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5 février 2025 3 05 /02 /février /2025 18:25
Turbulences

Les accords avec le Hamas sont très largement perçus en Israël, aussi bien au niveau du public que de la classe politique, comme une lamentable capitulation, comme l'aveu de l'échec de l'effort investi pour le sauvetage des otages du 7 octobre ; d'ailleurs les chefs d'état-major, du Shin-Beth et de la Région Sud ont démissionné simultanément dès leur entrée en vigueur, à moins qu'ils n'aient eu délibérément pour objectif de faire rater la guerre.

D'abord, des bruits ont couru. Était-ce une réalité en devenir ou une simple rumeur? D'aucuns disaient : «On cherche à nous décourager! Ça vient de l'école défaitiste, des sapeurs de moral de l'intérieur qui cherchent à nous faire renoncer aux acquis de notre victoire.» Pour lutter contre l'horrible doute, on a eu recours au raisonnement logique : «D'accord, si ça avait été comme pour Chalit ; l'armée n'était pas à Gaza. Donc les terroristes s'étaient permis tous les chantages. Mais là, l'armée y met le paquet, donc les otages devraient tôt ou tard être ramenés à mesure que nous avançons. C'est bien pour ça que tant de soldats se sont enrôlés, dont de nombreux réservistes, renonçant à leur confort, leur routine, leur travail, leur vie de famille. Le sacrifice est déjà énorme…»

Néanmoins, même les raisonnements et les évidences n'ont pas empêché les plus aguerris d'avoir un mauvais pressentiment. Après tout, les (ir)responsables sécuritaires et militaires du désastre avaient personnellement géré l'ensemble des opérations. Davantage politiciens que stratèges de guerre, que pouvaient-ils faire d'autre, rivés qu'ils étaient à leur conception défaitiste, de perdants, d'autant qu'ils ne cachaient pas leurs opinions : «Il faut absolument parvenir à un accord»?

Cette tournure-piège prend tout le pays en otage

L'un des aspects les plus pervers de ce piège, où les défaitistes ont imposé leur doctrine de la défaite, c'est que vous avez beau compter parmi cette majorité saine qui a répondu présent, puisque c'est près d'un demi-million de réservistes qui ont tout laissé pour défendre le pays, libérer les captifs de leurs geôles infectes et la bande de Gaza de l'occupation islamique – Netanyahou ayant personnellement déclaré au lancement des Glaives de fer qu'il n'était plus question de rounds mais de l'élimination du Hamas –, si vous vous affichez contre, vous vous rangerez illico presto dans une catégorie de gens dépourvus de sentiments humains, et de l'empathie la plus élémentaire pour vos frères qui souffrent le martyr, alors que vous-mêmes avez enduré toutes les difficultés, risqué votre vie ou été lourdement handicapé dans les combats. C'est dans un monde inversé que nous vivons ! Et pendant ce temps-là, les fomenteurs de la division nationale passent pour les héros de la période. Ceci explique sans doute l'absence de révolte totale contre les responsables politiques qui ont cédé à ces chantages. Le piège.

Cette capitulation est en effet le symptôme par excellence de l'inversion des valeurs. Le grand rabbin de Beth El, A. Bar-Elie, dans le périodique local hebdomadaire, explique ce renversement : «Ce qui qualifie le héros d'Israël, c'est son acceptation de se mettre en danger pour sauver la collectivité d'Israël. Or, ici, nous assistons au sacrifice de la collectivité pour sauver des individus.» Bien entendu, il faut considérer la globalité du contexte. Il est évident qu'il n'y a pas ici un renoncement à la valeur humaine de chacun des otages, puisque – et le rabbin le sait fort bien – sauver une seule âme équivaut à sauver un monde entier.

La pratique antijuive qui consiste à prendre des Juifs en otage pour les rançonner n'est pas nouvelle. La Halakha est formelle : «On ne rachète pas un otage au-delà de sa véritable valeur»[1]. On pourrait relever en apparence une contradiction : si sauver une personne, c'est sauver le monde, la valeur ne devrait donc pas connaître de limite?!

