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11 août 2016 4 11 /08 /août /2016 18:02
Nuit de Cristal de Goush Katif (périodique Yécha chelanou)
Nuit de Cristal de Goush Katif (périodique Yécha chelanou)

Voici onze ans que la bande de Gaza a été totalement déjudaïsée, en dépit du bon sens. Comment a-t-on pu largement croire à cette grossière propagande qui avait promis au peuple d'Israël une paix totale pourvu que l'on sacrifie une partie relativement minime du pays? Quelque dix mille habitants du pays ne peuvent pas, pour leur idéal, leurs infrastructures, leurs synagogues, l'éducation, le confort et le bonheur de leurs enfants, imposer à six millions d'autres Juifs une guerre perpétuelle et la haine des nations. Telle était la mélopée répétée à faire éclater le crâne tellement on le bourrait, qui revenait telle quelle ou sous quelques variations à peine nuancées, jusqu'à cette date fatidique du 9 av, date des décrets terribles et des destructions jusqu'à la rédemption totale et véritable, espérons-le pour bientôt. Comme nous l'avons vu tantôt, la réalité n'est pas un film qui se termine avec une musique héroïque, le mot fin et le défilement des noms, pendant que les spectateurs engourdis et éblouis par les lumières qui se rallument restent sur l'impression du message profond ou superficiel qui lui a été inculqué.

Ce qui s'est produit tombe tellement sous le sens que l'on a du mal à produire des énoncés que même Lapalisse se serait retenu d'émettre. Et pourtant, le mensonge est si fort, quand il chamboule les notions les plus basiques et évidentes, qu'il semble falloir le dire, qu'il faut dire que la paix avec un périmètre donné sera réelle si ce périmètre est peuplé par une population amie, et que l'abandonner à des ennemis acharnés ne peut que provoquer guerre et désolation. Et pourtant, onze ans après, bien des menteurs refusent de le dire explicitement : ce n'étaient pas les Juifs qu'il fallait expulser de Gaza, mais les Arabes ; dès lors que l'on refuse les sacrosaints principes de la diversité, du vivre-ensemble et autres utopies. Aujourd'hui encore, le conditionnement pavlovien ancré jusqu'au fond de l'âme, des os et de la substance provoquera la réaction semblable à celle de ce rat qui doit changer de compartiment quand le voyant s'allume parce que le sol de cette partie de la cage va être incessamment électrifié, ou de ce chien habitué à saliver au son de la cloche, et fera dire, ressentir ou penser : «Ce n'est pas bien de dire ça», comme si les expulsions de Juifs étaient louables. La seule concession acceptée par les menteurs, c'est de ne plus parler de processus de paix mais de processus politique. Le Tahalikh Ha-Chalom s'est changé en Tahalikh médini. Mais quel honnête homme s'érigera en faux pour crier : «Mais alors, si ce n'est pas pour la paix, pourquoi faudrait-il que nous leur donnions notre terre? Ne nous avait-on pas parlé de concessions douloureuses, de renoncement à ce qui nous revient de droit, de sacrifice pour la paix? Si ce n'est pas en échange de la paix, pourquoi?»

En effet, nous ne sommes pas dans une salle de cinéma. Alors comment les politiciens, médias et autres menteurs allaient-ils s'y prendre pour que leur subterfuge ne leur saute pas à la figure? On peut distinguer diverses directions destinées à mettre à mal les opposants à l'anéantissement d'une région florissante suivi par la nuit de cristal de Goush Katif (j'ai demandé un peu partout quel nom avait été donné à l'incendie criminel perpétré par les Arabes des 22 synagogues de Gaza, toutes plus somptueuses les unes que les autres, mais sans réponse. Ce silence Internet, version à jour du silence radio, m'a conduit à adopter cette appellation). La réaction fanfaronne et sarcastique est tombée rapidement. Pérès, l'architecte des accords d'Oslo, titre pompeux qui lui va comme un gant, ne s'était-il pas écrié d'un rire gras, en traitant les sympathisants notamment de prophètes apocalyptiques : «Alors, niark niark niark, où sont-ils donc, ces missiles qui devaient pleuvoir sur Ashkelon dès le désengagement ?» Cette réaction a tenu la route quelques temps, mais il fallait l'exploiter et en profiter vite. Une autre a consisté dans un raisonnement autant alambiqué qu'inapproprié de plus, qui s'est échafaudé sur la question rhétorique suivante : «Mais les bombardements ont-ils commencé avec le désengagement?» Autrement dit, le désengagement n'y est pour rien!!!

