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26 mars 2023 7 26 /03 /mars /2023 11:38

Heureuse abrogation d'une loi antisémite en Israël

L'annulation de la loi antisémite qui interdisait la présence juive dans la région du Nord de la Samarie est probablement la preuve qu'Israël est capable de se ressaisir. Dans le cadre de cette gabegie historico-politique de l'expulsion de la communauté juive de Gaza, dont le travail et l'engagement de trois générations de pionniers ont été voués à l'anéantissement,  faisant oublier les oasis de verdure et d'agriculture de pointe, rendus à la désolation, on avait, en proie à la consternation de cette démarche qui allait provoquer à ce jour trois guerres et remettre en question la paix du Néguev et des villes côtières, fait moins attention au sort réservé dans la foulée aux localités de Homech, Sanour, Ganim et Cadim, dont les quelque deux mille habitant ont été expulsés de chez eux. Cette mesure antisémite – il n'y a pas d'autre mot – avait été qualifiée de geste de bonne volonté, à la demande américaine. Démanteler des habitations d'une manière totalement arbitraire, quand il s'agit de Juifs qui se retrouvent sans rien du jour au lendemain, c'est un beau geste.

Le 22 mars 23, donc, la proposition de loi 69/25, a été adoptée par la Knesset en troisième lecture. Elle marque la levée d'une injustice qui rappelle un peu la fin de l'occupation étrangère de la Judée-Samarie, région interdite de facto aux Juifs de 1948 à 1967. Là encore, cette mesure aura duré un peu moins de vingt ans. Il est vrai qu'on ne sait toujours pas quand nous reviendrons à Gaza, qui reste provisoirement l'un des bastions les plus antijuifs de la terre, où la présence juive reste à ce jour impensable. Mais la démarche de l'annulation du décret au Nord de la Samarie est encourageante. Elle montre qu'il n'y a pas de fatalité, de situation de non-retour.

En revanche, le gouvernement américain continue de montrer sa véritable face : l'ambassadeur d'Israël à Washington, Michaël Herzog, a été convoqué et blâmé. Comment, mettre fin à une disposition antisémite ? Les USA n'ont pas d'amis, ils n'ont que des intérêts. Leurs alliés ne doivent pas contrarier ces intérêts. Ils doivent être dociles, ou alors représenter une véritable avancée qui permette aux Américains d'avoir pignon dans une région du globe où leur présence n'est pas évidente.

Mais lorsqu'un pays a montré longtemps sa docilité, à tel point qu'en Israël on a accepté d'imposer cette loi inouïe,  impensable, il est mal vu que ce pays se rebelle, relève la tête et s'affranchisse. Car il n'y pas moyen autrement d'expliquer en quoi l'absence de Juifs sur une partie de la terre d'Israël servirait les intérêts des USA.

Cette opposition fanatique de la Maison Blanche de tout soupçon pourrait en fait s'inscrire dans une forme de guerre de religion, celle qui est décrite succinctement dans les Psaumes : «Pourquoi se démènent les peuples, et les nations agitent-elles de vains projets ? Les rois de la terre se soulèvent, les princes se liguent ensemble contre l'Eternel et son oint…» (Psaumes I, 1,2). La doctrine chrétienne n'est qu'un système qui apporte de l'eau au moulin de l'aspiration à empêcher Israël d'exprimer sans contrariété son retour à soi et en ses frontières. L'Israélien est appréciable uniquement lorsqu'il met son identité en veilleuse. Le département d'État des États-Unis refuse le projet divin du retour d'Israël. Il veut substituer au Retour d'Israël deux pays pour deux peuples : un pour les Juifs, un autre pour le vaste peuple arabo-musulman. Vu le résultat à Gaza, il n'est pas difficile de comprendre que le pays pour les Juifs ne saurait pour les Usa autre chose qu'une étape, D. préserve.

