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Réflexion sur Israël et la civilisation occidentale

Réponse à l'écrivaine israélienne de gauche, première partie

Pour vivre en paix, cotte de mailles végétale

Réponse à l'écrivaine repentie de la gauche israélienne

Nous allons reprendre en ces lignes un élément caractéristique de l'interview de Mme Roni Gelbfisch[1], enfant d'un kibboutz du Néguev Occidental, près de la ville de Sedéroth, qui connaît les bombardements de l'occupant de Gaza depuis 2005. Notamment écrivaine, la presque sexagénaire aujourd'hui se dit repentie ou guérie de l'idéologie de cette gauche dont les penseurs, sombres illuminés, annoncèrent par petits sauts successifs de contrevérités les progrès de la paix, donc du chaos que nous connaissons, renforçant et attirant chaque jour un peu plus, par effet de complémentarité, les lumières de l'obscurantisme musulman le plus profond : du fondamentalisme laïc de l'Olp au fanatisme inhumain et inhospitalier du Hamas, pour qui il a été dit : mieux vaut tomber sur une meute de hyènes ou de lycaons que dans leurs mains.

Néanmoins, pour Mme Gelbfisch, toute la société israélienne, politiciens en tête, partagent la responsabilité de tant de dysfonctionnements. Nous allons traiter dans un premier temps certains aspects de cette idéologie décevante, dont les fondements fonctionnent comme un dogme, puis nous nous pencherons sur la question du faible contrepoids opposé aux idéaux de la gauche, d'une paix où l'ennemi affirme sa présence sur notre terre, par cet autre idéal pour qui la paix ne peut être garantie que par l'absence de cet ennemi.

L'intéressée a longtemps fait siens les messages véhiculés par cette obédience a priori non-religieuse, alors que certains de ses précurseurs les plus influents n'hésitèrent pas en leur temps à tirer la couverture à eux et à reprendre à leur compte d'authentiques citations bibliques, afin de servir leurs croyances qui s'inscrivent en faux contre l'authentique foi d'Israël.

Car s'il est une idéologie commune entre toutes les tendances israéliennes ressentie par l'ensemble des ressortissants du peuple d'Israël, c'est bien l'idée du Retour de ce peuple en ses frontières historiques, dans son passage de l'exil à l'indépendance recouvrée et à la paix. Mais c'est aussi à partir de ce solide socle que les points de vue se mettent à diverger. Le laïus laïcisant extirpe de leur contexte, de l'esprit prophétique de notre histoire, d'authentiques citations bibliques recontextualisées au service de conceptions et croyances néo-politiques.

Si la vision d'Isaïe, du loup qui vit en paix avec l'agneau, consiste dans l'aboutissement du long processus de rédemption d'Israël réinstallé dans ses frontières ancestrales dont il fut dépossédé au départ de son exil, pour ces nouveaux messies laïcisés des temps modernes, le dernier acte, pour ne pas dire la dernière ère, doit être révisé. Israël devra d'abord en être à nouveau dépossédé, ne fût-ce que partiellement. Or, ce renoncement partiel, présenté depuis 57 ans comme un nécessaire compromis, condition imposée comme sine qua none à la paix, est en proie à un appétit grandissant d'ennemis sanguinaires et envahissants, tant et si mal qu'ils se décomplexent tellement que leur avidité à déposséder les Juifs de toute la largeur de leur pays, de la mer au Jourdain, choque de moins en moins de monde.

Rabin exploita cette source biblique aux fins d'introduire au milieu de nous les organisations terroristes les plus antisémites et les plus acharnées dont l'unique vocation est de nier le droit d'Israël à l'existence, démarche qui aboutit de fil en aiguille à l'expulsion des Juifs de Gaza et à la routine des bombardements, assassinats et kidnappings que nous connaissons aujourd'hui.