C'est d'ailleurs toute une suite de raisonnements fantaisistes et inadaptés à la réalité qui a suivi Israël depuis la mainmise d'un pouvoir de l'intérieur ayant contesté ses droits, ou son droit au retour au cœur de sa patrie, au cœur de Hébron, douce vallée…

Les lignes qui vont suivre et qui traitent des raisonnements susdits ont été publiées peu après l'expulsion des Juifs de Gaza, sur feu Aroutz 7 en français, le principal, voire à peu près le seul média d'information non tronquée sur Israël en cette langue. Nous ne parlerons pas ici d'un média complaisant qui diffusait lui aussi des flashs en français. Aujourd'hui, elles permettent rétrospectivement de se remémorer ou de découvrir le cas échéant la démarche qui a tant annihilé la réactivité saine de tout un peuple :

La démagogie et la mauvaise foi se sont donné rendez-vous pour tenter d'annihiler la volonté de ce peuple et de lui substituer une réflexion qui n'est pas la sienne. Un participant à une délégation israélienne représentant la ville de Sedéroth a été interrogé par la presse: "selon vous, les bombardements que vous subissez sont-ils dus à l'expulsion des Juifs de Gaza?". "Non, a-t-il répondu, les bombardements avaient commencé bien avant". Il a raison, alors pourquoi sommes-nous révoltés par ce type de propos?

Transposition du débat

Si nous tentons de répliquer en nous attachant aux aspects superficiels de l'idée, nous ouvrirons la porte à un débat stérile autant qu'épuisant du genre: "la ville de Sedéroth reçoit forcément plus de bombes, puisque celles qui au départ devaient être lancées sur les Juifs de Gaza sont à présent envoyées sur Sedéroth." Ce à quoi on nous rétorquerait que cette localité en aurait de toute façon reçu autant vu l'augmentation de la production de l'armement. Et ainsi de suite. Le foyer du débat serait alors décentré et l'argumentation qui en découlerait conforterait dans leur position les coupables et les partisans de l'expulsion des Juifs. Ce n'est pas innocemment que les questions du type que nous venons de voir sont posées. Leur motivation est d'avorter l'approche des véritables problèmes tout en donnant l'impression de les avoir abordés. L'expulsion des Juifs passe alors inconsciemment pour un acte sans conséquence du moment qu'elle n'est pas la cause des bombardements.

On assiste à une inversion des données du problème: si A doit impliquer B, et que A n'a pas impliqué B, il serait par conséquent honnête d'annuler A. Ici, on n'annule pas A, en se disant tout simplement que la non obtention de B était déjà un fait ancien. A, c'est l'expulsion; B, c'est la paix et la tranquillité qui devaient être impliquées par l'expulsion; quant à l'annulation de A, c'est le retour des Juifs sur leur terre. Or, non seulement rien n'est réparé, mais de surcroît on considère A comme un événement banal et insignifiant sans incidence aucune sur la réalité. Alors si l'expulsion n'a rien à voir avec le problème, pourquoi a-t-elle été perpétrée?