Par ailleurs, les Usa et d'autres pays ont l'injure facile, quand le Juif se met à s'exprimer un peu trop clairement et distinctement. Le ministre Bezalel Smotrich, en déplacement en France, a expliqué simplement que les Palestiniens, ce sont ses grands-parents. Il est en effet le petit-fils du talmudiste et rabbin Shimon Ben-Chemen, et de son épouse Sarah, de mémoire bénie, établis depuis plusieurs générations en Israël, donc en Palestine juive, tant que l'Etat n'était pas proclamé. Et puisque terre d'Israël se dit en langues étrangères Palestine, le Palestinien est le Juif, dont la nation se distingue par sa langue, son alphabet, sa monnaie, et ainsi de suite comme cela a été si bien exprimé. Le ministre israélien doit rester droit dans ses bottes, et ne pas se demander s'il a bien choisi ses mots pour formuler sa pensée. Les dirigeants politiques pétris d'orgueil devraient se demander quant à eux s'ils n'ont pas dérapé en qualifiant lesdits propos d'irresponsables. C'est au tour d'Israël de convoquer l'ambassadeur américain pour de si graves injures. Traiter un ministre d'un pays libre d'irresponsable, c'est impensable. Et le jeune âge du ministre n'autorise personne à l'infantiliser.

Quant à Netanyahou, sa reculade était prévisible. Mais peut-être qu'il s'agit d'une certaine habilité diplomatique. Il a en effet déclaré qu'il n'y aurait pas de construction de nouveaux villages juifs. En revanche, quatre anciennes localités sont à reconstruire. Nous n'avons pas oublié les péripéties de la construction du quartier Har-Homa, à Jérusalem. Les Américano-Européens s'offusquaient que cette nouvelle présence juive couperait en deux la région qu'ils espéraient voir tomber dans les mains d'organisations terroristes. Les projecteurs planétaires étaient braqués sur les travaux de terrassement du nouveau quartier. Chaque déplacement de bulldozer, chaque mouvement de sable ou de pierraille, étaient montrés en gros plan à la une de tous les médias. Sur place, les atermoiements gouvernementaux avaient de quoi irriter. Mais alors que les faux-amis d'Israël se frottaient les mains et ne baissaient pas leur garde, les quartiers de Pisgat Zéev et de Néwé Ya'acov, pas moins au-delà de la ligne verte, étaient multipliés par deux, le côté désert de l'avenue Moshé Dayan se parant d'une multitude de nouveaux immeubles. Quand les observateurs hostiles se sont lassés, Har-Homa a pu se construire sans remous.

Dans le même ordre d'idée, une tribune disproportionnée est accordée aux opposants à la bonne marche du gouvernement qui, fort de 64 sièges, reflète tout de même la volonté du peuple. Les inversions de valeurs ne font pas honte aux détracteurs. Le résultat plus que flagrant des dernières élections ne les empêche pas de faire comme s'ils étaient la majorité. Certains médias se font indéniablement leurs organes de propagande. Ainsi, d'après cette presse, jeudi dernier (22 mars), le pays était paralysé par les manifestants. Quiconque a pu constater la réalité sur le terrain sait qu'il n'en a rien été. On sait aussi que la comptabilisation est une méthode de manipulation de l'opinion. Certains mettent en gros titre la numérotation de ces rassemblements, c'est le tantième samedi soir qu'ils se réunissent. Cette tactique avait été utilisée dans les années 87/88. Quand des agresseurs entouraient des soldats de Tsahal à Gaza, les forçant à ouvrir le feu pour ne pas se faire lyncher, les morts parmi ces agresseurs étaient comptabilisés. En quelques mois, la radio était arrivée à environ quatre cents. L'effet médiatique est efficace. On ne titre plus que suite à un guet-apens, un ou deux agresseurs ont été éliminés. La phrase sera tournée de la façon suivante : «… ce qui fait monter à 400 le nombre de "manifestants" éliminés par Tsahal».

Il ne faut pas esquinter les icônes de la propagande. Si on vous dit que les populations arabo-musulmanes présentes en terre d'Israël sont les Palestiniens, même si l'un des patronymes les plus répandus est El-Masri (l'Egyptien), et si l'on vous dit que les clones idéologiques du juge Aaron Baraq sont les garants de la démocratie, eux qui se désignent les uns les autres en club sélect et fermé, vous serez cloué au pilori si vous n'êtes pas d'accord.

