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3 janvier 2016 7 03 /01 /janvier /2016 20:48
Les prisonniers de Douma : et ça continue

C'est bien connu. Netanyahou est l'homme de droite par excellence. En termes de politique israélienne, et surtout en tant que chef du Likoud, il est donc l'homme du «grand Israël», le défenseur des droits immémoriaux des Juifs sur l'ensemble de la terre d'Israël. Sa réputation est celle du fer de lance de la construction pour les Juifs à Jérusalem et en Judée Samarie, berceau, comme il le rappelle souvent lui-même, de la civilisation hébraïque et juive.

Des chantiers importants à Jérusalem-Nord (désolé de ne pas reprendre le cliché préconçu de Jérusalem-Est), notamment à Névé-Ya'acov, à Ariel, capitale de la Samarie, ou encore à Eli, non loin de la localité où le Sanctuaire se maintint 369 ans durant, jusqu'à la construction du Premier Temple, en l'an 2928 de notre ère à nous.

Deux décennies de Netanyahou, «le moindre mal», comme le surnomme tout particulièrement un bon nombre de ses électeurs qui a voulu le sauver pendant les élections de l'an dernier, face à des Herzog et Livni considérés comme post-sionistes, avec tout ce que ça implique, ont rendu l'électorat de droite dans son ensemble pragmatique, et l'ont habitué à s'estimer heureux que des Juifs ne soient pas chassés du sol national multimillénaire, qu'il soit concerné directement ou non, et à s'estimer très heureux chaque fois que des autorisations sont attribuées par le pouvoir central concernant le non étouffement total de toute dynamique d'accroissement naturel. N'oublions pas que les implantations les plus jeunes ont été fondées voici près d'une trentaine d'années, dont le Goush Talmonim lancé sous le mandat d'Isaac Shamir (qui s'en souvient?).

Seulement, il existe une certaine mouvance en Israël qui projette une ombre au tableau idéal de l'homme qui sauve la face du pays. Elle est connue sous le nom de «jeunes des collines». Comme cette appellation semble l'indiquer, il s'agit d'une population jeune, idéaliste, qui refuse de se cantonner dans la position résignée de ses ancêtres directes, s'obligeant à un contentement béat dès que quelques miettes leur sont jetées.

Que fait donc cette jeune génération? Elle donne un coup de jeune – comme son nom l'indique – au courage oublié de ce que l'on appela il fut un temps le «Goush Emounim», nom générique qui s'imposa au vaste engouement qui devait faire revivre des cités oubliées depuis des dizaines de siècles comme Bethel, Samarie et Hébron, ou depuis moins de vingt ans comme le célèbre Kfat Etsion, dont les derniers défenseurs avaient été massacrés par les assaillants arabes pendant la guerre de 1948. De leurs faibles moyens mais de leur forte conviction, ils partent à l'assaut de contrées désertiques et se lancent économiquement dans l'élevage d'ovins ou la plantation d'oliveraies.

Or, quoi de plus scandaleux que de voir des petits baraquements construits avec les moyens du bord détruits brutalement par des forces spéciales, ou spécialement affrétées, quand à quelques encablures seulement, de riches arabes (dont une partie de la richesse peut provenir de l'Occident qui laisse ses propres pauvres dépérir sans un toit pour les protéger du froid), construisent des palais. Aussitôt, le citoyen honnête et moyen se dit : «C'est ça, le soutien de Netanyahou aux implantations juives?»

Quand on déverrouille pour des tueurs les portes des prisons

Une autre affaire est loin d'être reluisante pour le présent Premier ministre : la porte pivotante des prisons. Alors que Netanyahou dénonce à juste titre les appels aux meurtres de Juifs par Mahmoud Abbas, en rappelant ses discours, les récompenses et distinctions attribuées à des tueurs, l'inauguration de rues et de squares aux noms d'assassins antijuifs, il a procédé personnellement à trois lâchers consécutifs des pires assassins simplement pour que l'organisation terroriste du Fatah, jamais inquiétée, daigne accepter de s'asseoir à la table des négociations dirigées côté israélien par Tzippi Livni, qui, soit dit en passant, avait favorablement attiré l'attention de la dictature saoudienne, lorsqu'elle fut elle-même candidate.

On peut certes se demander comment, dans un système où le pouvoir exécutif se dit obligé et contraint de rendre effectives les décisions de la Cour suprême à l'endroit de constructions juives tout juste bonnes à être anéanties, ce même pouvoir exécutif peut se placer au-dessus du pouvoir judiciaire et par simple signature du président, des assassins cumulant de nombreuses peines à perpétuité peuvent se retrouver dehors du jour au lendemain. Il est vrai que dans des transactions comme celle qui devait rendre la liberté à Shalit, le président a dû, à force de signer, achever sa tâche la main ankylosée. Nous n'apporterons pas de jugement sur la décision de Netanyahou d'avoir lâché 1027 tueurs confirmés pour récupérer notre soldat. Nous pourrons toutefois constater, entre la période où Israël ne s'était pas encore lié les mains avec les accords d'Oslo et l'imposition d'une présence encore aujourd'hui ininterrompue d'une entité résolument terroriste au cœur du pays, que si des dizaines d'otages étaient libérés par le bras long de Tsahal jusqu'en Ouganda, il faut reconnaître qu'aujourd'hui ça ne semble plus possible, pas même pour un seul otage et pour une distance parcourable à pied en moins d'une heure.

Que font les journalistes? Existent-ils ?