Prenons un exemple. Si un terroriste promet de libérer des otages qu'il détient en échange d'une rançon, et qu'il les maintienne prisonniers après avoir été payé, se demandera-t-on si le payement de cette rançon a provoqué l'emprisonnement des victimes, et auquel cas on pourrait effectivement répondre que le payement n'est pas la cause de la prise d'otages et rassurer les payeurs en leur affirmant qu'ils n'y sont pour rien? Allons donc! Bien sûr que non, on leur reprocherait d'avoir fait un geste inconsidéré, irréfléchi, voire complaisant envers les terroristes!

Autre exemple: en supposant qu'un médecin prescrive à un patient qui lui fait confiance l'ablation d'un organe pour en sauver un autre considéré comme plus vital, et que son avis s'avère après l'opération avoir été une aberration, n'allons-nous pas abhorrer et avoir en horreur ce docteur, et plus encore s'il tente de se déresponsabiliser en se défendant que l'ablation du dit organe est indépendante de la détérioration de celui qu'on considérait comme plus vital?

La logique de ces suppositions est évidente. Ce qui l'est moins, c'est lorsque les données sont brouillées et que des solutions toutes faites sont proposées pour résoudre des problèmes mal posés. Dans les médias, l'effet est d'autant plus accentué qu'on nous les pose sous forme de "flashs" prétendus spéciaux mais répétitifs suivis de préférence d'un générique tapageur destiné à neutraliser toute éventualité d'un réveil de notre esprit critique. Tout journal télévisé est nécessairement précédé d'un tapage plus bruyant qu'un roulement de tambour. C'est ainsi qu'on nous fait avaler des couleuvres de plus en plus imposantes sans que nous ne nous en rendions compte.

Persuasion et dissuasion

L'instabilité à laquelle est en proie le pays d'Israël est la résultante d'une campagne de démagogie qui remonte sous sa forme actuelle au lendemain de la guerre des six jours. Si en Israël on sensibilise le public en lui parlant de concessions douloureuses qui, préférables à la guerre, ne remettent pas en cause la légitimité de son lien à sa terre, en revanche, en Europe on utilise un autre langage: les Israéliens doivent libérer des territoires qui ne leur appartiennent pas. D'où leur incompréhension lorsque les nations unies condamnent un état juif contraint de reconquérir des terres cédées à ses ennemis afin de parer aux attentats contre ses citoyens. "Vous n'avez pas échangé ces territoires contre la paix, vous les avez simplement rendus. Nous ne vous y reconnaissons aucun droit de domination", semblent-ils leur dire.

Bien évidemment, il a fallu mettre au point une dialectique pour convaincre les Israéliens de voter de leur plein gré pour un gouvernement à même de les affaiblir. L'adage des "territoires contre la paix" sévit de manière latente jusqu'aux accords d'Oslo. Des intellectuels circonstanciels viennent montrer sur les plateaux des émissions de télévision l'importance suprême de l'homme, Adam, en regard à la petitesse de la terre, Adama. Celui qui voudrait soutenir contre eux que, sans terre, la valeur de l'homme devient dérisoire n'a pas de place sur ces plateaux, et encore moins s'il souhaite rappeler la valeur insignifiante d'un Juif apatride en vigueur jusqu'à une époque encore récente. On essayera par contre de lui faire dire que, pour lui, la terre a davantage d'importance que la vie humaine. Des années durant, nous avons été gavés du principe des concessions territoriales salvatrices. Des grands rabbins ont même été engagés pour convaincre leurs fidèles que le maintien de notre pouvoir en terre sainte, aussi important soit-il, ne saurait dépasser la valeur de la vie humaine. Or, malgré les résultats malheureusement prévisibles alors –"ne leur donnez pas d'armes", préconisait une affiche- et tangibles aujourd'hui, la démagogie continue à sévir et à se servir des mêmes motifs.