Car, pour finir, pourquoi est-il si important pour les Démocrates américains que l'on ne remette pas en question la nationalité palestinienne telle qu'ils l'entendent, toute remise en question tenant du sacrilège ? En fait, c'est assez simple. C'est ce qui permet d'attaquer le Juif comme s'il était un vil usurpateur. Dans des temps plus reculés, le chrétien devient le Verus Israël, donc le vrai devient le faux, et il est accusé de s'entêter à vouloir rester l'élu de D., ce qui ne serait plus le cas. Sur ce modèle, à l'identique, le Verus Palestinien est forcément un autre. Donc, le vrai, le Juif revenu en Judée, peut aisément être présenté comme l'usurpateur. Pire, cette position doit affaiblir le Juif dans son assurance, et le convaincre que la haine qui lui est vouée ne découle de rien d'autre que de sa propre culpabilité. C'est toute la logique des accords d'Oslo, ou plus généralement des «territoires contre la paix», qui relève de cette dialectique. Ah, si seulement le Juif cessait de faire en sorte qu'on le déteste ! S'il lâchait ces territoires qui sont la cause de tout l'antisémitisme et l'antisionisme à l'échelle planétaire aujourd'hui ! Eh bien, il aurait la paix. Et c'est bien parce qu'on s'est laissé bernés par ce mensonge gros comme une montagne que ça n'a pas marché, et que la situation est pire quand nous ne sommes pas présents dans lesdits territoires.

Dans un autre contexte, on nous disait : «Ah, si seulement vous pouviez comprendre que vos habits et vos mœurs sont la cause de toute cette haine contre vous, elle disparaîtrait comme par enchantement !» Là non plus, ça n'avait pas marché. En Allemagne nazie, on pouvait être complètement Allemand, de langue, de mœurs et de vêtement, et être mis à mort en n'ayant qu'un seul ascendant juif de quatrième génération.

Ces mécanismes de la pensée existaient déjà aux époques bibliques. Ce n'est pas l'histoire moderne qui a cherché à convaincre le Juif de sa propre culpabilité.  Les Hébreux bien décidés à s'identifier aux Egyptiens ne sont pas sortis d'Egypte. La tradition nous apprend qu'ils ont disparus pendant la plaie des ténèbres, ce qui explique le verset qui mentionne que les Hébreux sont bien partis en direction de leur Palestine, mais à raison d'un cinquième seulement. (Exode XIII, 18). C'était en 2448 du calendrier juif (désolé, j'ai du mal avec les comptes à rebours). Plus tard, chez les Perso-Mèdes, en 3408, on accusera le Juif Mardochée de toute l'affliction dont souffrent ses frères : c'est parce qu'il refuse de se prosterner devant Aman. Le texte du Rouleau d'Esther n'est pas dupe. Dès sa première mention, celui-là est présenté comme descendant d'Agag, lié au contexte dans lequel le roi Saül avait perdu son autorité.

Le Juif libre ne l'est pas uniquement parce qu'il est à la tête de son propre Etat, ou qu'il en est chef –d'état-major. Il n'est vraiment libre que lorsqu'il comprend qu'il n'est pas coupable de la haine des autres à son égard. Les époques ne changent pas. Ce qui change n'en est que la forme. Seul le prétexte antijuif est interchangeable. En bousculant les schémas de la pensée figée des détracteurs d'Israël, en remettant les pendules à l'heure et en affirmant que les Palestiniens ne sont autres que ses grands-parents, le ministre israélien s'en prend aux défauts de l'argumentaire fautif qui refuse à Israël l'exercice de ses droits chez lui.

De l'intérieur, les opposants à l'action gouvernementale ont menacé de se servir de leur grande richesse pour appauvrir le pays. Des capitaux et autres investissements ont été transférés vers l'étranger, pendant que le shekel s'affaiblissait (que ce soit lié ou non). Vers la mi-février 23, un certain Ben Rabinowitz expliquait le risque d'affaiblissement économique d'Israël, s'il s'octroie un peu trop de libertés. Pour lui, si nos valeurs ne sont pas en phase avec celles des Usa, «nous en paierons le prix»[1]. Il ne rigole pas. Sa société, Amiti Ventures, jongle avec plus de 240 millions de dollars. Il a une perception bien à lui du miracle d'Israël qui «dépend des capitaux mobiles et d'une main d'œuvre high-tech libérale et mondialisée.» Or, un mois plus tard, la banque américaine SVB fait faillite. Qu'Amiti etc. s'en tire ou non, qu'elle soit affectée par ce «bank run» ou pas, elle ne peut qu'en tirer une leçon d'humilité.

La réalité d'Israël n'est pas le résultat d'une quelconque mansuétude des Nations, mais un événement transhistorique qui défie leur entendement. Elle tentent d'y faire face et de donner le change. Si tu ne peux empêcher une réalité d'être tangible, laisse entendre que tu en es l'auteur et qu'elle est sous ton entier contrôle.

Puisse Israël continuer sa marche vers sa complète rédemption, et cette nouvelle loi qui annule le décret antisémite annexe du «redéploiement» en être un heureux avant-goût.   

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