En fait, la propension à une empathie démesurée atteindrait comme résultat l'inverse de ce que l'on escompte. Car elle signifierait que tout Juif qui sort dans la rue risque de se faire enlever. Les prédateurs verraient en eux non plus des personnes, mais un énorme portefeuille ambulant. Et il est assez clair qu'à la longue, il ne resterait plus assez de personnes libres pour travailler et payer les rançons. L'un des décisionnaires de la Première période, le Maharam de Rothenbourg, fait prisonnier et livré à l'empereur Rodolphe 1er de Habsbourg, alors qu'il partait pour la terre d'Israël, ordonna à sa communauté de ne pas payer pour le libérer.

En attendant, ce mardi (4 fév.), deux soldats ont été tués dans la vallée du Jourdain. La chaîne 14 titre : «Ils n'ont même pas pris de vacances à leur sortie de prison».

Dans les temps modernes ensauvagés, en s'arrêtant au cas Chalit (qui n'y est pour rien mais ce n'est pas le sujet), en sauvant un monde, on a provoqué par ricochets la perte de près de deux mille autres mondes. Plus de 400 soldats ont donné leur vie pour sauver Israël, beaucoup y ont perdu leurs mains ou leur usage, mais, malgré un leadership hésitant, les résultats probants sont indéniables. Et voilà que l'on renonce à tous les avantages militaires et bien sûr civils. Le sentiment est que tous nos concitoyens sont morts pour rien. Dans l'absolu, cette considération restera fausse, car le peuple juif aura pour finir payé très cher pour sa terre qu'il reprendra à un moment donné de l'histoire de son Retour dont la date ne nous a pas été révélée et pour laquelle il se prévaudra de ce prix. Chaque Juif qui a donné sa vie restera à jamais un homme juste dans l'absolu et dans la mémoire collective d'Israël.

Refusons catégoriquement d'être les otages du programme du Qatar-Hamas de téléréalité

 Ô vous, frères humains, de grâce, ne suivez pas les horribles programmes de «téléréalité» que les terroristes vous imposent le Chabbat après-midi. Si vous observez le Chabbat, qui vous protège de ces horreurs, vous êtes a priori préservés du spectacle morbide et lamentable de cet avilissement de la dignité humaine par des crapules dont la disparition de la surface du globe tarde à venir. Mais ne «rattrapez» pas vos «devoirs» après Chabbat ou un autre jour.

Notre génération a été domptée, dressée, avilie par la télé. Est-il humainement décent  - n'est-ce pas une forme de voyeurisme – de s'imprégner des images de personnes privées de leur dignité? Un jour, rue de Rome, chez l'Arioso, je dénichai un fascicule de partitions groupant les valses de Chopin. C'était un périodique : «le mois prochain, les Romances de Schumann». Impressionné autant qu'incrédule, je pose la question au conservatoire : «Comment est-il seulement possible de travailler sur toutes les valses en un mois?» Première réponse rassurante : «On n'est pas obligé de toutes les jouer». Seconde réponse qui appelle à une prise de conscience : «Eh bien sache, qu'à l'époque de cette parution, la télé n'existait pas et les gens étaient beaucoup plus actifs et nettement moins passifs et abrutis qu'aujourd'hui.»