Concrétisation

C'est à la suite de la première guerre du Golfe que le mensonge latent se réveille peu à peu de sa torpeur. Un nouvel argument vient s'ajouter à l'arsenal des négateurs du droit d'Israël sur sa terre: à l'ère des missiles, la détention du terrain physique n'a guère d'importance. Là encore, le foyer du débat est décentré. Au lieu de débattre de l'appartenance de la terre au peuple juif et de sa centralité, on doit se concentrer sur les méthodes et les avantages qu'elle peut donner ou non dans le cadre d'une guerre. Au lieu de poser franchement la question aux journalistes et de leur demander pour qui ils travaillent, ce sont eux qui nous font dire qu'il faut du terrain même si les missiles sont de longue portée ou que l'expulsion des Juifs a provoqué le bombardement de la localité de Sedéroth. Ils nous imposent notre place dans le débat pour qu'ils puissent toujours en sortir vainqueurs. Ils se réservent le meilleur terrain et nous placent pour ainsi dire le dos à la fenêtre dans une contrée où on est précisément susceptible de se faire tirer dans le dos.

La démagogie modifie et adapte son argumentation: "les territoires contre la paix" sont remplacés par une autre expression: "c'est avec ses ennemis qu'on fait la paix". Expression brillante ou mot d'auteur a priori, elle ne renferme pas moins qu'un défi au bon sens le plus élémentaire. Là encore, nous nous appuierons sur des parallèles: qu'adviendrait-il si de dangereux criminels organisés se verraient non seulement amnistiés mais de surcroît octroyer des armes et une zone de non droit? Ce serait bien sûr ridicule. Aucune personne sensée ne voudrait tenter une expérience aussi démentielle.

Supposons à présent qu'un candidat à un poste de caissier dans une banque soit un braqueur repenti, s'étant amendé et ayant purgé une peine de prison. Même dans le cas où il voudrait réellement devenir un honnête citoyen, aucun directeur ne serait prêt à l'engager ne serait-ce que pour une période d'essai. Quel que soit l'emploi proposé, le candidat doit présenter un C.V. élogieux et des références solides; son casier judiciaire doit être absolument vierge. Pareillement, le port d'armes est interdit ici à toute personne ayant été mêlée à une bagarre de rue. S'il en est ainsi au niveau individuel, il devrait en être de même à plus forte raison à un niveau collectif, régional ou national.

Le salaire du crime

Or précisément, l'absurde décline le bon sens. Ici, le criminel par excellence, l'auteur et le commanditaire des attentats de Munich et de Maalot, -la liste n'est pas exhaustive- celui qui a transformé la Suisse du Moyen Orient en poudrière sept ans avant l'opération "paix en Galilée", est désigné pour transformer cent ans de guerre en paix durable. Moralité: le crime paie. Pour prendre part au partenariat de la paix, il faut avant tout faire ses preuves en tant que bon criminel. Selon cette dialectique, il aurait fallu parler avec les nazis pour arriver à la paix. Qui oserait prétendre qu'il faut exterminer ses ennemis pour atteindre la tranquillité?

Le résultat ne s'est pas fait attendre. Lors du carnage du carrefour de Beit-Lid, près de la ville de Nathania, dû à l'un des premiers attentats-suicides directement provoqués par la signature et la mise en application des prétendus accords de paix, il a été diffusé sur les ondes que les enquêteurs ne parvenaient pas à retrouver les restes de la voiture piégée. Il s'est par la suite avéré que le piège pouvait se passer de voiture. Or, si l'on a cherché des traces semblables à celles qu'ont laissées de par le passé les attentats-suicides du sud du Liban, agissements émanant du même ennemi changé en partenaire de la paix, c'est que l'on s'attendait visiblement à ce qu'il perpètre à nouveau le même type d'actes criminels une fois installé au cœur de notre terre. Là encore, un nouvel argument est édicté: pour parvenir à la paix, des accords signés ne suffisent pas, il fait passer par des sacrifices. Des sacrifices humains, juchés sur l'échafaud de la paix.