On pourra par contre s'interroger sur la carence, voire la profonde incompétence de la classe journalistique dans les séries d'attentats qui se sont d'une certaine manière intensifiées ces derniers temps. Personne ne fait le lien entre les lâchers de tueurs et la recrudescence des attaques physiques et des assassinats dont les Juifs font les frais comme dans les périodes les plus sombres de l'exil. Il est vrai que le site Ynet titrait, le 20 juillet 15, que six Israéliens innocents avaient été assassinés par des criminels relâchés lors de la transaction susmentionnée, mais aucun débat public de ce nom ne fait ou n'a fait la une à aucun moment concernant ce lien entre le non respect des peines pénales légales et la recrudescence des attentats.

Ajouter à l'insécurité ambiante l'image d'un dirigeant qui ne revendique pas sur le terrain les droits de son peuple, pourrait à la longue mettre le Premier ministre en mauvaise posture auprès de son électorat. Le public peut mettre en veilleuse la triste affaire de Mévasséreth Adoumim, qui avait mis à bout une bonne partie des ministres de sa coalition. Ceux-ci étaient allés jusqu'à la signature d'une pétition, remise par Benny Cachriel, maire de Ma'alé Adoumim. La mémoire émotionnelle est courte, et ce sursaut, qui remonte au 19 mai 14, n'a jamais obtenu de suites sur le terrain. Mévassereth Adoumim ne devrait pourtant pas être un nouveau point d'implantation juive, mais un quartier de la ville de Ma'alé Adoumim, qui la rapprocherait de Jérusalem.

Par contre, les intrusions musclées de forces de police dans des points qui ne sont visibles pourtant qu'à la loupe sur la carte, quand les personnes visées sont souvent loin de répondre à tout critère qui définirait un public violent, soulèvent de vives critiques aussi bien auprès de l'opinion que de la coalition.

Des jeunes souvent mineurs, aux épaules généralement encore tombantes, sont alors désignés comme l'«ennemi public numéro 1», à tel point que l'un des messages qui circulent sur les réseaux sociaux pour résumer l'actualité avance que ce qui fait peur en Israël à Daesh, ce sont les jeunes des collines. Si le sujet n'avait pas été aussi préoccupant sur le plan de la dignité humaine, on aurait pu en rire. Ces jeunes font malheureusement l'unanimité du rouleau compresseur. L'extrême gauche ne les aime pas, puisqu'ils revendiquent le droit d'Israël sur son sol ; le chef de la coalition non plus.

Le foyer du débat est décalé

Et pourtant, ce travail de propagande fonctionne. Le foyer du débat est décalé. La question ne se pose plus sur l'approbation du bienfondé du mouvement (si mouvement il y a) des jeunes des collines, ou sa désapprobation. Il suffit de parcourir les blogs et la presse écrite de personnes qui soutiennent inconditionnellement le droit des Juifs à vivre partout en terre d'Israël, pour comprendre que leurs motivations sont condamnables à l'unanimité. Dès lors, le débat se concentrera sur les éventuelles circonstances atténuantes ou exténuantes à leur endroit. Et alors, non seulement il ne se trouvera plus personne pour exiger que les localités dites des jeunes des collines, en fait toute localité qui tente de se créer sous le régime Netanyahou, soient reconnues par le pouvoir, mais on fera tout pour ne pas être stigmatisé par ce vaste amalgame calculé et être jeté pêle-mêle dans le même sac que ce public désigné coupable avant que n'ait commencé le moindre procès, et à plus forte raison après.

Un lancer de scoop imprudent

Des révélations présentées comme nouvelles ont fait bondir dans un haro bruyant déjà une certaine presse, qui s'en servira (les réactions sur les blogs le confirmeront) pour attiser la haine contre les jeunes des collines, contre les «vieux» des collines, et par extension contre Israël puis contre tout Juif où qu'il soit.

Reprenons le titre fracassant du média i24, dont les publicités immenses recouvraient pourtant les six étages de l'autorité de l'impôt à l'entrée de la capitale, et qui prétendait défendre Israël lors de la troisième guerre de Gaza contre les attaques des missiles de la propagande mondiale : «Incendie de Douma, 5 Juifs inculpés pour actes de terrorisme». Peu auront noté que «actes» est au pluriel, là où il n'y en a qu'un. Mais quelques lignes plus bas, le ballon perd de l'altitude : «… 2 des suspects sont inculpés pour l'incendie de Douma». Voila que de 5, on passe déjà à 2. Mais le média ne rate pas l'occasion de rafler large et de mettre dans le même sac l'implantation juive plus classique : «trois des suspects sont des fils de rabbins influents dans les implantations».

En quête d'informations plus professionnelles, je me suis tourné vers A7. Or, chez A7, il est question d'un certain Amiram Ben Ouliel. Ses parents, outrés, espèrent que le tribunal fera toute la lumière sur les mauvais traitements subis par leur fils. Ce qui veut dire que même pour les suspects les plus «solides», il est loin d'être question de rabbins influents (désolé pour cette respectable famille). Mais on peut sans trop se risquer supposer que le «scoop» a déjà été repris pour argent comptant, et qu'un peu partout, le téléphone arabe aidant, cinq Juifs ont brûlé ladite famille de Douma.

Toujours sur A7, figure une interview de l'épouse du principal inculpé. Objectivement, on peut ne pas se laisser convaincre lorsqu'elle parle de tortures et de sévices infligés plusieurs semaines durant, ou d'aveux consentis pour faire cesser ces tortures. Mais lorsqu'elle dit : «la même nuit il était à la maison», ne parle-t-on pas en droit pénal d'un alibi?

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