Les pires formes d'émissions qui n'ont été introduites que sur le tard, et qui ont dû bénéficier d'une autorisation spéciale à cause des problèmes déontologiques posés, soit la téléréalité, sont celles qui récoltent le plus d'audience. Elles développent les côtés voyeurs, morbides, de la contemplation sinon de la souffrance du moins des difficultés des autres. Au départ, ça partait d'un bon sentiment. Sans citer des noms d'émissions, il s'agissait de retrouver des personnes perdues de vue ou de gens de condition modeste à qui on offrait brutalement la matière de leurs rêves. Mais surtout, on offrait en pâture et en direct les réactions de ces bénéficiaires montrés tels des phénomènes de foire. Le raffinement poussant jusqu'à larguer des cobayes humains de forces inégales sans nourriture sur des îles désertes avec retransmission en direct s'est imposé progressivement. Un autre effet néfaste des écrans consiste dans ces faits divers terrifiants d'accidents subis par des sujets qui, au volant d'un véritable véhicule, ne réalisent que trop tard qu'ils ne sont pas devant des jeux électroniques dont ils reproduisent les gestes. La réalité n'offre pas tout un panel de vies ou de chances.  

C'est exactement ce qui se joue en ce moment. Informons-nous, prenons juste ce qu'il faut des nouvelles et de l'identité des personnes qui rentrent enfin chez nous, mais ne faisons pas ce cadeau aux pires crapules de l'inhumanité, à cet ignoble tandem Qatar-Hamas.

Ca on se méprend. Nous nous laissons conditionner comme si nous assistions à une série à l'eau de rose où nous versons une larme à chaque épisode. Ces films qui font pleurer Madeleine. Ces larmes font de nous des Madeleine et annihilent en nous toute combativité. «Merci, bourreaux, pour ces personnes épargnées». Ces monstres ne sont pas si méchants.

Cet accord nous est imposé. Il n'y a pas de droite. Ce qui est en tout cas à peu près certain, c'est que rien ne nous oblige à nous infliger les souffrances traumatisantes de ces programmes télévisés qui se jouent en direct et de la souffrance humaine. Nous sommes dans une génération de l'ennui. Les films, séries, spectacles normaux, si l'on peut dire, ceux où les héros, les morts, ne sont que des acteurs qui se retrouvent à la buvette entre deux séquences, n'ont plus aucune puissance divertissante. Il faut du vrai. On ne veut pas de scènes violentes simulées, mais des êtres humains véritables qui sont véritablement soumis à la torture. Un jour, dans un film, une actrice devait prendre une gifle simulée mais se fit réellement frapper. Le scandale fut minimisé au regard de son succès. En nous ne parlerons pas du «Prix du danger» (dont le jeu était encore simulé puisqu'intégré à l'intrigue fictive)[2]. On ne veut plus de «Pan, t'es mort!» mais de véritables mises à mort, en direct si possible.

Or, si la scène ne se limite plus à des studios de cinéma, à des acteurs de métier, ni à des figurants qui eux aussi doivent passer un casting sélectif, c'est que chacun est potentiellement un acteur soumis à des conditions réelles. Lorsqu'un assassin friand de sang juif est relâché dans la nature, alors qu'il devrait purger une multiple condamnation à perpétuité, c'est une terrible double injustice que permet un système judicaire ridicule qui n'a plus aucun poids, à l'encontre des victimes et de leurs familles, d'une part, et des innocents qui risquent de tomber sous ses coups. Quiconque s'émeut des scènes de la télévision qatarie en croyant assister à autant de dénouements heureux – de happy end – doit savoir qu'il peut faire partie du casting d'un futur épisode, D. préserve! La culture de la télé, des séries, du cinéma, a fait perdre aux gens le sens élémentaire des réalités.

Nous nous forçons à ne pas voir quelles surprises cauchemardesques nous réserve cette reddition. Quels sont les engagements pris par les décideurs sur le moyen terme : leur céder Gaza comme si nous n'avions rien fait?

Voici un aperçu des carnassiers bien plus dangereux qu'une évasion de bêtes féroces d'une ménagerie redoutable, recueilli sur la page הצל – Shadow, sur FB.