La suprématie du pouvoir médiatique sur le pouvoir démocratique

La dialectique de la paix impose ses axiomes: c'est, pour elle, notre reconquête du centre de la terre sainte qui a réveillé l'animosité bestiale de nos ennemis. L'ennemi peut et doit être changé en allié. Céder des terres implique la paix et la métamorphose de l'ennemi en ami pour ainsi dire de longue date. Celui qui admettra ces axiomes sera introduit dans le camp des partisans de la paix et de la vie. Par contre, ceux qui, admettront ces principes mais objecteront qu'ils ne sont pas réalisables ou applicables, et à plus forte raison ceux qui voudront les rejeter, se verront étiquetés et qualifiés respectivement de pessimistes et de dangereux extrémistes.

En principe, le langage des médias est dérivé du pouvoir et lui sert d'outil pour asseoir sa légitimité. Un chef d'état et son gouvernement, avant d'opérer des changements au sein de leur pays, y prépareront préalablement leurs citoyens; qu'il s'agisse de l'octroi ou de la restriction de certains budgets ou subventions, il faudra d'abord créer un besoin. Le pouvoir étant démocratiquement élu, l'utilisation des médias dépend elle aussi de la majorité.

Ici, cas probablement unique dans l'histoire contemporaine, la radio et la télévision ne sont pas subordonnées au pouvoir mais sont dans les mains d'une caste élitiste et minoritaire ; c'est bien au contraire le pouvoir qui leur est assujetti, d'autant plus que les radios libres sont interdites. Les médias mettront par conséquent sous pression le dirigeant ou le cas échéant les électeurs afin de parvenir à leurs fins.

Considérons à présent les méthodes lancinantes propres aux médias: comme il a été cité plus haut, c'est à la suite de la guerre du Golfe que la propagande a atteint ses premiers résultats concrets. Le premier ministre s'est vu affubler toutes sortes d'étiquettes: intransigeant, borné, faucon, bref un obstacle à la paix. Allait-il œuvrer pour que son pays puisse enfin accéder au bonheur? En d'autres termes, allait-il s'associer à de dangereux criminels qui allaient obtenir rétrospectivement la justification de leurs méfaits. Toute démarche en ce sens bénéficie du qualificatif de progrès dans le processus de paix, tandis que toute réticence est considérée comme une entrave.

Le dirigeant cède et accepte le principe des pourparlers de Madrid, à condition toutefois que n'y soient pas admis de véritables criminels. Une première victoire est obtenue pour le camp de la démagogie. Bien que la condition exigée semble être respectée, les véritables terroristes seront dans les coulisses et aucun avis ne sera émis de la part des négociateurs sans effectuer un va et vient incessant de la table des négociations aux coulisses et vice et versa.

Le dirigeant ayant cédé, il faut se rabattre sur les électeurs. Pour commencer, on suscite et on entretient une sorte d'euphorie à l'aide d'émissions mettant en présence un Juif et un Arabe habitant Jérusalem et fabulant sur l'avenir. Comprenant malgré tout qu'on s'est joué de lui, le Premier ministre jure qu'il ne cédera jamais la moindre parcelle de la terre d'Israël à des étrangers, alors que tant de générations de Juifs ont prié et œuvré sans relâche pour s'y établir à nouveau.

Le public est à point pour la seconde étape: élire un autre dirigeant prêt à faire siens les principes cités plus haut. Il lui suffira de déclarer qu'il aura le courage de négocier sans ambages ni ambiguïté, et cela directement avec les véritables dirigeants du camp adverse. Le résultat ne se fait pas attendre: il est élu. Le tour est joué, ouvrir la porte aux catastrophes devient un acte de courage. Qui a dit qu'il fallait être courageux pour se suicider ?

