Un missile tiré de Gaza a encore frappé de plein fouet une habitation, à Nétivoth cette fois. Sept blessés sont à déplorer à Béer-Cheva en raison d'un autre tir. Le cauchemar des bombardements, et l'incertitude, même en période de calme, d'un avenir toujours menacé est le cadeau direct d'un pouvoir prêt à léser ses frères et électeurs pour faire plaisir à des ennemis qui, on le sait, ne considéreront jamais le moindre geste de bonne volonté, pour eux, et de trahison, pour le peuple d'Israël, par ses dirigeants comme la manifestation d'une recherche de paix mais comme un signe de soumission et de faiblesse.
Quand des voyous sévissent dans un quartier, faut-il leur faire des cadeaux ou faire en sorte de les en éloigner le plus loin possible? Un jour, un autocollant apposé un peu partout dans le pays disait, sans passer par quatre chemins: «Pas d'Arabes, pas d'attentats!» Ce langage un peu trop direct lui a valu d'être interdit. Pourtant, indépendamment de toute opinion, la loi israélienne interdit l'accès aux Israéliens dans tous les territoires de la terre d'Israël occupés par des Arabes et contrôlés par un pouvoir de la même obédience. C'est ce qu'indique le fameux panneau rouge près de chaque route qui conduit aux régions concédées aux «partenaires de la paix», cosignataires des tristement célèbres accords d'Oslo. Serait-ce à dire que les autorités ont adopté le principe énoncé par le dit autocollant? Car cette interdiction euphémique, qui concrètement n'interdit le passage qu'aux seuls Juifs, les Arabes israéliens étant libres de leurs mouvements, veut bien dire: «Juifs! N'entrez pas là-dedans! La population arabe vous veut du mal, sa présence est dangereuse, et la loi veut vous protéger du risque d'attenter à votre vie.» Or, cette interdiction n'est pas une affaire d'extrême droite, puisqu'elle a été concoctée tout autant qu'elle est approuvée par toute la classe politique, y compris par ceux du «camp de la paix», qui n'est certainement pas la paix dans le sens où l'entend le monde libre.
Souvent, on entend dire, de la bouche de Juifs qui ont dû déguerpir dare-dare des pays arabes: «Le problème des dirigeants israéliens, c'est qu'ils ne connaissent pas la mentalité arabe et qu'ils peuvent pas la comprendre, parce qu'ils n'ont pas vécu dans les pays arabes. C'est ce qui les empêche de comprendre que toutes les concessions possibles non seulement n'apporteront jamais le calme ni la paix, mais au contraire apporteront la guerre.»
Le véritable problème, au niveau de la pensée qui caractérise la classe dirigeante en Israël aujourd'hui, c'est que non seulement elle ne peut correctement appréhender la mentalité susnommée, mais qu'elle n'avait pas permis davantage de comprendre la mentalité allemande ou polonaise, quand on s'imaginait au 19ème siècle que les Gentils allaient aimer les Juifs pourvu qu'ils fassent des concessions, et que ceux-là renonceraient à tout sentiment d'animosité en échange du renoncement à se distinguer de ceux-ci, par la religion et l'environnement, pour exceller dans les sciences et les arts, et investir un colossal effort d'intégration. Il est vrai que l'émancipation était prometteuse, du siècle des Lumières à l'égalité des droits, et rares furent ceux qui prirent au sérieux les dangers. S'il est vrai cependant que les droits civiques ont été de nouveau accordés aux Juifs d'Algérie, les avantages du décret Crémieux ayant été réhabilités après une période incertaine dans les années 40, il n'en fut pas de même pour la dégradation des droits des Juifs d'Allemagne et de France, pour ne citer que ceux-ci. Je peux citer ici une anecdote intéressante: les grands-parents d'un de mes voisins quittèrent l'Allemagne pour la Terre sainte il y a un peu moins d'un siècle. Réticente, l'épouse protesta dans un premier temps: «Les temps ont changé. Les non-Juifs ne nous haïssent plus comme avant. J'ai moi-même beaucoup d'amies. – As-tu parmi tes bonnes amies au moins une personne à qui tu puisses te confier, et poser des questions délicates de sorte qu'elle te réponde franchement? – Certainement, mais que veux-tu dire? – Demande-lui si le peuple allemand ne risque pas un beau jour, si les circonstances s'y prêtent, de se lever pour tuer les Juifs? – Tu n'y penses pas? – Pose-lui la question, tu verras bien.» L'épouse, bien que choquée, y consentit. Elle fut encore plus choquée par la réponse. Ils firent leur alyah, avec les conditions que l'on sait.