Le rédacteur signale au passage que certains viendront habiter à moins d'une demi-heure de chez nous. La série ne fait que commencer. Z. Zbeïdi, commandant des brigades Al-Aksa, responsable de nombreux attentats, dont celui de Beth-Chean, où six Israéliens avaient été assassinés. M. Abou Warda, responsable de la mort de 45 Israéliens, par le biais des attentats-suicides contre la ligne 18 à Jérusalem, en 1996. Il doit être expulsé à l'étranger. Sammy Djaradat en est un autre, coresponsable du meurtre de 21 personnes au restaurant Maxime de Haïfa, en 2003. Un autre, M. Aamoudi, qui avait envoyé le terroriste qui s'était fait exploser au point de restauration rapide, Roch Hayir, à Tel-Aviv, en 2006, tuant 11 personnes. Espérons que les attentats-suicides à la bombe ne se réimposeront pas.

Cependant, l'opinion est comme paralysée, comme par le venin de certaines guêpes – le pompile notamment – qui immobilisent leur proie vivante pour servir de nourriture à leur progéniture. Certains pensent par dépit qu'étant donné qu'il n'est pas envisageable que le pouvoir fasse preuve de détermination et libère victorieusement les otages, le plus important est de leur permettre de rentrer chez eux.

En effet, quand on se lance dans une expérience scientifique, on obtient un résultat spécifique. Cette capitulation était prévisible, déclare Gaï Lévy, porte-parole du Likoud[3]. Que l'on répète l'expérience et l'on atteindra les mêmes résultats. Qu'obtiendrait-on en retentant une troisième, une quatrième, etc., l'expérience? Pourquoi faudrait-il supposer que le résultat serait différent? Pourquoi s'attendre à ce qu'un dirigeant politique pressurisable qui cède depuis trois décennies aux injonctions américaines se mettrait à changer soudain?

L'espoir d'un transfert rassure

À moins qu'une contrepartie plus reluisante ne s'affirme par la suite. Les Américains sont de grands solutionneurs de conflits (en dehors de ceux qu'ils génèrent). Un principe assez simple en ce qui concerne les revendications territoriales veut que le déclencheur soit relocalisé ailleurs. Une fois les populations des Sudètes rapatriées en Allemagne, les régions qu'ils revendiquaient n'avaient plus aucune raison de faire l'objet d'un différend territorial générateur de reprises de conflits. Une relocalisation des arabophones musulmans au milieu d'autres populations arabophones idem, au départ de Gaza vers d'autres contrées, les plus lointaines possibles, apportera la paix. En tout cas, ce sera la fin des tunnels et des bombardements.

Ces jours-ci, Trump dit tout haut une vérité qui jusqu'à présent avait provoqué la disqualification et la mise au pilori de tout politicien ou penseur qui osait s'exprimer en ce sens et affirmer haut et fort que pour qu'Israël vive en paix, ses ennemis doivent être absents et le plus loin possible de son sol. C'est peut-être un peu ce qui fait passer la pilule ou avaler la couleuvre du relâcher d'assassins. Mais sur l'heure, ce à quoi nous assistons, c'est au retour de l'invasion du Nord de la bande de Gaza par encore et toujours les mêmes.

Car même si l'intention du nouveau président américain est sincère, il ne faut pas oublier qu'il n'est pas par extension président d'Israël. Il n'aura pas le pouvoir de la concrétiser, mais seulement de tenter de la faire concrétiser, étant donné que la décision revient au pouvoir local en Israël, comme pour ce lâcher de milliers de terroristes et la non-destruction du Hamas. L'Américain n'a pu que le demander.

Quoi qu'il en soit, la tentative de faire de Gaza une sorte de principauté arabe et riche d'oisifs engraissés par l'internationale antisémite ne fonctionnera jamais. La vocation de la terre d'Israël est d'être repeuplée par Israël, Gaza comprise. Il est regrettable que nous ayons à subir tous ces contretemps entraînés par un entêtement coriace d'opposition mentale. Puissions-nous y parvenir, et le plus tôt sera le mieux.

 

[1] Traité talmudique Guitin 45a.

[2] Nouvelle de l'auteur Robert Sheckley, parue en 1958 ; puis film en 1983, d'Yves Boisset.

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