Explications rétrospectives

Les faits sont connus, la mauvaise foi, elle, pas toujours perçue. Et c’est là qu’elle intervient en venant à la rescousse de la démagogie: si un Juif est assassiné dans une serre par un Arabe la veille de la signature des accords d’Oslo, c’est justement dû au fait que les accords n’ont pas encore été signés, mais ce sera assurément la dernière victime; si l’attentat a lieu après la signature, c’est que l’assassin ne vient pas des territoires autonomes; s’il vient des territoires autonomes, c’est qu’il fait partie d’une faction opposée à la paix que les dirigeants de l’autonomie ont du mal à contenir; s’il s’identifie à la faction dirigeante, il s’agit d’une bavure condamnée en silence par le dirigeant terroriste qui remet au Premier ministre israélien un petit morceau de papier plié sur lequel il aurait exprimé par écrit sa désapprobation ; et si l’armée de l’autonomie fait quatorze victimes dans les rangs de Tsahal, c’est la faute du gouvernement d’Israël qui s’est laissé aller à la provocation en faisant des travaux dans le tunnel du Mur Occidental. Nous sommes entraînés dans une ronde effrénée, rebondissant tel le récit de l’agneau du chant de la Haggada, cet agneau, Israël, qui survit au milieu de soixante-dix loups. »

Quand les arguments ne suffisent plus

Quand les paroles ne suffisent plus et que le peuple est las d'être dupe, qu'il n'y a plus, d'après les sondages, à l'automne 5756, que vingt pour cent de soutient au parti au pouvoir, en arrondissant par excès, et que les discours n'ont plus aucun effet, la démagogie, prête à tout, n'aura plus qu'un seul recours, dramatique : l'assassinat du Premier ministre, énigme qui n'a pas été élucidée officiellement à ce jour. Alors que depuis les dernières concessions territoriales, comme promis, douloureuses, les passations suivantes de pouvoir ont été suspendues, la peau de chagrin rétrécit à nouveau et le parti au pouvoir peut alors atteindre, (toujours d'après les sondages), quatre- vingt pour cent de côte de popularité. Le pays, pendant un moment, deviendra le théâtre d'une chasse aux sorcières dont les sabbats sont devenus intolérables. Le Juif traditionaliste, fidèle à sa Thora et à sa terre, sera considéré comme un incitateur au crime. L'assassin présumé du Premier ministre (tué selon les informations officielles de deux balles dans la colonne vertébrale alors qu'il a continué à marcher jusqu'à sa voiture) exprimera les idées de la droite ou de la tradition sans être interrompu: Hébron est le berceau du peuple juif à qui revient la Judée d'où il est originaire. Nul n'est besoin de contre argumenter puisque ce langage est celui du crime; entretemps les villes du nord de la Samarie et la ville natale du roi David sont livrées dans le silence aux organisations terroristes. Là non plus, le résultat ne se fait pas attendre et l'effet de l'assassinat n'est plus estimé à la veille des élections qu'à 54 ou 57 pour cent de soutien au parti au pouvoir. Le pouvoir médiatique se défend et les attaques verbales envers le candidat de l'opposition se multiplient. S'il n'est pas immanquablement accusé d'être l'assassin de son prédécesseur, il est toutefois considéré comme responsable. On pourrait même ajouter: responsable et coupable.

La citation biblique:"tu as assassiné puis dépossédé" est rappelée à son égard sans relâche.

Occasion manquée

C'est alors qu'on passe à côté d'une occasion sans précédent de balayer la suprématie du pouvoir médiatique sur le pouvoir démocratique: la campagne de désinformation échoue en même temps que son candidat, tandis que les principaux journalistes commencent à préparer leurs valises. Le nouvel élu, pas assez blindé probablement, ou en proie à l'euphorie de son pouvoir tout neuf, les prend en mauvaise pitié et cherche à les flatter et à leur montrer qu'ils avaient tord de ne pas l'aimer et, pour leur montrer sa bonne foi, remet la ville de Hébron aux mains de l'organisation dont l'essence même de l'existence est la purification ethnique de la présence juive en Palestine. Les journalistes se ressaisissent et qualifient les électeurs du parti vainqueur d'extrémistes marginaux.

