de corruption et abus de pouvoir. En fait, le tribunal voudrait interdire à l'intéressé d'informer le ministre de l'identité d'activistes de droite placés en détention administrative. Moualam avait déclaré que son arrestation était politique. Ben Gvir, qui a fait en sorte de mettre fin à l'ambiance d'hôtel de luxe ou de parc d'attraction dans les prisons des terroristes, et qui a allégé la procédure pour l'obtention d'une arme par les civils israéliens (presque tous les derniers attentats en cours ont été limités grâce à l'intervention de civils armés), estime que les attaques contre lui sont portées indirectement contre les fonctionnaires chargés de l'exécution des décisions gouvernementales, donc du pouvoir exécutif – en principe. Moualam n'est pas le seul à être dans le collimateur des tribunaux dont l'orientation politique prépondérante détermine leur action, et qui se moquent ouvertement de la justice. Le chef des services pénitentiaires, Koby Ya'acobi, engagé lui aussi dans la fin de la fête dans les prisons, a eu droit lui aussi à des accusations montées de toute pièce[9].

On ne comprend pas très bien, sur la base de ce qui précède, par quel biais la police reçoit ses ordres d'arrêter les gens du tribunal via la conseillère juridique, et non pas du gouvernement. Feiglin, à propos de l'affaire des documents cruciaux qui n'avaient pas été transmis à ce dernier par la hiérarchie de l'armée et du renseignement, se demandait encore récemment pourquoi c'étaient les citoyens qui avaient contourné leur hiérarchie en produisant quand même ces documents qui s'étaient retrouvés menottés et non pas les chefs de la sécurité qui avaient manqué à leur devoir, et dont l'attitude s'apparente à une tentative de coup d'Etat militaire.

Le cas «Aleph» est l'illustration flagrante de l'abus de pouvoir. La loi existe. Elle prévoit en pareille occurrence jusqu'à 5 ans de prison ferme. Comme il s'agit d'un homme armé, il peut raisonnablement être considéré comme potentiellement dangereux et faire l'objet d'une détention administrative. Pour Maître Cheptel, c'est encore plus simple : une arrestation abusive peut coûter au décideur 20 ans de réclusion[10]. Aleph devrait être convoqué pour interrogatoire, son attitude répondant à la faute de fraude et abus de confiance par ailleurs : «La police est forte de l'autorité de mettre le suspect en examen en vertu de l'article 58 de la loi de Procédure pénale… Mais depuis plus d'une génération, la police se sent assujettie non pas au gouvernement mais au Parquet, ce qui est une grave erreur».

D'ailleurs, puisque le gouvernement n'exige rien de la police, ses membres hésitent[11]. Pour revenir à la fausse affaire du Qatar (il se pourrait bien que Netanyahou soit le seul sur cette planète à ne pas avoir touché le moindre rond de ce pays dont les pions n'avancent que par corruption), le commandant général de la police, Danny Lévy, sollicité par les juges, a bien rétorqué dans un premier temps qu'il n'était pas question d'ouvrir une enquête, étant donnée l'absence totale de preuves voire de soupçons tangibles. Mais cette détermination a fondu en quelques semaines comme la couche de glace d'un vieux congélateur en dégivrage. Sous la pression, le vaillant policier, n'ayant aucun appui de la part de l'exécutif, cède à un compromis : il ne collaborera avec la conseillère juridique que si la demande est formulée par écrit. Manque de chance pour lui, cette personne est quand même lettrée.

Pour Cheptel, le gouvernement ne fait rien par manque de détermination, soit par crainte de la gente judiciaire, soit parce qu'il n'a toujours pas compris que le régime a dérapé glissé pour se transformer en une véritable dictature des juges.

Chaque fois qu'un procès contre Netanyahou ne donne rien, eh bien qu'à cela ne tienne! On tente autre chose. La nouvelle suspicion consiste dans l'éventualité de pots-de-vin qu'aurait touchés le Premier ministre de la part du Qatar. Le caractère extrêmement conciliant de Netanyahou, qui veut toujours être lavé de tout soupçon, car refuser de collaborer avec les enquêteurs pourrait signifier qu'il a quelque chose à cacher, n'est pas une atteinte à sa seule dignité personnelle. En renonçant à son immunité diplomatique, c'est tout le pays qui est soumis à l'examen des juges, comme si cette ingérence était légitime.

Quand il refuse de limoger Ronen Bar, et qu'il attend que la Cour suprême soit d'accord, c'est tout le pays qui est privé d'un service sécuritaire loyal, et de même qu'un chef du Shin Beth engagé dans la sécurité du pays aurait pu nous éviter l'horreur du 7 oct., de même a contrario les otages auraient pu être localisés et libérés depuis longtemps sans soumission aucune aux exigences des pires bourreaux de l'humanité depuis le nazisme, qui ont commis le plus grand massacre de Juifs depuis la seconde Guerre mondiale.

M. le président, donc, quand vous aurez moins mal au poignet…  

 

 

 

[2] Elle n'est pas sans rappeler la tristement célèbre section juive du Kgb qui surveillait les Juifs restés fidèles à la tradition: la Yevseksia. Ici, ce sont les Juifs fidèles à la mitsva de repeuplement de leur terre qui sont visés.

[6] Un peu comme ces gens qui se sont dit que Pfeizer avait exagéré avec son produit génique pas au point mais qu'en général son travail était salutaire.

[11] Minute 12' 38" idem.

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C
Illisible<br /> Le jaune est une très très mauvaise idée
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Y
Je viens de le mettre en bleu.
Y
Comment est-ce que le texte apparaît chez vous ? Je l'ai fait passer du noir au jaune à cause du fond très foncé chez moi.