Il cita aussi les versets de l'Ecclésiaste, qui parlent d'un temps pour la guerre et d'un autre pour la paix. Une histoire drôle assez courante était assez peu appréciée à gauche, parce qu'elle remettait en cause jusqu'à ses soubassements, ce cachet de cacherout falsifiée de «processus de paix» à tout acte politique tendant à rendre plus menaçante la haine de l'ennemi :

C'est Shimon Pérès qui reçoit Clinton ou Bush, ou Carter ou Reagan, en visite officielle à Jérusalem. Il tient absolument à lui faire visiter le zoo biblique. Peu motivé mais diplomate, le président américain l'y accompagne. Le daman des rochers ou le lion ne captent pas particulièrement l'attention du visiteur qui est surtout poli. Puis, d'un air entendu, Pérès le prévient qu'il va être étonné, car il va être le témoin d'une réalisation prophétique, et constater qu'elle n'est pas juste une parabole. Et c'est là que notre invité se retrouve tout pantois, devant un enclos où sont installés en toute sérénité un loup et un agneau. «Comment, mais la paix serait-elle donc possible? Ce ne seraient donc pas que des fariboles ? Mais comment avez-vous fait???» Pérès savoure sa victoire avant de s'inquiéter : le président visiteur est tellement étonné et ébahi que Pérès, qui ne voudrait pas être accusé par la suite d'avoir été à l'origine de l'internement psychiatrique de son homologue, lui  souffle sur le ton de la confidence : «On ne peut rien vous cacher. On remplace l'agneau plusieurs fois par jour».

Aujourd'hui, le loup parabolique est saisi d'une véritable boulimie. Plus rien ne rassasie son appétit. Mme Gelbfisch est revenue de sa conception. Cependant, elle soutient que la droite a toujours été tiède, comme si l'absence d'ennemis de notre terre n'avait jamais été autre chose qu'un rêve présumé irréalisable, comme si elle disait au conditionnel : «Nous aurions tant aimé que notre sol fût débarrassé de toute cette gente potentiellement dangereuse, mais, bon, si on ne peut pas faire autrement…» Le langage de la droite, effacée, est toujours resté châtié, très peu outré,  juste pour la forme. C'est comme si elle ajoutait : «Je dis ça, je ne dis rien…» Or ce fut en effet la réponse donnée par Géoula Cohen, si active pourtant dans son engagement pour l'accession à l'indépendance d'Israël, qui, lorsqu'une auditrice, lors de la campagne électorale de 88, s'étonna : «Mais vous, la Tehiya[2], vous n'étiez pas pour renvoyer les Arabes?». Embarrassée, Géoula eut cette réponse : «Eh oui, qui ne rêve pas de se lever au matin et de constater que leur présence s'est nettement affaiblie?» Phrase rhétorique que la dame, insatisfaite de cette réponse, se permit de compléter : «pour se rendre compte qu'ils sont encore plus nombreux.»

Donc, déjà à cette époque, celle des deux dirigeants qui s'affrontaient ou s'unissaient sur la scène politique israélienne, soit Shamir et Rabin, cette droite dont la vocation aurait dû être de faire contrepoids face à la gabegie des territoires contre la paix, manquait d'énergie.

La droite serait-elle donc à l'image de cet ours de foire, repus comme le loup de Pérès, monstre apprivoisé par son montreur, ou de ces versions de ronces sans épines ou de champignons génétiquement modifiés sans danger, ou encore de ce cobra dont on a procédé à l'ablation de la glande venimeuse avant de le faire caresser par des bébés dans un jardin d'enfants?  Serait-elle dépourvue de tout caractère guerrier à même de contrebalancer cette furie qui puise aux sources de l'islam le plus intransigeant et qui peut compter sur des soutiens au milieu d'Israël?

Mme Gelbfisch, et toute l'école qu'elle représente de bonne foi, ne croit pas si bien dire. Nous devons donc nous pencher sur les facteurs qui ont fait perdre toute agressivité et dangerosité à notre ours, nos mûres ou notre champignon, sur ce qui a rendu notre cobra aussi débonnaire que s'il était empaillé, n'ayant gardé de sa combativité que l'apparence. A suivre. Au prochain numéro : «La disqualification de tout leader porteur d'espoir de paix».

 

 

 

 

[1] Voir l'article «Israël : journée de Shoah, grand dessillement ou lutte pour un sursis ?»

[2] Union de parlementaires ou aspirants, religieux et non-religieux, animés par l'idéal de la défense du droit d'Israël sur sa terre.

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