De la même façon, les premiers ministres suivants, victimes de la pression médiatique directe ou par le biais d'un électorat préparé, fuiront le Liban et expulseront les Juifs de Gaza pour être bien vus des journalistes et d'un mouvement de mères de soldats monté de toutes pièces et surmédiatisé, prétendant avoir pour but que nos enfants n'aient plus à apprendre la guerre, et qui concrètement engendreront la deuxième guerre du Liban et assureront la mainmise des terroristes et leur contrôle sans entraves de la bande de Gaza.

L'erreur de la droiture humaine

Les gens de bonne foi se sont dit:" à tout chose malheur est bon; quand les accords auront été signés, qu'on aura écouté nos ennemis au lieu de les combattre, alors seulement les médias, les tribunaux et les gouvernements de tous bords, ainsi que l'opinion, comprendront à quel point l'erreur aura engendré l'horreur, et alors ils feront tout pour réparer les dégâts. La motivation première de l'État d'Israël n'est-elle pas de pouvoir combattre ses ennemis jusqu'à l'anéantissement et d'assurer de la sorte que des persécutions semblables à celles de la seconde guerre mondiale ne soient plus jamais notre lot? Combien aurions-nous donné pour pouvoir faire la guerre aux nazis sans attendre une intervention des autres nations?"

C'est compter sans la prodigieuse immunité de la démagogie associée à la mauvaise foi. Les fouilles et les files d'attente interminables devant les gares, les stations et autres lieus publiques ne les toucheront pas (quelqu'un se souvient-il aujourd'hui qu'à l'époque antérieure à la paix on pouvait directement entrer ou sortir des marchés et centres commerciaux?), ni l'expression moderne de la mort frappant non plus dans des fourgons mais dans des bus crématoires.

Quand le mensonge contenu dans ses arguments et ses axiomes sera connu de tous, la démagogie en inventera de nouveaux, car attention, un mensonge peut en cacher un autre. A moins qu'elle ne réemploie les mêmes, comme si rien ne s'était passé! Le président américain de service n'a-t-il pas exigé la reprise du "processus de paix"?

Le nouveau cheval de batail, quant à lui, consiste en la distinction entre bons et mauvais terroristes; mais déjà, à l'étranger, des voix se font entendre pour considérer les mauvais comme des bons: c'est logique, puisque c'est avec ses ennemis qu'il faut traiter. Ce qui signifie que même si on a réellement réussi à obtenir d'un ennemi qu'il se calme, il en viendra un autre pour le supplanter et être à son tour considéré comme partenaire de négociations, à condition au préalable qu'il prouve également qu'il fait un bon criminel. Et à l'instar des négociateurs "modérés" -ou rendus comme tels- choisis lors de la conférence de Madrid qui ont bien vite fait de céder leur place à des négociateurs plus adaptés et conformes, les criminels considérés comme usés ou plus assez virulents dans cette inquisition du terrorisme médiatique cèdent leur place à d'autres, et ainsi de suite. C'est le serpent qui se mord la queue et on n'a pas fini d'avaler des couleuvres.

C'est par conséquent à nous qu'il revient d'amoindrir l'impact médiatique de ce pouvoir absolu qui est au service de la démagogie et de la mauvaise foi. L'enjeu en vaut certainement la chandelle, et il faut diminuer leur importance.

Certains soutiennent que mon propos ne tient pas compte de la réalité, que l'Amérique, qui semble imposer son ordre du monde, pourrait paralyser notre économie en décrétant, par exemple, que nous n'ayons plus d'essence pendant une période déterminée selon leur bon plaisir, histoire de nous donner une bonne leçon, et que, par conséquent, la bonne ou mauvaise volonté de nos dirigeants n'y change rien. Eh bien, à moins que nous ayons tous été victimes d'une machination, l'initiative des accords d'Oslo ainsi que celle du "désengagement" sont le fait de l'initiative, officiellement du moins, de deux Premiers ministres israéliens.