Les dirigeants préfèrent opter pour une mauvaise lecture de la carte, et tomber de Charybde en Scylla, et continuer à ignorer la parole divine pour faire confiance à l'espèce humaine. Les textes prophétisent le retour d'Israël sur sa terre, tandis que sa conquête et l'installation en ses frontières consiste en un commandement. Mais non, on préfère agir comme si la terre était tombée entre nos mains pour l'offrir sur un plateau d'argent à des ennemis qui ne nous veulent pas le plus grand bien. L'entêtement à ne pas s'écarter de cette attitude n'est pas sans rappeler la démarche suivie dans la parachat Ki Tavo, («Quand tu viendras sur la terre que D. te donne en héritage. Tu l'as conquerras et tu t'y établiras.» Deutéronome 26, 1) section hebdomadaire de la Torah que nous venons de lire ce shabbat. De terribles répercussions sont énoncées en cas de non-respect des termes prévus par le Pacte, et elles vont en s'aggravant à mesure que l'on s'entête à faire la sourde oreille: «Si vous continuez à agir avec Moi comme s'il s'agissait d'un malencontreux accident» (קרי , dans le texte, se rapproche de מקרה , מקרה לילה étant un accident impur. En hébreu moderne, במקרה signifie par hasard, ou accidentellement.) On a laissé la région de Gaza aux terroristes, Olp puis Hamas ; on a même fait partir tous les Juifs pour vraiment leur faire plaisir…
Mais qu'à cela ne tienne! On continue! Les travaux se poursuivent de plus belle pour que les maisons «errantes» soient déplacées de la colline du quartier de la Oulpena. «Mais pourquoi nous inquiétez?», nous diraient, rassurants, Netanyahou et Barak. «N'avons-nous pas le Dôme de fer dans le Sud, et pardonnez-nous si certains ont la poisse et sont touchés dans leur chair et leurs biens par le faible pourcentage d'échec de ce système. Que voulez-vous, on n'a jamais vu un système de défense fonctionner à 100%, il ne faut pas exagérer, tout de même! Non mais! » Et que peuvent-ils dire pour nous rassurer, sachant que les avions qui atterrissent à Ben-Gourion sont dans la ligne de mir de tout agresseur muni d'un lance-missile portable? Tout simplement la chose suivante: «Comment, vous ne savez pas qu'Elbit a mis au point un système de défense qui va être incorporé aux avions pour détruire tout missile qui s'approcherait d'eux?» (Présenté le 9 juillet dernier par Elbit, ce système entre dans la série des DIRCM, voir http://www.inn.co.il/News/News.aspx/240783)
Il ne nous reste plus qu'à prier pour que les dirigeants israéliens n'aient d'autre choix – à l'ombre des attaques du Sinaï, du dévoilement de la véritable face de l'Egypte, et des attaques de Gaza d'où les missiles pleuvaient déjà à une moindre échelle quand Israël s'y trouvait encore partiellement, après les accords de Gaza et Jéricho d'abord – que d'agir pour le bien de leur pays et de leurs citoyens ; et que le verset de la haftarah, passage des Prophètes lu après la Torah, se réalisera promptement et de nos jours: «Et on n'entendra plus Hamas sur ta terre… » (Isaïe, 60, 18).