D'autre part, en termes d'intérêts et de politique internationale, Israël reste le seul allié des E-U. Le Liban pacifique ainsi que l'Iran du Shah ont rejoint aujourd'hui les annales de l'histoire et les États-Unis ont été surpris sur leurs arrières. De plus, Israël a permis aux Américains de combler un retard considérable sur l'armement soviétique suite à la guerre des Six jours, et chaque fois qu'un "déserteur" syrien ou autre vient trouver refuge en Israël, quelle coïncidence, c'est avec un matériel, avion notamment, des plus sophistiqués. Il serait temps de cesser d'accomplir ce travail comme des esclaves mais d'y imposer un prix, et surtout de cesser de saborder notre pays. La seule différence existant entre l'exil et la délivrance, nous disent nos sages, c'est la soumission aux autres nations. Nous sommes rassemblés sur notre terre selon un programme divin scellé d'avance, qui doit aboutir, d'après une tradition qui a survécu et qui survivra à toutes les autres, au rétablissement du trône de David et à la reconstruction du Temple que nous attendons et pour laquelle nous œuvrons depuis 1948 ans (mise à jour, ndlr).

Toute tentative de remplacement du programme divin par un autre ne peut qu'apporter chaos et instabilité dans la région: si D. a promis de rassembler les exilés du peuple juif et de lui remettre la terre qu'Il a promise aux patriarches, ce n'est pas pour qu'on la lui confisque vers la fin des temps de l'exil, quand le rassemblement de la diaspora s'accélère, pour la donner à un tiers dont la nationalité a été créée de toutes pièces pour les besoins de la cause. Toute tentative d'imposture est irrémédiablement vouée à l'échec à plus ou moins brève échéance. Il n'y a pas et il ne peut pas y avoir de "nouveau Moyen-Orient", car l'ancien n'a pas dit son dernier mot, de la même façon qu'il ne peut pas y avoir de nouveau testament (comme nous l'avons vu dans un précédent article). La démagogie et son associée, la mauvaise foi, ne perdent rien pour attendre.

En attendant, si on veut bien concéder que ce n'est pas l'expulsion des Juifs de Gaza qui a entraîné les bombardements sur Sedéroth, c'est bien cette expulsion qui a provoqué trois guerres, une incapacité de libérer un soldat retenu à quelques centaines de mètres de nous, une humiliation nationale pour le récupérer, et une haine sans précédent des nations qui ont entre autres publié le mensonger rapport Goldtone, dont l'auteur qui lui a donné son nom s'en est pourtant dédit, mais un peu trop tard.

Concluons cet exposé par une discussion anecdotique entre un habitant de Bet-El et un Parisien du dix-neuvième arrondissement:

"Est-ce que tu peux me parler du processus de paix d'un point de vue objectif, sans m'obliger à écouter tes idées que je connais déjà?

-C'est bien simple; avant qu'il ne soit question de paix, on pouvait, en rentrant à Beit-El depuis Jérusalem, s'arrêter à Ramallah pour y faire des courses ou y prendre un café. Quand les pourparlers ont commencé, il valait mieux ne plus s'arrêter. Quand il y a eu de véritables progrès dans le processus de paix, pour ne reprendre que des expressions objectives pour toi, il a fallu remplacer toutes les vitres des voitures par des vitres en plexiglas. Maintenant, quand les accords de paix ont été signés, on a commencé à ne plus pouvoir du tout passer par Ramallah. Depuis, il faut la contourner et, si possible, se déplacer dans des véhicules par- balles.

-Mais alors, ce n'est pas la paix!

-Je ne te le fais pas dire. Mais depuis, l'armée, la nôtre, a repris en partie le contrôle de la situation et on peut, en principe, avec l'aide de D., passer sans véhicule blindé."

Yéochoua Sultan, écrivain et traducteur

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